Les MARDIS de l'ATUGE réunissait ce mardi 15 décembre, toujours à l'hôtel Concorde Les Berges du Lac, partenaire de cette manifestation mensuelle, une quarantaine de participants autour de Mongia Khemiri, directrice générale de la FIPA et de Mohamed Ben Abdallah, directeur général de l'API. Le thème de l'image de l'industrie tunisienne à l'étranger a donné lieu à un débat entre les intervenants et l'ensemble de la salle, membres de l'Atuge, représentants d'entreprises tunisiennes, de cabinets de consulting... Malgré des chiffres encourageants comme l'a souligné Mohamed Ben Abdallah (la Tunisie est passée de 200 entreprises étrangères implantées en Tunisie à la fin des années 80 à plus de 2000 aujourd'hui) et malgré des tentatives de diversification pour ne pas cloisonner l'apport du partenaire tunisien à une simple sous-traitance, le site Tunisie reste fragile. Serait-il hanté par les choix des années 70 ? A ce titre, l'exemple de l'industrie textile qui, bien que montrant des signes forts de résistance, n'a pas su passer à un palier supérieur, a souvent été repris au cours du déjeuner‐débat. La communication seule ne saurait impulser plus que le pays ne peut donner. Plusieurs fois, les slogans détournés sont revenus pour poser d'autres questions telles que celle de la nécessité de passer de « Tunisie, terre d'accueil des investissements » à « Tunisie terre d'investissements », ou encore, pour éviter les écueils soulignés plus haut, passer de la « Tunisie, terre d'accueil de la valeur ajoutée » à « Tunisie, terre de création de la valeur ajoutée ». Et pourquoi ne pas faire appel à des professionnels pour vendre ? Pourquoi ne pas offrir un hébergement des centres de Recherches & Développement : créateurs d'emplois pour les jeunes diplômés qui auraient l'avantage de permettre aux compétences tunisiennes de participer à l'innovation, toutes choses qui mettraient notre pays au cœur du développement ? Si tout le monde s'accorde pour reconnaître les progrès réalisés en quelques années, la bureaucratie excessive, le manque de moyens alloués, des codes parfois obsolètes et des périmètres d'intervention des organismes publics parfois redondants, font que les investisseurs étrangers restent frileux et que les entrepreneurs tunisiens se sentent bridés. Mongia Khemiri a relevé à ce titre la limitation du périmètre d'intervention de la FIPA, les secteurs réglementés tels que l'environnement et les services de santé, pourtant attractifs pour des investisseurs étrangers, n'entrant pas formellement dans son champ d'intervention. Il faudra encore un peu de temps pour préciser les contours de l'image, un travail en coopération des trois agences ( FIPA, API, CEPEX) est évidemment nécessaire et ce sera le cas sur l'agence de la FIPA à Tokyo qui ouvre en janvier prochain et qui mutualisera ses moyens avec ses partenaires. Pour lui donner des couleurs, une refonte des codes (en particulier celui qui régit le commerce et l'accueil des étrangers) est vitale, des encouragements forts qui permettront de donner un environnement fiable et incontournable à cette terre encore "si proche et si lointaine" comme le scandait un autre slogan touristique, vantant le dépaysement de proximité... Pourquoi pas, alors, "Tunisie, la terre du milieu" pour relever les défis de l'Empire du Milieu?