La révolte contre les régimes de Hosni Moubarak, Kadhafi et bientôt, probablement, contre le régime de Bouteflika fait craindre aux marchés financiers une flambée du prix du pétrole et des matières premières. Les autorités égyptiennes n'ont pas arrêtées, pendant et après la révolution égyptienne, d'assurer que le trafic sur le canal de Suez n'était pas affecté. Les troubles en Egypte pendant la révolte contre Moubarak et après le départ de celui-ci inquiètent sérieusement les marchés. La Bourse de Tokyo a terminé la séance de mardi 22 février 2011 en net recul de 1,78%, à cause de la brusque montée des cours du brut provoquée par les tensions au Moyen-Orient. L'indice CAC 40 a reculé de 1,15% à 4050,27 points, pénalisé pour la deuxième séance consécutive par l'insurrection en Libye et dans le monde arabe, et les craintes d'un approvisionnement difficile en pétrole. Les valeurs bancaires notamment, ont souffert. La bonne santé du marché financier new-yorkais n'avait été affectée ni par la crise de la zone euro, ni par les bisbilles commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Alors pourquoi le monde arabe ? C'est le grand retour du spectre de la flambée de l'or noir. Les courtiers expliquaient cette hausse par la montée des violences en Libye et au Bahreïn, qui menacent de déstabiliser les producteurs de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des régions stratégiques pour l'approvisionnement mondial en or noir. Le cours du baril de brut à Londres frôle la barre symbolique des 100 dollars, un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis octobre 2008. Pourtant, l'Egypte n'est que le 30e producteur mondial de pétrole. Mais le canal de Suez joue un rôle régional important dans le transport. « Un cargo sur six transporte du pétrole ». Tous les jours, près de 2 millions de barils de brut transitent par ce canal. Certes, cela ne représente que 2 % de la production mondiale, mais les prix sont calculés en fonction de l'offre en plus ou en moins par rapport à la situation antérieure. En outre, le pétrole qui passe par le canal de Suez est principalement destiné à l'Europe et aux Etats-Unis. Les autorités égyptiennes se sont voulues rassurantes. Elles ont affirmé que le trafic n'était pour l'heure absolument pas affecté par la situation. Le risque de contagion à des pays de la région autrement plus importants sur le marché du pétrole, comme l'Arabie saoudite ou l'Iran, donne également des sueurs froides aux analystes financiers. En effet, afin d'éviter des troubles sociaux, ces pays pourraient être tentés d'augmenter leurs dépenses sociales et ensuite essayer de les répercuter sur les prix du pétrole, craignent les spécialistes. Il ne faut pas non plus oublier des pays d'Afrique du Nord comme l'Algérie dans l'équation. Si le régime d'Abdelaziz Bouteflika était également ébranlé, la flambée des prix pourrait s'accélérer. L'Algérie produit davantage de pétrole que l'Egypte et, surtout, elle est membre de l'OPEP et donc un acteur stratégique dans ce secteur. Il n'y a pas que le pétrole qui inquiète. L'Egypte est également le premier importateur mondial de blé. Certains craignent que pour faire des réserves, les régimes arabes menacés augmentent encore leurs demandes. Actuellement, les marchés de matières premières sont tellement tendus que le moindre changement fera augmenter les prix. Une situation d'autant plus inquiétante que le spectre des émeutes de la faim de 2008 est de plus en plus présente dans ces circonstances.