Le rétablissement de la sécurité, la situation économique, les prochaines élections, le dernier remaniement ministériel, l'impact des événements survenus en Libye, le développement politique avec le foisonnement des partis et les écarts idéologiques. Tels sont les thèmes développés par Béji Caïd Essebsi lors du débat qu'il a accordé exclusivement aux trois télévisions de la place, mercredi 30 mars 2011. Le Premier ministre par intérim a été à la fois rassurant s'agissant des perspectives économiques. Il s'est montré ferme et déterminé quant à la réaction du gouvernement face au désordre et aux dépassements de toutes natures. Il a fait preuve de vigilance pour ce qui est des parties qui ont l'intention d'entraver les actions débouchant sur les élections et confortant le processus démocratiques. « La priorité absolue dans la Tunisie postrévolutionnaire est le rétablissement de la sécurité. L'insécurité ne peut que se répercuter négativement sur l'investissement, l'économie et le tourisme. L'amélioration enregistrée au niveau sécuritaire demeure toujours insuffisante », a déclaré le Premier ministre du gouvernement provisoire. M. Caïd Essebsi, a fait observer que la rigueur doit être de mise durant la phase actuelle, indiquant que les protestations, les sit-in et les grèves ne sont plus tolérables et ne doivent pas continuer, même si elles s'appuient sur des revendications légitimes. Cette donne conjoncturelle doit changer et des mesures fermes seront prises pour y faire face, a-t-il soutenu, ajoutant que le désordre est refusé et que le gouvernement provisoire se penchera sur ces questions avec autant d'aptitude et de clairvoyance. A propos de la polémique que suscite la composition de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, M. Caïd Essebsi a déclaré que l'élargissement de cette composition est « un fait indéniable », dés lors qu'il permettra d'aller de l'avant sur la bonne voie. Toutefois, il sera considéré comme étant inadmissible au moment où le dessein de ceux qui le revendique consiste à entraver ce projet, soulignant que cette instance est indépendante et qu'il n'est jamais intervenu dans ses travaux et qu'il n'entend pas le faire. S'agissant de la date du déroulement des élections de la Constituante, le Premier ministre intérimaire a souligné que la décision prise à cet effet est irréversible. La date d'organisation de ces élections est raisonnable et l'adoption du code électoral est une opération qui ne nécessite pas une longue durée, dans la mesure où le projet de ce code est en cours d'élaboration. Il a fait observer que l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique n'a réellement entamé ses travaux que récemment. M Caïd Essebsi a indiqué que toute personne qui tente d'entraver le bon déroulement des travaux de l'instance assumera sa pleine et entière responsabilité. Il a appelé toutes les parties à agir avec responsabilité et civisme en cette conjoncture, afin que la révolution parvienne à réaliser la transition démocratique escomptée sans pour autant être en butte au désordre et à l'échec. Interrogé sur les motifs de la nomination d'un nouveau ministre à la tête du ministère de l'intérieur, M. Caïd Essebsi a affirmé que M. Rajhi n'a pas été limogé. Il s'agit, a-t-il dit, d'un remaniement ministériel et cette mesure relève de sa compétence en tant que Premier ministre. Il a, cet égard, indique que nulle reproche ne peut être adressée à M. Rajhi qui, a-t-il dit, a accompli son devoir dans une période délicate et sensible. Au sujet de la dérive sécuritaire survenue dans le pays juste après le déclenchement de la Révolution, le Premier ministre a relevé qu'il s'agit là d'une conséquence logique, dès lors que le peuple était, des années durant, sous le joug du despotisme et de la dictature. D'autres dérives face auxquelles M. Caïd Essebsi prendra les mesures qui s'imposent ont trait aux écarts idéologiques. Il a mis l'accent sur l'impérieuse nécessité de rétablir l'ordre et de faire en sorte que les conditions sécuritaires, économiques et sociales retournent à la normale. Le Premier ministre du gouvernement provisoire a réaffirmé son engagement personnel, ainsi que celui du reste des membres du gouvernement, de ne pas se porter candidat aux prochaines élections. « Nous avons accepté cette mission en réponse à l'appel du devoir et de la conscience en cette étape conjoncturelle », a-t-il affirmé. M. BEDDA