• Remaniement partiel du gouvernement • «Gérer les affaires courantes… et sauver le pays» Le Premier ministre a expliqué aux journalistes que, tenant compte de l'intérêt général et de l'impératif d'une relance immédiate de l'action du gouvernement, l'équipe a été, pour l'essentiel, reconduite. Les cinq ministres et deux secrétaires d'Etat démissionnaires ont tout simplement été remplacés. L'efficacité a primé : des personnalités au fait des dossiers s'imposaient, de sorte que les secrétaires d'Etat ont pris la place des ministres partants et des hauts cadres celle des secrétaires d'Etat. Surtout que ce gouvernement ne va pas durer, cinq mois tout au plus. Sa mission prendra fin avec l'élection et l'entrée en fonction de l'Assemblée nationale constituante. Rappelant qu'il s'agit d'un gouvernement de gestion des affaires courantes, M. Béji Caïd Essebsi a indiqué que ceux des ministres qui ont quitté, ils l'ont fait conformément à un accord. Même si cela a pris la forme de démissions individuelles. Il a expliqué que ce gouvernement s'est déjà mis au travail, mais qu'il ne prétend pas tout chambouler en 4 ou 5 mois. «Notre but est de laisser la Tunisie en meilleur état que nous l'avons trouvée», a-t-il lancé, avant de souligner que déjà, la confiance et la sécurité se sont améliorées. Le Premier ministre a ensuite abordé les concepts d'Etat, de régime et de gouvernement pour préciser que si l'ancien régime est déchu, le nouveau régime ne sera établi qu'avec la Constituante que va élire le peuple le 24 juillet. Ce alors qu'il s'agit d'assurer la continuité de l'Etat, qui ne change pas lorsqu'on change un ministre ou même un gouvernement. Et d'appeler les médias à jouer leur rôle pédagogique dans cette phase délicate de transformations en profondeur. «Car ce gouvernement n'est pas seulement un gouvernement de gestion des affaires courantes, puisqu'il s'agit de sauver le pays», a-t-il souligné. Au sujet de la question d'un journaliste sur l'éventualité d'un rétablissement du ministère de l'Information, M. Caïd Essebsi répond : «Nous voulons une information libre. Or, dès que l'on nomme quelqu'un pour organiser cela, il se croit obligé de diriger les médias». Une journaliste a évoqué les refus essuyés par des Tunisiens ayant une double nationalité, qui se proposaient de fonder des partis politiques, ce alors que, selon elle, deux ministres du gouvernement actuel sont binationaux. La réponse du Premier ministre a été qu'il n'était pas sûr des clauses de la loi sur les partis à ce sujet et que des recours existent. S'agissant de l'absence de personnalités politiques partisanes au sein du gouvernement, M. Caïd Essebsi explique que cela procède d'un engagement solennel de la part des membres du gouvernement de ne pas se porter candidats aux prochaines élections afin d'assurer à ce scrutin le maximum de crédibilité. «Car je ne suis pas du tout contre les ministres politiques, au contraire», dira-t-il. A une question à propos des faiblesses constatées au niveau de la sécurité, le Premier ministre a répondu que «la sécurité est essentielle». Ajoutant : «Pas de programme politique à appliquer sans sécurité. Sans elle, ni développement ni réforme politique !», Rappelant qu'à un certain moment, nous sommes passés par un climat où la personne n'était plus sûre de son propre salut, M. Caïd Essebsi a affirmé : «La situation s'est améliorée». Une question au sujet de la Libye a amené M. Béji Caïd Essebsi à revenir sur l'historique de nos relations avec ce pays frère, qu'il a décrétées comme excellentes et très anciennes. Il est remonté au conflit avec l'Italie pour rappeler que les deux pays ont toujours été un recours l'un pour l'autre. «Cette relation sera rétablie à son meilleur niveau, mais nous n'intervenons pas dans les affaires des pays voisins», a-t-il conclu. Au sujet des agressions et troubles perpétrés un peu partout et de ceux qui seraient derrière, le Premier ministre a lancé : «Il faut que je le sache moi-même pour pouvoir vous répondre». Il a promis toute la transparence dès que les éléments recueillis seront plus explicites. A une journaliste qui se demandait si la suppression de la garde universitaire, décidée par le gouvernement de M. Mohamed Ghannouchi, sera avalisée par le nouveau cabinet, M. Béji Caïd Essebsi a glissé cette réponse : «Le gouvernement qui m'a précédé a fait beaucoup de choses», avant de confirmer cette suppression. Le Premier ministre a saisi l'occasion d'une question posée par le journaliste d'Al Jazira à propos d'une éventuelle «suppression de la police politique» pour saluer en cette chaîne satellitaire la première victoire des Arabes sur Israël, celle dans le domaine de l'information. Il expliquera que c'est le ministre de l'Intérieur qui communiquera à propos du destin de ladite police politique. Ajoutant sur le sujet des procès de responsables de la sécurité, que les agents ayant commis des crimes ou des infractions seront poursuivis un à un conformément à la loi. Il a tenu à faire remarquer qu'il voue, pour de très nombreux cadres et agents de ce département, beaucoup de respect. S'agissant de la loi électorale, le Premier ministre a indiqué qu'elle était du ressort de l'instance qui s'en charge et que toute la transparence sera de rigueur lors des élections. Répondant à un journaliste qui a fait remarquer la position privilégiée de l'Ugtt vis-à-vis des décisions gouvernementales, M. Caïd Essebsi a précisé qu'il s'agit d'une organisation nationale de première importance qui a participé à la libération nationale et à la construction de l'Etat moderne, et que de ce fait son aide et son appui sont souhaitables. «J'ai consulté beaucoup de monde, dont l'Ugtt», a-t-il dit, avant d'ajouter : «Tant que je serai là, c'est moi qui dirigerai le gouvernement, avec le président». Un journaliste s'est demandé s'il n'y avait pas des mesures urgentes pour garantir l'indépendance de la justice. Ce à quoi M. Caïd Essebsi a répondu en insistant sur le fait que la justice est maintenant indépendante. «Maintenant, tout ce qui peut consolider cette indépendance sera fait», dira-t-il. Pour ce qui est des ambassades restées sans titulaire, le Premier ministre a expliqué que les nominations ont été faites mais que les délais normaux et les formalités prennent un peu de temps. Car il faut établir une correspondance avec chaque pays concerné. A propos du sit-in de La Kasbah, M. Béji Caïd Essebsi a indiqué que le fait que les manifestants ne sont plus là «est la preuve qu'ils me font confiance». Pour lui, les dossiers urgents sont ceux auxquels s'attachent les Tunisiens. Et d'abord la sécurité. «La sécurité c'est la quiétude et la tranquillité. Et c'est ce qui permettra d'assurer la stabilité». Et M. Béji Caïd Essebsi de se réjouir : «Déjà tout le monde se dit qu'il va pouvoir dormir tranquillement». Ce gouvernement, c'est donc à la fois la continuité, l'efficacité et la confiance. «Il s'agit de gens de qualité», lancera le Premier ministre. Et ce gouvernement aura terminé sa mission le 24 juillet lorsque la Constituante sera élue, ou deux ou trois jours après, dès qu'elle sera opérationnelle. A ce moment là, l'Assemblée nationale constituante sera souveraine. Elle se choisira un président et prendra, au nom du peuple, les décisions qu'elle jugera utiles. Composition du nouveau gouvernement Sur proposition du Premier ministre, le président de la République par intérim a nommé les nouveaux membres du gouvernement provisoire : – M. Lazhar Karoui Chebbi, ministre de la Justice – M. Abdelkrim Zbidi, ministre de la Défense nationale – M. Farhat Rajhi, ministre de l'Intérieur – M. Mouldi Kéfi, ministre des Affaires étrangères – M. Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales – M. M. Jalloul Ayed, ministre des Finances – M. Laroussi Mizouri, ministre des Affaires religieuses – M. Taïeb Baccouche, ministre de l'Education – M. Ezzeddine Bach Chaouch, ministre de la Culture – M. Rifaât Chaâbouni, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique – Mme Habiba Zahi Ben Romdhane, ministre de la Santé publique – M. Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme – M. Mokhtar Jallali, ministre de l'Agriculture et de l'Environnement – Mme Lilia Laâbidi, ministre des Affaires de la femme – M. Yassine Brahim, ministre du Transport et de l'Equipement – M. Saïd Aydi, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle – M. Mohamed Aloulou, ministre de la Jeunesse et des Sports – M. Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale – M. Abdellaziz Rassaâ, ministre de l'Industrie et de la Technologie – M. Ahmed Adhoum, ministre des Domaines de l'Etat – M. Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional – M. Rafaâ Ben Achour, ministre délégué auprès du Premier ministre – M. Radhouane Nouisser, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères – M. Nejib Karafi, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Développement régional – M. Lamine Moulahi, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé publique – M. Slim Chaker, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et du Tourisme chargé du Tourisme – M. Salem Hamdi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, chargé de l'Environnement – M. Ridha Belhaj, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre – M. Slim Amamou, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports – M. Adel Gaâloul, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie et de la Technologie, chargé de la Technologie – M. Hassen Annabi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education.