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Des victoires à la Pyrrhus
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 06 - 2015


Par Souad SAYED
Inlassablement, je reprendrai ma plume jusqu'à l'épuisement, s'il le faut pour dénoncer l'absurde. Suis-je encore audible dans cette ambiance de débandade, l'ai-je jamais été ? Peu importe, la vie m'a appris qu'il faut marteler les idées et que les bonnes nouvelles arrivent lorsqu'on s'y attend le moins. Je me battrai donc jusqu'à mon dernier souffle.
Le Tunisien a deux valeurs essentielles qu'il place au-dessus de tout, l'éducation et la santé. Il est convaincu que ce sont les seules vraies richesses dans la vie sur terre. Il est prêt à tout sacrifier pour éduquer ses enfants et maintenir sa santé à la leur. Le Tunisien a la ferme conviction que l'éducation est le seul ascenseur social respectable. Qu'est-il advenu de ces (ses) valeurs aujourd'hui?
Enseigner et soigner sont deux missions essentielles que la société confie généralement à une élite morale. Enseigner et soigner exigent un état d'esprit particulier, une abnégation et un amour du sacrifice. Depuis la nuit des temps, enseigner et soigner n'offrent pas à ceux qui les choisissent la fortune mais la reconnaissance et une confiance aveugle de la communauté. C'est un véritable sacerdoce, ne l'acceptent que les plus vertueux. Aucun doute n'est permis sur ces personnes à qui l'on confie ce que nous avons de plus cher. Imaginez-vous un seul instant confiant vos enfants ou votre corps à une femme ou un homme malhonnête ou incompétent ? Oui, chères lectrices et chers lecteurs, je sais ce que vous pensez en lisant ces lignes, je suis une naïve, une dangereuse rêveuse ! D'accord, mais qui donc osera dire que le roi est nu ? Parlons crûment.
Les heures supplémentaires, les notes gonflées, les trafics d'influence, le travail au noir, les enveloppes sous la table, les détournements de malades, de matériel, de médicaments, les voyages payés par l'industrie pharmaceutique, les prescriptions de complaisance, jamais de la vie, cela ne se passe pas chez nous. Pure calomnie. Tout au plus, pouvons-nous admettre qu'il y a quelques brebis égarées et nous avons toujours été vigilants, nous les avons sanctionnées quand la preuve a été établie.
Evidemment, les organisations professionnelles et les syndicats sont les premiers à veiller à ce que personne ne porte atteinte aux nobles valeurs professionnelles de l'enseignant et du soignant.
Bon, les 700 millions de dinars en cours particuliers, ce n'est qu'un chiffre avancé par des esprits malintentionnés, ou encore 35% du budget alloué aux médicaments des hôpitaux est consommé par le personnel soignant, de pures inventions.
Plus sérieusement, les dernières grèves sont pleines de dangers, elles touchent l'enseignement et la santé. Tout un symbole.
Les revendications sont purement matérielles, n'en déplaise aux leaders syndicaux, et personne ne s'y trompe, c'est pour la forme qu'ils inscrivent le couplet de rigueur sur la qualité de l'enseignement, le secteur public et la justice sociale. Pures balivernes.
Des années durant, les métiers à vocation ont été marginalisés, sous-payés, ignorés par l'Etat. Alors comme sous d'autres cieux, les enseignants et les soignants se sont servis là où il y avait de l'argent, sur le budget de chaque famille. Les bénéficiaires potentiels sont devenus des victimes expiatoires désignées par le sort, une clientèle captive de ceux qui étaient censés les aider. Ce faisant, ils ont détruit la confiance des citoyens dans ce que la société a de plus cher. Ils sont impardonnables, ils ont détruit notre modèle de société.
L'Etat devait avoir comme priorités l'enseignement et la santé, il n'y a vu qu'une source de revenus et non un investissement au long terme.
La dictature n'a pas réalisé que c'était le meilleur investissement qu'elle pouvait faire. Etait-elle capable de penser à l'intérêt du pays, toute occupée qu'elle était à le piller ? Vingt-trois ans durant, Ben Ali et ses sbires ont laissé les écoles se dégrader, les hôpitaux tomber en ruine, les enseignants et les soignants dans une misère inqualifiable. Tout en proclamant le contraire, la dictature a détruit le système public et a laissé des vautours exploiter les besoins légitimes de la classe moyenne en éducation et en santé.
Derrière de belles vitrines, on a vendu de faux rêves à une petite bourgeoisie qui aspirait à une vie meilleure. Voiture populaire, ordinateur populaire, 70% des Tunisiens propriétaires de leur habitat, de qui se moquait-on?
Nous nous sommes mis en quatre, nous nous sommes appauvris, nous avons vendu nos bijoux, certains ont même cédé à la corruption, pour payer l'école privée, les cours particuliers, les soins, la clinique privée... Le résultat final n'est pas brillant. L'ascenseur était immobile. La société était en panne de rêves. Des familles entières de diplômés du supérieur, selon la phraséologie usitée, sont au chômage. Des diplômes dévalorisés ne donnent pas accès à une vie professionnelle épanouie. La confiance dans les blouses blanches et le système de santé est à juste titre remise en question par les Tunisiens. Les dégâts sont colossaux. Nos jeunes ne pensent qu'à quitter le pays.
Aujourd'hui, nous sommes dans un cercle vicieux, dans l'œil du cyclone. Chacun essaye de trouver les ressources nécessaires pour payer ce qui devrait être dans toute démocratie un droit sacré, garanti par l'Etat, l'éducation et la santé.
Nos amis syndicalistes doivent comprendre que les grèves ne règleront aucun problème, elles ne font qu'aggraver la situation. Là où le dialogue et la concertation devraient être la règle, les syndicats ont instauré la loi de la jungle, la loi du plus fort, l'invective et l'injure. Des victoires à la Pyrrhus, voilà tout ce qu'obtiendront ceux qui s'imaginent défendre des opprimés. La cause est souvent juste, mais le moment est très mal choisi et la méthode totalement inadaptée. Grisés par le succès du dialogue national, vous n'avez plus été au rendez-vous de l'Histoire, c'est évident. Les Tunisiens ne vous le pardonneront pas. Pensez-y Messieurs, vous êtes en train de commettre des erreurs historiques, impardonnables, ne vous laissez pas griser par l'action, regardez plus loin que vos intérêts restreints. Le spectacle de désolation que vous offrez en ce moment à nos concitoyens ne peut plus durer.
Je vous en conjure, Mesdames et Messieurs les dirigeants de tous bords, prenez vos responsabilités, soyez courageux, les rares acquis difficilement atteints par le pays et que le monde entier nous reconnaît sont en grave danger.


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