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Festival du cinéma Méditérranéen Manarat – Rencontre avec Jak Salom, directeur de la Cinémathèque d'Istanbul : «La cinémathèque d'Istanbul est un gage de qualité des images»
Membre actif de l'Association de la cinémathèque turque entre 1965 et 1972, Jak Salom a par la suite, entre 1972 et 1977, été l'assistant d'Henri Langlois à la Cinémathèque française de Paris. Il est actuellement en attente de l'ouverture de la Maison de cinéma d'Istanbul qu'il dirige déjà. Rencontre avec un passionné du cinéma venu en Tunisie à l'occasion du Festival Manarat, qui abrite également une rencontre entre plusieurs directeurs de cinémathèques de la Méditerranée. Qu'est-ce qui distingue à votre avis la cinémathèque d'Istanbul des autres cinémathèques de la Méditerranée ? Il n'y a rien qui distingue notre cinémathèque des autres si ce n'est que la nôtre est devenue à Istanbul tel le nom d'une marque prestigieuse, qui possède un public d'inconditionnels. La cinémathèque du District d'Istanbul est apparentée à quelque chose d'important, de fiable et permet à partir des images de réfléchir sur ce que devrait être le cinéma. C'est un gage de qualité et une autre conception du cinéma, bien différente des productions qu'on appelle mainstream, une manière de faire qui raconte des histoires différemment et demande aux spectateurs de s'amuser, bien sûr, mais aussi de réfléchir et de discuter avec les autres sur ce qui est montré à l'écran. Quand j'écoute mes collègues des autres cinémathèques dire qu'il faut faire revenir le public, cela veut dire que les gens ont déserté les cinémathèques. Or le nôtre n'est pas parti et sa demande est de plus en plus croissante. A la suite de votre visite à la Cinémathèque de Tunis, pouvez-vous déjà envisager des pistes de collaboration et d'échange bilatéral ? Bien sûr ! Lors de notre activité de cet été, à savoir une semaine de cinéma en plein air, sous les étoiles avec la programmation de sept films, nous avons décidé de projeter le film de Selma Baccar, «El Jaida». Mme Baccar sera invitée à venir à Istanbul et nous fera l'honneur de présenter son long métrage. La raison pour laquelle nous avons sélectionné ce film : nous pensons sans être des spécialistes de la Tunisie que la Révolution avec ses spécificités et son contexte particuliers ont eu un impact très fort sur la situation et le rôle des femmes dans la société. Ainsi que sur ce que les réalisatrices femmes racontent aujourd'hui comme histoires sur la Tunisie. On souhaite également mettre en relation Salma Baccar avec ses collègues réalisatrices turques, qui essayent d'avancer dans la même direction, c'est-à-dire en faveur des droits de leurs concitoyennes. Car il ne faut pas rêver, si vous me demandiez quel est parmi les deux pays celui où la situation de la femme est meilleure, je vous dirais dans aucun des deux. Il y a encore énormément de chemin à parcourir à ce sujet. A la rentrée, nous comptons organiser une semaine du cinéma tunisien avec des films exclusivement réalisés par des femmes. D'autres projets viendront par la suite… Quels rôles peuvent jouer les cinémathèques pour rapprocher les populations des deux rives de la Méditerranée ? Il est tout à fait évident, je le crois très profondément, que le cinéma à travers les cinémathèques est à l'avant-garde du rapprochement des gens qui sont plus ou moins cultivés, mais pas seulement. Il faut que nous puissions servir de catalyseurs pour toutes sortes de publics !