Yasser Gourari, président de la Commission de la législation générale à l'Assemblée des représentants du peuple, a souligné mercredi 3 décembre 2025 l'importance d'une coopération intégrée entre le Parlement et le Gouvernement pour atteindre les objectifs nationaux au profit des Tunisiens. Dans une déclaration à l'émission Espresso, Gourari a insisté sur le fait que le projet de loi de finances aurait dû être discuté de manière collaborative depuis le début de l'année, en incluant des articles consensuels favorisant l'économie et la société, tandis que le Gouvernement cherchait les sources de financement nécessaires. Crise budgétaire : excès d'articles et manque de mesures sociales Gourari a expliqué que le Gouvernement, en finalisant la loi de finances tout en insistant sur le maintien des équilibres financiers, a contribué à créer un problème, le budget étant désormais alourdi par de nombreux articles ayant des implications financières. Il a souligné que la loi de finances ne comprenait pas suffisamment de mesures sociales, et a noté une forte tendance aux exonérations, insistant sur la nécessité d'un consensus autour de mesures profitant au plus grand nombre de citoyens. Augmentation des salaires et situation des retraités Gourari a affirmé que l'augmentation des salaires doit être significative et toucher tous les Tunisiens, en tenant compte de la situation des retraités. Il a accusé le Gouvernement de « fermer les oreilles aux choix de l'Assemblée ». Il a ajouté qu'un nombre raisonnable de propositions d'articles, entre 10 et 20, aurait pu servir différentes catégories de la société et l'économie tunisienne. Article 49 et Constitution : confrontation entre le Gouvernement et le Parlement Gourari a précisé que le Gouvernement affronte le Parlement en s'appuyant sur l'article 49 de la loi de finances et l'article 69 de la Constitution, tandis que le Parlement défend son droit à proposer et exercer son rôle de contrôle. Il a indiqué que la ministre des Finances s'appuiera sur l'article 132 pour modifier certains articles afin de les rendre conformes aux articles constitutionnels, ce qui permet un certain ajustement et rapprochement entre le Parlement et le Gouvernement. Rôle de la deuxième chambre et consensus entre les pouvoirs Gourari a évoqué le rôle du Conseil national des régions et des collectivités locales (deuxième chambre), où la ministre des Finances présentera les problématiques, et où la chambre pourra réagir. En cas de désaccord sur certains articles entre les deux chambres au sein d'une commission paritaire, nécessitant un haut niveau de consensus, les mécanismes constitutionnels seront appliqués. En l'absence de la Cour constitutionnelle, la responsabilité revient au Président de la République, garant de l'application de la Constitution, qui peut approuver ou renvoyer le projet de loi au Parlement pour adoption. Loi de finances équitable : équilibre entre ressources et exonérations Gourari a conclu en soulignant que l'Etat social juste nécessite des ressources suffisantes, et qu'il est irréaliste de surcharger le budget d'exonérations. Il a insisté sur l'importance que le projet de loi de finances soit l'objet d'un consensus entre les deux chambres et le Gouvernement.