Les étals des vendeurs ambulants et de certains immigrés sont de plus en plus sollicités Comme d'habitude, pendant la dernière semaine du mois de Ramadan, les familles tunisiennes se préparent pour la célébration de la fête de l'Aïd El Fitr. C'est un moment privilégié de retrouvailles familiales. Et qui dit préparatifs dit dépenses supplémentaires, consacrées, essentiellement, à l'achat de vêtements et de pâtisseries traditionnelles. L'Aïd 2015 est cher malgré les pressions du gouvernement sur les prix. La classe moyenne a du mal à habiller ses enfants avec des articles neufs. Samedi 17e jour du mois de Ramadan, à 22h00, il y a foule devant les devantures des boutiques de prêt-à-porter et de chaussures pour enfants du centre-ville de Tunis. Des parents accompagnés de leurs enfants lèchent les vitrines bien garnis de vêtements d'enfants, mais ne se décident pas encore à acheter. « Ce soir, nous sommes en repérage. Nous constatons que les prix sont relativement chers », indique un couple avec ses deux enfants. « Les vêtements sont trop chers, nous attendons l'application de la réduction de 10% annoncée par le ministre du Commerce », lance une autre dame escortée de ses deux gamins. On se rabat sur le moins cher C'est le rush à l'étage supérieur d'un magasin de marque étrangère. Il propose à sa clientèle de nouveaux arrivages et de nouvelles collections pour enfants. « A comparer avec les autres magasins, celui-ci offre un meilleur choix de vêtements à des prix assez honnêtes », indique une jeune dame qui essaie une robe à sa fille de 6 ans. La robe en question dépasse les 100 dinars. « Les prix sont chers, mais nous sommes obligés d'acheter », se lamente un père de trois enfants. Selon une vendeuse, les gens n'ont pas d'argent. Certains clients nous disent, « on va faire un tour et on revient », mais ils ne reviennent pas. Ses propos sont corroborés par sa patronne : « Les clients hésitent longtemps avant d'acheter ». Les commerçants se sont pourtant bien préparés pour satisfaire leur clientèle. Ils ont prévu des vêtements de toutes les tailles et de tous les coloris. Sauf que les prix restent inabordables pour les petites bourses, obligées de se rabattre parfois sur les étals des vendeurs ambulants ou de certains immigrés à l'instar d'Ahmed qui a choisi de stationner sa voiture sur la place Barcelone pour exposer sa marchandise, essentiellement des vêtements d'enfants et d'adultes à des prix accessibles. « Ce n'est pas fiable. Si un vêtement ne convient pas à mon enfant et que j'ai besoin de l'échanger, je risque de ne pas retrouver le vendeur qui peut changer d'endroit », explique Selma, mère de deux enfants. Des commerçants avides ? « J'ai deux filles et un garçon. Il me faut plus de 500 dinars pour les habiller sans compter les gâteaux de l'Aïd. Mon pouvoir d'achat ne me permet pas de leur acheter du prêt-à-porter alors je me rabats sur le commerce parallèle, c'est beaucoup moins cher », déclare Adel, ouvrier. C'est donc la seule alternative pour les plus démunis dont certains recourent même à la fripe pour les vêtements de l'Aïd. Au niveau des chaussures, la qualité n'est pas de rigueur. « Ils s'usent très rapidement et font mal aux pieds des enfants, alors je préfère mettre le prix qu'il faut pour que mon fils puisse être à l'aise dans ses godasses », souligne une dame qui vient de payer des sandales à presque 200 dinars. «C'est scandaleux ces prix qui ne cessent d'augmenter», s'indigne une autre dame essayant d'expliquer la montée en flèche des prix par l'avidité des commerçants dont l'Aïd est pratiquement la seule occasion pour eux de réaliser des profits. Hassen, vendeur de chaussures et de vêtements, ne nie pas que l'Aïd El-Fitr représente une grande opportunité pour les commerçants de prêt-à-porter. « Je tente de pratiquer des réductions, je propose aussi des facilités de paiement, des chèques de garantie pour faire marcher mon commerce ».