Les nouvelles sont tantôt alarmistes tantôt se voulant rassurantes. L'épicentre des activités terroristes se concentre à nos frontières sud. Il rejoint les zones rouges du centre-ouest, du nord-ouest et des régions touristiques littorales de l'est Les terroristes sont à l'œuvre déjà depuis plus de deux ans du côté du Kef et du Jebel Chaâmbi. Ils tentent depuis peu d'élargir le front des cibles et des attaques. En vue de disperser les forces de sécurité. Ils veulent en effet prendre pied aussi quelque part dans le Sud en vue de profiter du sanctuaire libyen. Des dizaines de milices et d'organisations terroristes libyennes n'ont de cesse d'alimenter les réseaux terroristes tunisiens. Terroristes, armes, ravitaillement, soutien logistique, camps d'entraînement, sommes d'argent et produits de contrebande transitent en toute impunité par les frontières tuniso-libyennes. Deux faits majeurs, intervenus ces deux jours, en disent long là-dessus. En premier lieu, une trentaine de personnes, âgées de 16 à 40 ans, ont inopinément quitté avant-hier la localité de Remada pour se rendre en Libye. Objectif, rejoindre les rangs des terroristes de Daech. On compte parmi eux des élèves, des chômeurs, des fonctionnaires et même trois militaires, dont un aviateur ! Des témoins ont fait valoir que des voitures sont venues de Libye pour les transporter. Sans qu'aucune autorité ou force de police tunisienne ne s'en rende compte et ne s'y oppose. C'est pour le moins étrange alors que nous sommes sous le coup de la loi d'exception. Ou est le gouverneur, dont les pleins pouvoirs sont effectifs en vertu précisément du régime de la loi d'exception ? Où sont les services de grenouillage et de renseignements ? Comment une fuite secrète d'un aussi grand nombre de personnes a-t-elle échappé aux fins limiers ? Beaucoup de questions qui demeurent sans réponse. Mystérieusement. Sur un autre plan, le chef du gouvernement a annoncé avant-hier qu'un mur d'enceinte doublé de tranchées est en passe d'être construit sur un tronçon de nos frontières avec la Libye. Il s'étend de Dhehiba à Ras Jedir, soit 168 km sur les 459 km que comptent nos frontières avec la Libye. C'est la partie enregistrant le plus grand nombre de voyages et de transit de marchandises, d'armes, de terroristes et d'articles de contrebande. L'armée nationale est déjà à pied d'œuvre dans cette zone. La partie restante fait l'objet de surveillance minutieuse moyennant miradors, estafettes et matériel électronique. Entre-temps, les forces terroristes ne chôment pas, elles aussi. Elles redoublent de stratagèmes plus pernicieux les uns que les autres. Les deux derniers attentats particulièrement sanglants, du Bardo en mars et de Sousse fin juin, ont bénéficié, du côté de la frontière tuniso-libyenne, de l'appui logistique, transfert d'armes, entraînement et exfiltration des terroristes. Sans parler des appuis financiers et logistiques de la nébuleuse terroriste dont les tentacules s'étendent de l'Irak au Nigeria, via quelques pétromonarchies du Golfe qui jouent aux parrains. Les Tunisiens sont prévenus. Rien ne sera plus comme avant du côté de nos frontières avec la Libye. Bien que le gouvernement s'y attelle à demi en quelque sorte. Depuis les trois années du règne de la Troïka, tout a été fait en vue d'accroire aux terroristes libyens qu'ils peuvent se mouvoir en Tunisie comme un poisson dans l'eau. Et en toute impunité. Cela s'est poursuivi durant le gouvernement de Mehdi Jomâa et perdure sous l'exercice de Habib Essid. Bien des observateurs réitèrent leur souhait d'instauration d'un visa à l'endroit des Libyens voulant se rendre en Tunisie, sinon la fermeture des frontières en bonne et due forme. Pour diverses considérations, aucun responsable tunisien n'ose prendre le taureau par les cornes. Du moins jusqu'à maintenant. Au risque d'en être réduit à jouer les comparses face aux exactions, rapines, demandes de rançons et enlèvements de Tunisiens par les terroristes libyens de tout poil. Un grand bras de fer se dessine à nos frontières sud. C'est le branle-bas, tantôt inquiétant tantôt sécurisant sans vraiment y croire.