Ali Fergani, ancien milieu de terrain des Fennecs (64 sélections, cinq buts) puis sélectionneur, décrypte le succès et l'influence évidente de Djamel Belmadi qui n'est pourtant là que depuis à peine un an. « Je pense en toute objectivité que l'Algérie mérite son titre. Elle a produit un football de qualité, offensif et plutôt spectaculaire. Quand il a fallu défendre, elle a su le faire. C'est une équipe équilibrée. Quant à Belmadi, il gère son effectif avec équité. En clair, les plus performants jouent. Vous savez, au départ, l'Algérie était considérée comme un outsider, car elle restait quand même sur quelques années difficiles. Il y avait eu, depuis cinq ans et le départ de Vahid Halilhodžić, beaucoup d'instabilité, avec de nombreux sélectionneurs (Christian Gourcuff, Nabil Neghiz, Milovan Rajevac, Georges Leekens, Lucas Alcaraz, Rabah Madjer)». «Mahrez est un leader et non un aboyeur» ! «Le tableau ainsi brossé était tel que les puristes s'interrogeaient: beaucoup de sélectionneurs, pas de résultat : ils doutaient, forcément. Et Belmadi, au départ, n'était pas le premier choix. De plus, il n'était pas libre à l'époque. Mais on savait qu'il avait obtenu de bons résultats au Qatar avec la sélection et avec Al-Duhail, que c'était quelqu'un d'ambitieux. Mais il n'est arrivé qu'en août 2018, et on ne pensait pas qu'il parviendrait à un tel résultat en si peu de temps. Sauf que Belmadi est ambitieux. Il a aussi su faire les bons choix. Par exemple, il a gardé confiance en M'Bolhi et Feghouli. Feghouli a travaillé au milieu, en défense et en attaque. Il a également responsabilisé Mahrez, en lui donnant le brassard de capitaine. Mahrez, ce n'est pas un aboyeur, mais c'est un leader par ses performances sur le terrain. Il a fait confiance, aussi, à Benaccer qui a fait une très grosse CAN à un poste que je connais bien, puisque c'était le mien. Bounedjah, quant à lui, a été une révélation. C'est un attaquant qui se bat sur tous les ballons, qui travaille beaucoup défensivement». «Gestion optimale» «En fait, Belmadi gère son effectif avec équité : les plus performants jouent. Brahimi, par exemple, est revenu de sa blessure, mais Belmadi a continué de lui préférer Belaïli, car celui-ci était presque irréprochable. Le coach gère bien son effectif, et tout le monde est impliqué, même ceux qui ne jouent pas ou peu. Maintenant, que Belmadi soit sollicité, à un moment ou à un autre, sera normal, mais je ne pense pas qu'il ait envie de partir. Il va commencer les qualifications pour la CAN 2021 (avec la Zambie, le Botswana et le Zimbabwe comme adversaires), il y aura celles de la Coupe du monde 2022 au Qatar… Et je suis persuadé qu'au fond de lui, Belmadi a envie de qualifier son équipe pour une compétition qui aura lieu dans un pays qu'il connaît parfaitement».