Résidence de 27 photographes venus d'Europe et du Maghreb : objectif : valoriser la Médina de Kairouan et son patrimoine et, à terme, organiser des expositions de photos avant d'en faire un livre. Ville mythique, ville sacrée, ville sainte, Kairouan est, d'abord, une idée, un concept, un rêve architecturé, une pensée qui a pris forme. Son histoire est celle de l'humanité, ses légendes appartiennent aux mythes fondateurs, et ses héroïnes et ses héros sont ceux des panthéons universels. On n'est pas kairouanais comme on serait autre chose : il y a dans cette appartenance un poids, une gravité, un sentiment d'exception, un sens d'une certaine responsabilité. Et on ne peut pas aller à Kairouan avec insouciance et légèreté. Pour plagier De Gaulle, « on ne peut pas aller simplement vers Kairouan compliquée ». Cela, les 27 photographes venus d'Europe et du Maghreb, invités par la Délégation de l'Union européenne, l'ont parfaitement senti. Ils étaient à Kairouan pour la « Deuxième Résidence Euromaghrébine de Photographes », la première ayant eu lieu à Sfax. L'objectif de cette résidence : valoriser la Médina de Kairouan et son patrimoine et, à terme, organiser des expositions de photos avant d'en faire un livre. Coachés par Leïla Souissi, qui n'est pas kairouanaise, mais qui aurait pu l'être, les photographes invités ont très vite été investis de l'esprit des lieux. Oubliant les clichés, les images d'Epinal, et les conseils des guides, ils ont abordé la cité à cœur ouvert, l'objectif en éveil. On les a vu vagabonder sur les chemins de traverse, sillonner les ruelles les plus détournées, s'attabler aux terrasses des cafés, partager le pain et le sel avec les citoyens. Orientés par de jeunes volontaires de la ville, ils ont été reçus dans les demeures, ont eu accès à tout ce qu'ils souhaitaient voir sans aucune exclusive. Les Kairouanais, gens discrets et policés, ont eu à cœur de leur montrer, sans aucune réticence, l'essence de leur cité, son âme et ses parfums, ses blessures aussi. « Le projet Kairouan », comme on l'a appelé, a été une magnifique rencontre entre ces artistes venus d'ailleurs, qui n'étaient pas là pour « faire joli », et la réalité d'une cité mythique. L'intelligence de leur regard, leur sensibilité, leur a permis d'appréhender ce qui est au-delà de l'apparence. De belles amitiés sont nées. Des expositions, à Kairouan et à Tunis, sont programmées. Un livre d'art sera édité. Mais plus que tout, les photographes et les habitants de Kairouan n'oublieront pas cette expérience.