Et pourtant, 7% seulement des 516 mille agriculteurs recensés en Tunisie sont assurés ! En été comme en hiver, voire sur les quatre saisons, les agriculteurs et les pêcheurs ne sont pas à l'abri des aléas de la nature qui prennent parfois les dimensions de catastrophes: incendies, grêles, naufrages, mortalité de bétail et tout le cortège funeste ! Et à chaque désastre, une seule adresse pour les victimes: la Ctama (Caisse tunisienne d'assurances mutuelles agricoles). Doyenne des sociétés d'assurance tunisiennes (créée en... 1912 sous forme d'une caisse mutuelle agricole spécialisée dans la branche grêle qui se basait sur les cotisations des agriculteurs français à l'époque coloniale), la Ctama, qui accapare 86% du marché agricole en Tunisie, s'en occupe pour réparer les dégâts et alléger la souffrance du sinistré. Il est vrai que les risques agricoles qu'elle assure touchent les volets suivants : la grêle (grandes cultures, oliviers, agrumes, vignes, arbres fruitiers, cultures irriguées...) les incendies (récoltes, bâtiments, équipements...) les serres, la mortalité du bétail, les équipements agricoles, la responsabilité civile et les corps et navires de pêche. Rien que pour l'exercice 2014, les sinistres réglés par la Ctama ont atteint près de quatre millions de dinars (contre 5MD en 2013), dont plus de la moitié pour la seule branche de la grêle, alors que celle des incendies avoisine les 200 mille dinars. Faible adhésion deviendra grande Or, il est pour le moins bizarre de constater que cette entreprise étatique, en dépit de son rôle vital de locomotive des assureurs en Tunisie, ne compte aujourd'hui que 40 mille adhérents sur les 516 mille agriculteurs recensés dans le pays, ce qui représente le très faible taux de 7% ce qui revient à dire que la majorité de nos agriculteurs et pêcheurs n'ont pas encore acquis la culture des assurances. «A quoi sert d'aller payer sa police d'assurance pour se faire rembourser après une éternité», s'interroge un agriculteur qui parle de fatalité. En revanche, ce n'est pas le même son de cloche chez un autre, éleveur de bétail de son état, qui ne tarit pas d'éloges sur «la compréhension, la crédibilité et la solvabilité de la Ctama». Et pourtant, pour celle-ci ce n'est pas faute d'avoir essayé. «Depuis le changement, en 2008, de la forme juridique de la société, nous n'avons de cesse, dans le cadre d'une offensive de charme, d'étendre notre réseau de vente sur tout le territoire du pays en offrant des services d'assurance (vie et non vie) couvrant les agriculteurs, les particuliers et les entreprises», nous précise-t-on au Q.G. de la Ctama où M.Mansour Nasri, premier responsable de la société, semble fermement décidé, avec l'aide de ses collaborateurs, à améliorer le taux actuel en le portant à 85% d'agriculteurs assurés en Tunisie. Bonne chance.