L'assurance agricole tarde à décoller en Tunisie. C'est un fait que personne ne peut nier et ce n'est pas les chiffres qui vont nous contredire. D'ailleurs, les chiffres disponibles sur l'assurance agricole en Tunisie (qui datent un peu) montrent que ce secteur ne représente qu'un faible taux ne dépassant pas les 2,78% du chiffre d'affaires total du marché tunisien des assurances en 2007. Les raisons de cette hésitation sont multiples. D'abord, la structure actuelle des exploitations tunisiennes où la grande majorité des agriculteurs s'adonnent à une agriculture sur de petites parcelles morcelées, ce qui rend peu rentable toute forme d'assurance. Ensuite, peut-être, un manque d'information et de sensibilisation qui pourraient porter préjudice au secteur et être un autre facteur de la désaffection des agriculteurs tunisiens. La quasi- totalité de ces agriculteurs n'a contracté aucune assurance pour se prémunir car celle-ci est considérée comme très chère. Et encore, les quelques producteurs qui ont souscrit une assurance l'ont fait le plus souvent par obligation, à l'occasion d'une demande de prêt bancaire. Mais d'une manière générale, l'assurance agricole n'est pas obligatoire en Tunisie. Et c'est toujours les chiffres qui parlent et qui expliquent bien cette situation. Dans notre pays, le montant total des primes et cotisations émises en 2007 est de 878MD dont 24,4MD seulement pour la couverture des risques agricoles, la part de la Caisse tunisienne d'assurances mutuelles agricoles (Ctama) étant de 92% avec une assiette de cotisation de 22,6 MD. La moyenne annuelle des indemnisations des sinistres agricoles est de 10 MD environ. Pour l'année 2007, le total du règlement des sinistres agricoles a dépassé 11,5 MD dont 87,5% sont réglés par la Ctama. Ces règlements représentent 2,48% du total des sinistres réglés par le marché des assurances. Le nombre des exploitants agricoles est marqué par une évolution importante. Selon des études plus récentes faites sur le secteur, on parlerait d'une relation dialectique existant entre le morcellement de la propriété et l'endettement agricole, notant que dans ce secteur, seuls 7% des exploitations agricoles bénéficient des crédits et 6% bénéficient des services de l'assurance, et ce, sur les 516 mille exploitations que compte le secteur. La faiblesse des adhésions des agriculteurs à l'assurance est due aux problèmes du morcellement des terres agricoles qui représente un obstacle devant une catégorie importante de petits agriculteurs. D'autres problèmes sont aussi plus connus, les terres de moins de 5 ha représentent 53% du nombre des exploitations agricoles. D'ailleurs, le président Ben Ali a ordonné, le 12 mai 2008, l'élaboration d'un cadre juridique à même d'encourager l'exploitation commune des terres agricoles, de manière à éviter le morcellement de la propriété. L'adhésion à la couverture d'assurance dans le secteur agricole en Tunisie est en deçà du niveau souhaité. Le nombre d'agriculteurs assurés est d'environ 40 mille, soit 7,75% du nombre total des exploitants. Ce pourcentage atteint 20% pour les agriculteurs exploitant des superficies dépassant les 10ha. Ceci intéresse en particulier les agriculteurs se rattachant au secteur organisé comme les Smvda, les agro-combinats, les techniciens ayant acquis des lots auprès de l'Office des terres domaniales ainsi que les grands agriculteurs. Le nombre total des agriculteurs adhérents à la Ctama est de 35 mille environ, soit 87,5% des agriculteurs assurés et 6% du nombre total des exploitants agricoles. En Tunisie, et selon des sondages réalisés, 60% des agriculteurs retenus pour l'échantillon semblent conscients de l'importance de l'assurance agricole mais une bonne partie d'entre eux ne souscrivent pas de contrats d'assurances. Les statistiques ont démontré que les agriculteurs du Nord-ouest tunisien sont les plus conscients de l'assurance, viennent ensuite ceux du Centre et enfin ceux du sud du pays, et ce, pour des raisons climatiques et historiques. Des services variés D'autre part, 70% des agriculteurs non assurés sont touchés par les risques de chute de grêle et d'incendie, 24% seulement ont regretté l'absence de couverture d'assurance car ils ont l'habitude du soutien de l'Etat dans des cas pareils. Les agriculteurs étant obligés de souscrire des contrats d'assurances (crédit bancaire) et qui représentent environ 45% pensent le faire volontairement, et 63,4% des agriculteurs ne comptent pas arrêter cette assurance. Aussi, 55% des agriculteurs contactés établissent des contrats d'assurances car ils constatent que la récolte prévue est bonne et 45% des agriculteurs prévoient la survenance du risque. Selon ses responsables, la Ctama assure les arbres fruitiers contre le risque de grêle. Le taux de la superficie assurée est de 1,9%, ce taux est de 1,5% pour les oliviers et de 13% pour les vignes. L'assurance du cheptel couvre la mort naturelle ou accidentelle des animaux et l'abattage autorisé par l'assureur ou par les autorités compétentes. La caisse assure 4% du nombre total des bovins. Cette même caisse assure plusieurs branches de l'agriculture tunisienne, entre autres, la couverture du corps de pêche qui comprend le corps, les moteurs, l'armement de pêche et les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile due à son exploitation. On entend par risque maritime tout naufrage, échouement, abordage, jet, feu, explosion et tous accidents et fortunes de mer. Les risques demeurent assurés même en cas de refuge inévitable ou changement obligatoire d'itinéraire. Le taux de couverture ne dépasse pas 6,6% du nombre total des corps de pêche. En ce qui concerne surtout les risques résultant du vent, de la pluie, de la grêle, de l'incendie et de la neige, l'assurance garantit la couverture et l'ossature des serres, le matériel d'irrigation, de chauffage, de climatisation, de traitement, en plus des cultures sous-serres. De même, en raison des caractéristiques climatiques de certaines régions, la Ctama a pris l'initiative de réajuster la garantie afférente à la vitesse du vent prise en considération pour la couverture du risque. Le secteur de l'agriculture en Tunisie occupe toujours une grande proportion dans l'emploi, mais il n'a pas gagné en modernité comme c'est le cas pour l'industrie et les services, pour que sa participation au PIB soit significative. Partout dans le monde, l'agriculture est un secteur tributaire des aléas climatiques et d'autres risques qui influent sur le rendement agricole, d'où l'importance de l'assurance agricole qui joue un rôle très important dans le processus de développement de la production agricole.