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Débats télévisés, second round : Neuf candidats devant leurs pupitres pour convaincre les Tunisiens
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 09 - 2019

Les débats télévisés ont-ils permis aux électeurs potentiels de départager les candidats en lice ? Question qui reste sans réponse pour l'heure. Quoi qu'il en soit.
La jeune démocratie tunisienne fait son petit bonhomme de chemin. Nous sommes en droit, en toute modestie, de nous montrer assez fiers.
Les débats télévisés du premier tour de l'élection présidentielle devaient clore leurs trois rounds hier soir. Des débats qui représentent une première mais qui ont été prisonniers de leur format. Tous ceux qui s'attendaient à des échanges avec des questions, des relances et un journalisme politique de haut vol ont été frustrés. Mais l'exercice présente, malgré ses limites, un intérêt certain.
Le second round, le dimanche 8 septembre, réalisé par Mohamed Ali Saïdane, modéré par Iheb Chaouch et Khouloud Mabrouk, a été plus animé que le premier par des droits de réponse à la pelle et des candidats qui s'interpellent parfois. L'épisode 2 a donc réuni Mohsen Marzouk, du parti Machrou Tounes, Mongi Rahoui, du parti le Front populaire, Elyes Fakfakh, du parti Ettakatol, Mohamed Hechmi El Hamdi, du courant Al Mahaba, Mohamed Lotfi Mraihi, du parti l'Union populaire républicaine, Hatem Boulabyar, de la coalition « Indépendants démocrates », Abdelkérim Zbidi, indépendant, Mohamed Sghaier Nouri, indépendant, Hamadi Jebali, indépendant. Neuf candidats en tout réunis sur un plateau pour convaincre les électeurs de voter pour eux, à une semaine, jour pour jour, du scrutin.
Ce deuxième round télévisé a eu pour effet de clarifier des positions, confirmer certains candidats mais il en a enfoncé d'autres. Ainsi est faite la démocratie, celle-ci donne un avantage certain à celui qui maîtrise la rhétorique politique ou encore l'art de convaincre. Et il n'est pas obligatoirement nécessaire d'avoir raison pour convaincre. Sous cet angle, Mongi Rahoui, Mohsen Marzouk, Elyes Fakhfakh ont paru plus dynamiques, plus fluides, plus structurés, affichant une certaine aisance au niveau de la posture et à travers leurs discours. Chaque électeur jugera qui a tort qui a raison, en prenant le temps de revoir les réponses, de vérifier leur authenticité ainsi que leur degré de faisabilité.
Rester dans la thématique sans toujours répondre à la question
Il n'empêche que la manière dont beaucoup de questions étaient formulées incite les candidats, naturellement, à débiter des généralités. Un travers dans lequel tous les candidats, sans exception, sont tombés. Après le premier débat du samedi soir, baptême de feu pour tout le monde, les postulants à Carthage ont compris qu'il n'est pas nécessaire de répondre exactement aux questions posées, mais de dérouler des phrases préparées à l'avance, de préférence clairement formulées, en essayant de rester dans la thématique. C'est le tour de force que certains candidats ont manié mieux que d'autres. Répondre sans répondre vraiment.
Et d'ailleurs, que répondre en 90 secondes lorsqu'on vous demande : « Comment lutter contre la corruption dans le domaine de la sécurité du pays ? » Ou «Quelles sont les stratégies qui seront exposées devant le conseil de sécurité nationale ? » A supposer que vous ayez déjà élaboré de telles stratégies, pouvez-vous les exposer en 90 secondes ? Et même si vous le faites, n'allez-vous pas trahir des secrets relevant de la défense nationale ? Et que répondre lorsqu'on vous demande s'il faut prolonger l'état d'urgence ou pas ; ou encore comment voyez-vous la famille du futur ?
Ceci étant dit, voici un florilège des réactions des candidats interrogés sur trois thématiques liées pour la plupart aux prérogatives du président de la République telles qu'énoncées par la Constitution : la politique étrangère et la défense. Un troisième chapitre s'est invité au débat qui regroupe des questions diverses comme les libertés individuelles. Les candidats ont été incités à s'engager sur les premières mesures qu'ils prendraient. Des « promesses électorales», au sens propre.
« Renégocier les accords de 1955 »
Lotfi Mraïhi a considéré que la loi d'urgence doit être une mesure ponctuelle, temporaire et non indéfiniment prolongée jusqu'à perdre de son impact. Il préconise des mesures fortes pour lutter contre la contrebande et les contrebandiers et constate que pour l'heure, la volonté politique est faible. Il estime par ailleurs que le budget de la sécurité nationale devra être augmenté. Au sujet de l'octroi des visas, le candidat regrette que les Tunisiens soient continuellement humiliés dans les ambassades étrangères. Lotfi Mraïhi tient, dit-il, « à renégocier les accords de 1955 avec la France. Lesquels accords ont été signés par la Tunisie sous la contrainte. »
Pour ce qui est de la protection de l'enfance, ce candidat estime qu'il y a eu des lois parachutées « importées » pour protéger l'enfant qui ont eu pour effet d'affaiblir l'autorité parentale. « La cellule familiale s'est effritée et les valeurs morales et religieuses ont reculé. » Il s'engage en outre à être le président de tous les Tunisiens. « Je veillerai sur l'unité nationale. Il faut un protectionnisme intelligent. Le pays doit se protéger aujourd'hui, comme le font les Etats-Unis. On doit se protéger, protéger nos institutions. Ce sera mon travail durant les 100 premiers jours de mon mandat. »
« On ne peut attirer les investissements si on ne sécurise pas le pays»
Hamadi Jebali a considéré pour sa part qu'il faut mettre en œuvre un dispositif législatif anticorruption, contre l'évasion fiscale et qui aura pour autres missions de lutter contre le crime organisé.
Sur le plan sécuritaire, l'ex-dirigeant du parti Ennahdha considère qu'il faut renforcer le système de sécurité, garantir sa neutralité et le tenir à l'abri des tiraillements politiques. Pour l'ancien chef du gouvernement, il est important de protéger les hommes de la police nationale et l'armée pour leur permettre de travailler dans de bonnes conditions et la sérénité, « Eux s'exposent aux balles. On ne peut pas attirer des investissements sans que le pays ne soit sûr et sécurisé. »
Pour ce qui est de la politique étrangère, la Tunisie doit préserver sa souveraineté. Le positionnement en Afrique et un partenariat solide avec l'Algérie ont été des points communs repris par l'ensemble des candidats. Pour s'imposer dans le concert des nations, « le mot clé est l'exportation ». Le candidat indépendant a déploré le blocage des projets à l'intérieur du pays dans l'attente d'une autorisation qui ne vient pas de Tunis. La décentralisation du pouvoir aura pour effet, estime-t-il, de lutter contre la corruption. Quant à ses engagements, Hamadi Jebali répète qu'« il faut protéger la Constitution et respecter les lois. » Ajoutant que les femmes et les jeunes doivent avoir leur place au sein de la présidence de la République. L'activité de la Banque centrale de Tunisie doit être révisée. Il se dit être un soutien indéfectible à la question palestinienne ».
« Contre tout dialogue avec les revenants »
Interrogé sur les terroristes de retour en Tunisie, Mohsen Marzouk est contre toute conciliation, tout dialogue avec les « revenants », les « combattants » tunisiens ayant participé à des menées terroristes dans les théâtres tels que la Syrie et l'Irak. Il veut se contenter d'appliquer la loi antiterroriste « de la manière la plus dure ». Il a tenu à rappeler les faits selon lesquels ces terroristes ont pris les armes contre un Etat et ses concitoyens en tuant et perpétrant des attentats sous la bannière d'un Etat terroriste, Daech.
Sous un autre angle, le président du parti Machrou Tounès a proposé le dessalement de l'eau de mer par l'énergie nucléaire… et les énergies renouvelables. Il a appelé à diversifier les partenaires de la Tunisie. « Même les grandes nations cherchent à mettre en œuvre des coopérations fructueuses que dire de la Tunisie qui est un petit pays ». Dans cet ordre d'idées, il a préconisé de créer un Haut conseil de la diplomatie tunisienne composé d'intellectuels, d'hommes d'affaires entre autres. Le nouveau rôle de la diplomatie est économique. « Il existe 20 millions d'offres d'emploi en Europe. Les Tunisiens peuvent y prétendre en partie ». Au sujet de la liberté d'expression et de la presse, Mohsen Marzouk rappelle qu'elle est protégée par le président qui en est le garant. Il a appelé à instaurer un code des libertés individuelles. Interpelé sur la justice transitionnelle, Marzouk a souligné que c'était plutôt une justice de vengeance. « On a fait chanter les hommes d'affaires. Il est temps de panser les blessures. »
« Si je suis élu, je serai un président moderne. Je m'adresserai au Parlement, je visiterai les régions, comme le faisait Bourguiba, je tisserai des liens avec les jeunes. Je finaliserai les instances constitutionnelles et m'occuperai des plus démunis. Je mettrai en place une stratégie militaire et sécuritaire ».
« Pour un Parlement régional »
Mohamed Sghaïer Nouri rappelle que certains ont affirmé que le Parlement a voulu faire un coup d'Etat. « Tout cela est possible, car tout le pouvoir est centralisé. C'est une forme d'autoritarisme. » La décentralisation du pouvoir a constitué un leitmotiv dans les interventions de ce candidat libre. Il a appelé à créer un parlement des régions, ainsi qu'un conseil supérieur des collectivités locales.
Au sujet de la crise libyenne, Mohamed Sghaïer Nouri estime que la Tunisie a été sanctionnée à cause de sa neutralité. « Une neutralité qui a laissé croire, sans que nous le voulions, que nous soutenions un clan au détriment d'un autre. » Sghaïer Nouri a espéré que la Tunisie deviendra la plaque tournante d'échanges qui relie l'Afrique à l'Europe. Il s'est dit être en faveur de la liberté de conscience. Pour ce qui est de la vision de la famille, il considère qu'en l'état actuel des choses, la jeunesse est confrontée au chômage, au terrorisme, à la violence et à la cherté de la vie. Il appelle à instaurer l'Etat de droit et des institutions, une vraie démocratie. « Les enfants doivent accéder à une éducation de qualité.» Il fait remarquer en outre que rien n'a changé depuis 9 ans. Une fois élu : « Mon programme est prêt avec mes équipes. En 30 jours, je présenterai 15 initiatives législatives. »
« Les accords de l'Aleca n'ont pas encore été signés »
Hatem Boulabyar propose, lui, de réduire le nombre de ministères. La France reçoit plus de 80 millions de touristes et n'a pas de ministère du Tourisme. Il faudra se contenter d'une agence pour gérer le tourisme tunisien. Ce candidat libre estime que la principale richesse de la Tunisie est sa matière grise. Il a déploré, de ce fait, la fuite des cerveaux, notamment celle des médecins et des ingénieurs qui quittent massivement le pays chaque année. Il s'est dit par ailleurs étonné que des mandats d'amener n'aient pas d'effet, que des recherchés courent toujours dans la nature, pendant que d'autres sont écroués manu militari.
Hatem Boulabyar a estimé que l'Algérie et la Tunisie sont complémentaires. « Mais avec la Libye et le Maroc également». Il a promis de prendre son bâton de pèlerin pour se rendre dans les pays du Golfe et attirer les investisseurs. Il a tenu à rappeler pour répondre à Hamadi Jebali que les accords de l'Aleca n'ont pas encore été signés et a clairement exprimé à l'endroit de Mraïhi que ce n'est pas le moment d'ouvrir des fronts avec la France qui est « notre premier partenaire commercial. 1.200 entreprises françaises œuvrent en Tunisie. Qu'allons-nous leur dire ? Engager une guerre avec la France ? Il faut être réaliste ».
Interrogé sur la liberté successorale, Hatem Boulabyar affirme qu'il s'agit d'un sujet complexe et propose d'organiser un référendum pour permettre au peuple de trancher. Pour ce qui est de ses engagements futurs une fois élu : « Je vais restructurer les ministères, finaliser la Cour constitutionnelle en nommant les membres à l'aide d'un tirage au sort. Je vais instaurer un impôt sur la fortune de 2,5%. ».
Une pépite : avant de répondre à la première question, Hatem Boulabyar a commencé par prêter le serment du président de la République. Ensuite il a eu la bonne idée de partager sur Instagram la photo d'ouverture du débat. Un huissier a déboulé sur le plateau pour lui confisquer son téléphone portable.
« Le président doit être un économiste »
Le candidat d'Ettakatol, Elyes Fakhfedh, estime que la sécurité coûte cher à la Tunisie. « Les budgets des ministères de la Défense et de l'Intérieur ont été triplés depuis 2011. On ne peut pas continuer ainsi. Ce sont autant de sacrifices fournis par les Tunisiens. Il faut donc investir dans le renseignement. Une agence nationale du renseignement qui sera rattachée au Conseil de sécurité nationale avec des moyens numériques».
Face au crime organisé, il préconise une approche sociale visant les jeunes de 15 ans et plus, outre l'approche sécuritaire. « Il faut encadrer les jeunes, mettre en œuvre une approche éducative. » Pour une sécurité efficace, le président de la République et le chef du gouvernement doivent travailler en bonne intelligence, a-t-il insisté. « Personne ne doit confisquer les attributions de l'autre ». Il estime que la Tunisie doit être une maison pour l'élite africaine. « On ne va pas remplacer l'Europe par l'Afrique, mais il faut se tourner davantage vers l'Afrique. La priorité devra être attribuée à la diplomatie économique, moderne, ayant pour partenaires la société civile et la diaspora. Mais encore, le président doit être un économiste. Il doit voyager pour tisser des liens et attirer des investissements ».
Interpellé sur la lutte contre le trafic de drogue, Elyes Fakhfedh a appelé à faire la distinction entre les consommateurs et les trafiquants, ils ne doivent pas subir le même traitement. L'Etat doit être ferme avec les seconds. Une fois élu, le candidat d'Ettakatol promet « un projet national pour un meilleur avenir pour nos enfants. Il faut instaurer le pouvoir local, réinventer l'administration, mettre fin au clientélisme. Il faut miser sur l'éducation et la santé et s'inscrire dans la révolution numérique et technique ».
« Les institutions de la police et l'armée ont été noyautées par le passé »
Abdelkarim Zbidi juge l'armée et la police en mesure de lutter contre le crime organisé et le terrorisme. « Ces institutions militaire et sécuritaire sont efficaces ». Elles ont été renforcées, notamment sur le plan des ressources humaines. Il a souligné, en outre, l'importance de préserver leur neutralité et les écarter des dissensions politiques. Le candidat libre a ajouté : «Nous avons besoin d'un Etat fort et d'une justice indépendante pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et l'anarchie. »
Concernant l'Union du Maghreb arabe, Abdelkarim Zbidi souligne que la Tunisie a toujours joué un rôle positif. En Afrique, il a déploré que nous ne disposions que « d'une dizaine de représentations diplomatiques. » Les fondamentaux de la diplomatie tunisienne, la neutralité positive, a-t-il martelé.
Par contre, les intérêts économiques doivent constituer le socle des relations internationales. « C'est le nerf de la guerre ». On est en retard en matière de diplomatie économique.
Concernant la révision du système électoral, Zbidi estime que c'est une priorité. Cette révision doit mettre fin au tourisme parlementaire et moraliser la vie politique, entre autres. Une fois élu : « Je vais nommer des femmes aux postes de décision. De plus placer une femme dans un poste, c'est réduire la corruption. C'est prouvé par les chiffres. Pour les jeunes : je compte dépénaliser la première cigarette de cannabis. Mais plutôt leur imposer un travail d'intérêt général et non les jeter en prison. Je proposerai une amnistie présidentielle pour les consommateurs de la première cigarette de cannabis ».
« 100.000 enfants quittent prématurément l'école par an »
Mongi Rahoui s'est dit favorable au changement de la monnaie qui aura pour effet de réintégrer l'argent liquide dans les circuits bancaires et entre autres le cash qui provient de l'évasion fiscale, de la corruption ou de la contrebande.
En matière de politique étrangère, il a loué l'expérience de la Tunisie dans la question de la préservation de la paix. Par ailleurs, il s'est attristé que « 100.000 enfants quittent prématurément l'école par an. Ce sont des projets potentiels voués à la délinquance, au terrorisme et au chômage ». Selon le candidat, il faut viser grand et tisser des relations de coopération avec le Golfe et ne pas tourner le dos au monde, «construire de nouveaux partenariats avec l'Amérique latine, la Chine. Il sera de mon devoir de garantir des partenariats gagnants-gagnants. »
Par ailleurs, Rahoui a appelé à la création d'un ministère de l'émigration pour examiner les besoins des TRE. Au sujet de l'ALECA, le candidat du parti du Front populaire appelle « à la libre circulation des personnes comme la libre circulation des biens. » Les deux libertés sont indissociables. Une fois élu, Rahoui se veut un président non classique. « Je me projette dans les cinq prochaines années et non les 99 premiers jours. Tout doit changer en Tunisie. L'Etat a été démantelé. Il faut mettre en œuvre de vrais projets pour construire une économie nationale, miser sur l'agriculture, lutter contre la corruption. Je suis déterminé à réformer la Tunisie ».
« L'Islam doit être une source de législation »
Hechmi Hamdi s'est fait remarquer notamment en appelant à amender la Constitution pour ajouter un article qui dispose que l'islam doit être une source de la législation. Ainsi, il faut exclure les lois qui s'opposent aux préceptes de l'islam. « C'est notre identité, nous sommes arabes et musulmans. Ni le président de la République, ni l'Assemblée, ni le gouvernement ne doivent présenter des lois allant à l'encontre de l'islam ». Sur un autre registre et pour encourager le travail, Hechmi Hamdi du courant Al Mahaba a promis une prime de 200 DT par mois à ceux qui cherchent activement un emploi. « Aux TRE et aux agriculteurs, il s'est dit leur allié. J'effacerai les dettes des agriculteurs, j'instaurerai la prime de recherche de travail. Au moins 50.000 primes seront distribuées. » S'adressant aux Tunisiens résidant à l'étranger : « Aidez-moi à reconstruire une Tunisie qui évolue dans le cadre de notre identité et notre religion, l'Islam ».
Et pour finir, l'avis d'un expert
Sadok Hammami, maître de conférences à l'Institut de presse, spécialiste des médias, a été invité par La Presse à donner son avis sur les débats télévisés du premier tour.
« D'abord est-ce qu'on peut les appeler « Mounadhara », débats ? C'est trop dire. Débat suppose un échange, une confrontation, une argumentation, une contre-argumentation. Ce n'est pas du tout le cas. Deuxième remarque, les débats télévisés sont censés révéler ce qu'on appelle l'ethos du candidat. Son caractère, sa personnalité, sa posture, son style. Le style fait l'homme. Ce qu'il est censé incarner, parce que l'élection présidentielle, c'est un choix qui se porte sur une personnalité, et non pas obligatoirement sur un programme. Donc la communication est importante. La manière avec laquelle ce multiple face-à-face a été agencé a fait que les électeurs n'avaient pas de vision claire. Pas de questions communes, mais une infinité de questions qui partaient dans tous les sens. L'idée donc en elle-même est bonne, elle promeut la démocratie. Le débat télévisé reflète une nouvelle esthétique du politique, de la pluralité, de la diversité. Le spectacle va encore renforcer cet aspect pluraliste et pluralisant de la démocratie. Je dirais même qu'elle participe au renforcement de l'identité nationale, ce qu'on appelle le « roman national ». La manière avec laquelle la société tunisienne se représente elle-même. Sur les idées, on ne peut dire en revanche qu'il y a eu un grand débat d'idées. Sans confrontations réelles, on ne peut pas affirmer que certains compétiteurs ont émergé du lot plus ou mieux que d'autres. Toutefois, certains candidats ont fait preuve d'une certaine aisance. D'autres moins. »
In fine, l'Isie avait révélé il y a quelques semaines le nombre final des électeurs inscrits pour les élections présidentielle et législatives de 2019, plus de 7 millions. Plus de 7 millions d'inscrits ! C'est un réservoir électoral énorme au regard du nombre d'habitants. Les débats télévisés ont-ils permis aux électeurs potentiels de départager les candidats en lice ? Question qui reste sans réponse pour l'heure. Quoi qu'il en soit. La jeune démocratie tunisienne fait son petit bonhomme de chemin. Nous sommes en droit, en toute modestie, de nous montrer assez fiers.
Hella LAHBIB


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