On était loin des gradins surchargés des soirées grand public et c'est vraiment dommage pour ceux qui ont raté cela. La soirée du 28 juillet de la 51e édition du Festival international de Carthage était a priori adressée aux amoureux des vagues d'archets et autres amateurs de musique symphonique. On était loin des gradins surchargés des soirées grand public et c'est vraiment dommage pour ceux qui ont raté cela. Sur scène, l'Orchestre de Pau Pays de Béarn, accompagné par la jeune et talentueuse violoniste Satenik Khourdoian et la cantatrice tunisienne Alia Sallami, nous a tout simplement éblouis. Une ouverture des Noces de Figaro pour inaugurer le spectacle merveilleusement interprété par les 80 musiciens de l'orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB) sous la direction passionnée du Franco-Tunisien Fayçal Karoui qui marque son retour en Tunisie en tant qu'artiste. Ex-directeur de l'Orchestre national de France, ce dernier a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres en 2013. Son savoir-faire lui a permis d'occuper des postes prestigieux tels que la direction musicale du New York City Ballet de 2006 à 2012. Devant et avec ses musiciens, qu'il dirige depuis 2002, ils ont rendu honneur au génie de Mozart et à son opéra pétillante. Acuité et précision du geste étaient les maîtres mots. L'on enchaîne avec le concerto pour violon de Tchaïkovski, la jeune violoniste Satenik Khourdoian rejoint la scène, pour nous enchanter avec tant de talent et une technique impeccable. Née à Marseille en 1983, Satenik Khourdoian étudie le violon auprès de Jean Ter Merguerian au CNR de sa ville natale où elle obtient, à treize ans, deux premiers prix en violon et en musique de chambre, un excellent parcours qui lui ouvre les portes de grandes salles en France et ailleurs. La deuxième partie du concert fut consacrée à l'œuvre phare du programme qui est sans conteste Shéhérazade de Rimski-Korsakov, un poème symphonique pour 65 musiciens d'après le conte des Mille et Une Nuits. L'œuvre, qui se présente en quatre tableaux, s'inspire des histoires de Shéhérazade qui voulait échapper à la mort. L' idée était de transmettre musicalement cette ambiance et cette âme «car l'on ne raconte pas, cette fois, mais l'on décrit avec des notes colorées, festives et parfois nostalgiques», comme l'explique le chef d'orchestre. La musique nous parle ainsi des aventures de Simbad, de ses voyages en mer, du jeune prince et de sa princesse et d'autres encore. La cantatrice tunisienne Alia Sallemi, debout en haut de la scène, habillée comme une Shéhérazade, accentue la magie de l'ambiance, nous guidant de sa voix, en chants et en paroles, vers des contrées imaginaires. Bravo!