L'événement était en notes classiques, le 21 juin dernier au Théâtre de la Ville de Tunis, avec la célébration de la Fête de la musique par l'Orchestre symphonique tunisien. Disons-le de suite : un programme consistant et alléchant, mis au point pour l'occasion, servi par des interprètes de haute facture qui nous ont livré un concert symphonique qui s'avérera mémorable ! Dès les premières notes, le public a été saisi par la transparence et la volupté des sons qui l'a fait accéder à un univers à part. Une narration musicale qui évoquait les bals, les gigantesques salons baignant dans des lumières éclatantes, les élégants cavaliers suivant légèrement les pas de danse des dames aux admirables robes de soirée. Un monde féerique, raffiné et sensuel. Des attaques précises, du caractère dans la direction — décidément, Hafedh Makni gagne en assurance — de la lucidité et de la cohérence dans la vision globale des œuvres, ont caractérisé l'exécution instrumentale. Le maestro chauffe à blanc son orchestre : romance des violoncelles, stridence des trompettes, rondeurs des cors et jeu subtil des percussions. Nous sommes, franchement, en présence d'un orchestre solide et très équilibré, et ce, à tous les niveaux. Chaque musicien est un virtuose soliste au service du groupe. Résultat : des notes claires et transparentes reflétant une sensibilité enchanteresse pour l'âme et pour les sens. Grâce et magie... La soirée a débuté par une digne et juste lecture de la «Polonaise» de P.I.Tchaïkovski qui a ouvert la voie à d'autres chefs-d'œuvre qui se sont enchaînés comme de sublimes tableaux dont les nuances de la palette étaient stupéfiantes. Tantôt languissantes et sensuelles, tantôt enflammées et émouvantes, parfois réfléchies et atmosphériques, elles furent toujours d'une égale et séduisante grâce. Le public, venu nombreux ce soir-là, n'a pas manqué pas d'exprimer son enthousiasme, applaudissant à n'en plus finir la prestation de l'orchestre à chaque morceau . On a pu, ainsi, s'extasier de «L'Adagio» d'Albinoni , une œuvre qu'on a toujours un énorme plaisir à écouter, une œuvre lumineuse et toute en finesse. Il en fut de même avec «Ouverture Nabucco» de G.Verdi, une pièce dramatique aux rythmes forts et intenses, des célébrissimes «Danses Hongroises» de J.Brahms et du «Cocktail» Offenbach. Une harmonie irréprochable, particulièrement entre le son grave des violoncelles et les touches envolées du piano. Cela ne pouvait que contribuer à la réussite du récital. On a eu, également, droit à d'agréables surprises ; telles que l'œuvre magnifique de Salah Mahdi composée en 1969, date de création de l'Orchestre symphonique tunisien, la subtile et colorée «Suite des Nations : les Etats-Unis, la Chine, l'Espagne, la Russie et l'Egypte» de Mohamed Makni. Sans oublier la magie de «Shéhérazade» de N.Rimski-Korsakov aux couleurs orientales des Mille et Une Nuits. Une soirée sublime, digne de la célébration de la Fête de la musique, où l'Orchestre symphonique tunisien a assuré et confirmé, méritant amplement la standing-ovation qu'il a recueillie. Rappelons qu'avec ce concert, il a clôturé la saison culturelle 2012-2013 au Théâtre de la Ville de Tunis. Les férus de la bonne musique classique pourront le retrouver au Festival international de Carthage où il accompagnera Mejda Erroumi et Omar Khayrat, ainsi qu'au Festival international de musique symphonique d'El Jem.