La difficulté d'écoulement de la production au niveau de la majorité des secteurs est devenue un handicap majeur pour le maintien de l'activité économique. Plusieurs facteurs interviennent pour expliquer cette mévente. Au niveau extérieur, c'est surtout un export toujours en berne qui pénalise nos producteurs. Les marchés, notamment traditionnels, sont de moins en moins récepteurs. Plusieurs facteurs justifient la timidité du rythme des exportations. Il s'agit bien évidemment de la situation sociopolitique de notre pays, qualifiée encore d'instable et même de totalement incertaine. Il est vrai justement que le sentiment d'insécurité a affecté nettement la fluidité des circuits de distribution, a entaché le capital- confiance des importateurs étrangers qui préfèrent toujours des débouchés sûrs mais surtout durables. Et encore plus : cette même instabilité politique et sécuritaire a affaibli significativement le niveau d'implantation des entreprises étrangères en Tunisie. Les statistiques disponibles montrent clairement que depuis la révolution, un grand nombre de firmes internationales ont opté pour la migration vers d'autres pays, le Maroc notamment. Ce qui signifie un atout de moins à l'export. De son côté, la lourdeur des procédures administratives et la complexité de certaines dispositions fiscales continuent à constituer une entrave de taille pour l'écoulement. Il faut reconnaître également que la qualité de l'offre tunisienne n'a pas toujours répondu aux normes du marché international, ce qui explique la réticence parfois des importateurs étrangers. Cela est d'autant plus vrai que les donneurs d'ordres internationaux sont de plus en plus exigeants sur la question de conformité des normes. Au niveau local, les problèmes sont d'autres natures. Et c'est surtout cette question de la baisse sensible de la consommation qui a affecté le bon écoulement de la production nationale. Justement, avec la tendance haussière continue des prix, le ralentissement des activités au niveau de certains secteurs, la difficulté d'accès aux financements, et la diminution du pouvoir d'achat ont eu un impact négatif direct sur le niveau de consommation. Sans parler de l'évolution inquiétante du taux de chômage. A ce propos, les dernières statistiques de l'INS relèvent que durant le deuxième trimestre de l'année en cours, ce taux a enregistré une nouvelle augmentation passant ainsi de 15 à 15,2%. Mais, ce qui est plus alarmant, c'est le niveau du taux de chômage des diplômés du supérieur, toujours élevé (une légère baisse durant ce dernier trimestre). Ce qui représente une menace sérieuse à la chaîne de valeur productive. En plus de toutes ces questions, l'on estime que la contrebande et le marché parallèle ont contribué largement à ce problème de mévente de la production. On rappelle dans ce contexte que le marché informel en Tunisie connaît régulièrement un rythme d'évolution très accéléré, pour constituer ainsi une réelle menace à la santé de l'économie nationale. Ce secteur, faut-il encore le souligner, assure à lui seul, environ 51%, avec un montant de plus de 40 milliards de dinars, et se retrouve à l'origine d'un manque à gagner fiscal de l'ordre de 2 milliards de dinars. Autant de facteurs qui ont créé un déséquilibre inquiétant entre l'offre et la demande et qui imposent aujourd'hui un plan d'actions rigoureux qui aurait pour mérite de rétablir et revaloriser rapidement certains fondamentaux de notre économie.