Par M'hamed JAIBI L'augmentation des prix des tickets dans le transport public annoncée par le ministre du Transport, dans l'esprit d'atténuer l'impact du triplement des coûts supporté par les compagnies nationales, donne un signal de rigueur et de rationalité, après cinq années de laxisme populiste et de démagogie généralisée. Dans la plupart des pays, les transports publics sont un secteur irrémédiablement déficitaire, que relaient des moyens de transport collectif privés offrant plus de confort ou de spécificités. En Tunisie, diverses sociétés de ce type ont vu le jour et desservent autant les quartiers riches que les cités populeuses. Et les citoyens choisissent, malgré des prix nettement plus élevés, de recourir à leurs bus pour leur présumé confort et leur promesse de ponctualité, deux critères qui, pourtant, ont perdu de leur superbe avec le temps et du fait de l'affluence. Certes, augmenter le prix des transports publics n'est pas une mesure spécialement «populaire», et médias, opposition, syndicats et citoyens ne manqueront pas de crier haut et fort au «scandale», au vu de cette «nouvelle détérioration du pouvoir d'achat», mais l'évolution naturelle des coûts, du fait de l'inflation et du renchérissement touchant les divers produits et marchandises sur le marché international, nécessite un prompt accompagnement devant rationnaliser la consommation nationale et atténuer les déficits touchant le budget de l'Etat, un pari auquel ont d'ailleurs souscrit, à des degrés divers, autant le gouvernement actuel que celui de Mehdi Jomâa. Alors que les coûts du carburant et des bus achetés ont triplé, les tickets n'auraient augmenté, sur la même période, que de 17%, accentuant ainsi considérablement le déficit accusé par les sociétés de transport public et affaiblissant les moyens de ces compagnies, d'où la vétusté du parc et une maintenance défectueuse, que la revalorisation des recettes pourront corriger quelque peu. Cette mise à jour des prix qu'envisage le ministère du Transport devrait également concerner peu à peu tous les produits compensés, dont l'impact sur le budget de l'Etat ne cesse de gonfler, atteignant des proportions insupportables. Ainsi, le gouvernement choisirait, au lieu de la suppression totale de la compensation suggérée par le FMI et la Banque mondiale, un maintien de celle-ci avec une légère revalorisation des prix de détail que devront payer les citoyens. Et cela pourrait, à terme, concerner également les carburants, malgré la chute de leurs prix mondiaux, dans la mesure où, au même moment, la production nationale d'hydrocarbures a baissé, entraînant une augmentation des importations grevant le budget de l'Etat.