On parle de Jabou à l'EST et de Duarte au CA, à la place de Sanchez Il y a comme un parfum de nouvelles révélations, de changement de trajectoire et d'alternatives au sein de deux clubs aussi prestigieux l'un que l'autre dans le football tunisien. De nouveaux espoirs, comme rarement, pointent à l'horizon du CA et de l'EST. Peut-être une nouvelle donne dans leur histoire contemporaine. Il est important de savoir comment ces deux équipes vivent les moments difficiles, les passages à vide, pourquoi ils en sont arrivés là et comment ils ont envie de changer. Aujourd'hui, l'idée est de repartir sur un nouveau cycle, avec de nouvelles priorités, de nouvelles exigences. Et surtout des hommes capables de faire prendre la mayonnaise, de trouver la bonne alchimie face aux contraintes auxquelles ils sont de plus en plus confrontés. Les témoignages de bonne volonté ne suffisent pas. Les bonnes intentions aussi. C'est pourquoi ils ne devraient pas se démonter et ils sont appelés à continuer à chercher leur salut sans relâche, même s'ils sont encore marqués par des excès de comportement, fruits de faiblesses terriblement humaines, des écarts qui ont défait leur histoire. L'Espérance a commencé à faire le ménage. A remettre les choses, mais aussi les personnes, à leurs places. Riadh Bennour revient au bercail après que ses successeurs ont montré leurs limites, leur incompétence. Mais surtout l'inaptitude à se fondre dans ce qu'il excellait. Bennour, l'homme des situations difficiles, n'a pas attendu longtemps pour confirmer l'idée que le public «sang et or» a de lui. Il revient en force et veut jouer un grand coup. Du genre réhabiliter les joueurs que d'autres équipes avaient délaissés. On parle aujourd'hui de changement de direction de Jabou vers l'Espérance après avoir été lâché par le Club Africain. Si cela se confirme, il ne manquera pas à l'occasion de revenir par la grande porte au moment où ceux qui l'avaient remplacé avaient excellé dans l'échec. Si le CA se fait en quelque sorte piéger dans cette affaire, il ne manque pas, lui aussi, de faire la même chose avec le CSS. Les clubistes pensent à Duarte pour remplacer Sanchez aux destinées techniques de l'équipe. Au CA, le temps est aussi aux remises en cause. Le nouveau contexte impose forcément un mode de fonctionnement différent et susceptible de placer l'équipe dans des conditions optimales. La victoire est parfois plus difficile à gérer que l'échec Que ce soit au CA, à l'EST, ou dans d'autres clubs, on a pris l'habitude de faire payer les entraîneurs pour tout ce qui se passe. Cela n'a jamais fait avancer les choses. Il y a un constat qui n'a pas évidemment de valeur de règle absolue, mais il y a des moments où il faut savoir vivre avec l'échec. Parfois, la victoire est plus dure à gérer que l'échec. C'est ce qui s'est justement passé au CA après la consécration en championnat. Une équipe qui n'a pas de présent, ni d'avenir, n'a pas de légitimité et même si cela ne représente pas grand-chose, elle finit toujours par prendre de recul. Envahis par le doute, rongés par l'épuisement, aussi bien physique que moral, les joueurs clubistes et espérantistes, par-delà leur rendement sur le terrain, leur comportement ou autres gestes et attitudes, ont aussi participé au développement d'un certain malaise dans leurs équipes respectives. De façon générale, on a servi «la soupe» au football le plus dénaturé, le plus inconvenant. L'opacité des faits laisse en suspens une question majeure : n'avait-on pas contribué, ici et là, aussi bien par maladresse que par malveillance, à l'installation d'un climat d'instabilité et de doute ? Les éclats, que ce soit dans les coulisses ou tout autour, compromettent de plus en plus l'image de marque de ces clubs. C'est le règne de l'énigme et de la confusion. Ceux qui ont apparu au hasard des contextes et des opportunités ont prouvé qu'ils sont dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet sportifs. A l'origine, une politique, un modèle et une stratégie largement en déphasage avec l'évolution du football et aussi peu innovants. Sans faire de mauvais jeu de mots, tout ce qui est entrepris aujourd'hui par le CA et l'EST n'est pas gagné d'avance, et encore moins assuré. Mais nous osons penser à la reconquête des cœurs au regard de l'urgence comptable. Finalement, le mythe clubiste et espérantiste va-t-il survivre à la dure réalité de ces deux clubs? La volonté d'arranger les choses et de combler les défaillances est toujours là. Mais la civilisation du football n'est plus vraiment comme avant. Alors, mythe éternel ou nouvelle incarnation?