Au cas où l'ex-coach national débarquerait au parc A, il ne sera pas là pour prendre la relève, mais plutôt pour remettre de l'ordre dans le jardin d'une équipe égarée Résumer le parcours du Club Africain à une consécration de championnat, du reste amplement méritée, ce n'est ni une abondance, ni une parodie. Quelques matches après, pareil exploit s'est trouvé souillé par une poignée de personnes égarées dans leur raisonnement à l'emporte-pièce. Les événements ont d'ailleurs montré l'ampleur du mal: il n'y a plus de pilote dans l'avion clubiste, et pas de boussole pour connaître la direction à suivre. Nous avons encore peine à croire que tout cela ait pu se produire, notamment après le titre de championnat. Mais quelque part, le limogeage de Sanchez était de plus en plus annoncé. Voire consommé. L'invisible qui mine l'édifice Il est indispensable de tirer les enseignements de cette dérive qui ne cesse de marquer le parcours de l'équipe. Qu'on le veuille ou non, on doit admettre qu'un club de l'envergure du CA ne peut plus être laissé au pouvoir de quelques personnes et d'une seule vision. Il faut trouver les solutions adaptées pour renforcer la crédibilité et l'honneur d'un club certainement pas comme les autres. Une façon, aussi, de reconnaître l'échec de l'entraîneur, mais aussi de tous ceux qui se sont érigés en décideurs au sein du club. Et là, nous n'évoquons pas l'invisible qui mine l'édifice, l'état d'esprit qui affecte la vie collective et l'inaptitude de certains à se fondre dans le cadre défini et à en accepter les règles. On prend ainsi la mesure du malaise et on réalise que derrière un problème technique se cachent d'autres ressentiments. Dans un club qui est plus qu'un club, il faudrait en effet être plus qu'un président, plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer. Mâaloul n'a rien promis pour succéder à Sanchez, mais il fera tout pour revenir au CA. Il y a des valeurs, des souvenirs bons ou mauvais, qui marquent leur temps, donnent à leur époque des lettres de noblesse, ou les marquent du sceau de l'offense. Certaines périodes célèbrent l'exploit et les prouessses. D'autres annoncent l'abdication et la faiblesse. A sa façon de travailler et de s'impliquer, Nabil Mâaloul se fait l'idée que chaque passage dans un club est à lui seul un parcours, une vie. Ici et là, sa reconversion se traduit par des façons d'être, de faire et de penser différentes. Si, pour certains entraîneurs, il est urgent de changer pour tout changer au moment de débarquer dans un nouveau club, pour lui, le changement ne signifie pas nécessairement une rupture avec tout ce qui existe, tout ce qui a été accompli. Le CA a besoin aujourd'hui de repartir sur un nouveau cycle, avec une équipe compétitive, une masse salariale rationnelle et une politique et une stratégie complètement différentes. C'est pourquoi on cherche les personnes capables de trouver la bonne alchimie face aux exigences du moment. Mâaloul serait-il l'homme de la situation? Une chose est sûre: avec lui, beaucoup de choses commenceront au moment où d'autres finiront. Attention, il ne sera pas là pour prendre la relève, mais plutôt pour remettre de l'ordre dans le jardin d'une équipe égarée, une équipe dans laquelle la force de la jeunesse peut flamber mieux que l'expérience brevetée de certains marathoniens. Leurs aptitudes sont de nature à enjoliver la construction collective. Mâaloul a confirmé l'existence de contacts avec le CA. Mais son contrat avec l'équipe nationale koweïtienne court encore. Avec des avantages et des primes qu'il ne trouvera point en Tunisie. Quels que soient les sacrifices auxquels il consentira, il coûtera cher aux clubs tunisiens. On parle aujourd'hui d'un salaire avoisinant les 120 mille dinars au cas où il débarquerait au CA. Ce dernier a-t-il vraiment les moyens pour se permettre autant de dépenses pour un entraîneur? Il faut dire que tout ce qui peut paraître comme un excès dans l'engagement de Mâaloul peut se transformer en réussite éclatante...