La Chine vacille, le monde tremble. Effet immédiat : les cours du pétrole ont perdu lundi jusqu'à plus de 6%. «La chute des prix du pétrole va nous donner l'illusion que nous améliorons les grands équilibres macroéconomiques du pays. Cette chute ne change pas les problèmes structurels. Elle nous offre tout au plus un répit relatif pour avoir enfin l'audace d'engager des réformes», soutient l'économiste Radhi Meddeb La Chine vacille, le monde tremble. Effet immédiat : les cours du pétrole ont perdu lundi jusqu'à plus de 6 %. Le Brent de la mer du Nord a perdu jusqu'à 6,6 % (2,95 dollars), à 42,51 dollars le baril. Le brut léger américain perdait 1,93 dollar (4,8 %) à 38,52 dollars, après avoir abandonné jusqu'à 6,7 % à 37,75 dollars, son plus bas niveau depuis février 2009. Quelles en seront à court-moyen terme les retombées sur l'économie tunisienne ? Pour le pays, il y a manifestement un avantage à tirer d'une telle situation. Chaque dollar qui baisse sur le prix du pétrole équivaut en effet à une économie de 30 millions de dinars pour le budget de l'Etat, soit, en termes annuels et si la chute des cours du pétrole se poursuit, une économie de plus de 300 millions de dinars dans la Caisse de compensation. Gare à l'éffet anesthésiant L'impact mécanique sur la balance énergétique est par ailleurs évident. Pour l'économiste Moez Labidi, la chute des prix du pétrole pourrait alléger les dépenses de subvention sur l'énergie, c'est aussi une excellente opportunité pour remettre sérieusement au gôut du jour le principe de l'indexation des prix au cours du pétrole ». « Cette situation pourrait , ajoute-t-il, se traduire par une baisse de la tension revendicative sur le budget de l'Etat , elle offre une plus grande marge de manœuvre pour les finances publiques ». « La chute d'aujourd'hui n'a pas grand-chose à voir avec les fondamentaux du marché du pétrole, c'est à cause de la Chine », estime Radhi Meddeb. « Il y a la peur d'un atterrissage brutal, il y a des inquiétudes fortes que la machine chinoise se grippe : la Chine n'atteindra pas les 7% de croissance du PIB fixés pour cette année, mais cabotera plus certainement autour de 3%. Il y a également de sérieuses inquiétudes sur le degré de durabilité environnementale et sociale de la croissance chinoise». Corroborant l'analyse faite par Moez Labidi en termes d'impact de la chute des prix du pétrole sur l'économie tunisienne, Radhi Meddeb craint cependant que «cette manne qui nous est tombée du ciel n'ait l'effet d'un anesthésiant ». « La chute des prix du pétrole va nous donner l'illusion que nous améliorons les grands équilibres macroéconomiques du pays. Cette chute ne change pas les problèmes structurels. Elle nous offre tout au plus un relatif répit pour avoir enfin l'audace d'engager des réformes ». Un certain répit dans la mesure où, explique-t-il, la chute des cours du pétrole va se répercuter négativement sur la croissance en Europe et que l'on va importer chez nous cette décélération ». Au final, pour l'économie tunisienne , il y a « tout naturellement » un avantage à tirer de la chute record des prix du pétrole. Un avantage cependant tout relatif. Le plus grand et précieux avantage à tirer de cette situation serait de savoir pouvoir, insiste Radhi Meddeb, « profiter de cette manne céleste pour remettre de l'ordre dans la nation ».