«Les grands maîtres», une exposition regroupant les œuvres inédites d'Aly Ben Salem, Jallel Ben Abdallah, Adel Megdiche, Picasso, Ernest Brandt, C.Andersen, Odelmark et Hjotzberg à la galerie Saladin à Sidi Bou Saïd. C'est par «les grands maîtres» de la peinture orientale et occidentale que Ridha Souabni, hôtelier culturel et directeur de la Galerie d'Art Saladin de Sidi Bou Saïd, a choisi d'inaugurer la rentrée culturelle 2015-2016 en organisant une exposition d'envergure regroupant les œuvres des pionniers de la peinture occidentale et orientale. Dans le but de permettre au public de partager le plaisir de découvrir des œuvres rares et authentiques de pionniers tunisiens à l'instar de Aly Ben Salem, Jallel Ben Abdallah, Adel Megdiche et de quatre scandinaves orientalistes (danois et suédois) qui ont su capter la lumière et les couleurs si particulières de la Tunisie d'antan, citons : Ernest Brandt, C.Andersen, Odelmark, Hjotzberg sans oublier une lithographie du grand Picasso. Une belle occasion, donc, de voir de près l'œuvre de grands maîtres qui ont consacré leur vie aux arts plastiques, essayant toujours de percevoir et d'évoquer la sensibilité humaine, de représenter leurs «rêves» sur la toile et de donner une dimension intemporelle à leur art. En contemplant l'ensemble des tableaux qui trônent majestueusement sur les cimaises de la galerie, on est d'emblée frappé par la splendeur des couleurs, des formes et des traits. Vingt-six chefs-d'œuvre du maître Aly Ben Salem (grands formats, fresques, miniatures sur verre, au feutre, etc) à travers ses œuvres exposées, réalisées surtout dans la période des années 50 jusqu'en 2001, l'époque où le ton général de sa peinture s'affirme et devient vite reconnaissable. C'est là où il donnait libre cours à son imaginaire, nous dévoilant sa propre vision de la femme et de l'homme, qu'on retrouve dans un jardin «édénique» fleuri, parsemé de créatures fantastiques : des dromadaires bleus, des gazelles blanches, des colombes ou des paons multicolores. Inspiré par la mythologie grecque et la littérature à la fois occidentale et orientale, il livre l'image qu'il conçoit des couples légendaires Antar et Abla ou Roméo et Juliette. Résultat, une palette des plus riches dont l'orchestration, juste et raffinée, du trait aux couleurs, évoque une beauté empreinte de mystère. La lumière, éclatante, est au cœur des créations dont le sensuel est servi par la subtilité des couleurs, nuancée de sensibilité. Pas trop loin des œuvres de Ben Salem, on retrouve «Les mystérieuses encres de Chine» d'Adel Megdiche, ainsi que les magnifiques toiles de Jallel Ben Abdallah. Leurs œuvres renouvellent ce même bonheur fragile et cette perception d'un instant privilégié qui relie l'amateur à l'œuvre et nourrit l'accord profond qui existe entre l'œil mental et l'œil visuel. Ces artistes maîtrisent plus d'une technique dans leur art ; des plus simples aux plus ardues : huile sur toile, techniques mixtes, aquarelle, encre de Chine... tous au service d'un don des plus sûrs. Parmi les grands maîtres, des peintres européens qui étaient de passage pour quelque temps ou pour plusieurs années en terre nord-africaine, prenant le temps d'immortaliser une Tunisie fantasmée ou réaliste, et d'en faire les promoteurs auprès d'un Occident curieux d'Orient, et guetteur d'une lumière et de couleurs plus chaudes et intenses. On retrouve Picasso (lithographie), Ernest Brandt, C.Andersen, Odelmark, Hjotzberg, qui ont trouvé matière dans notre pays, ils ont puisé dans son répertoire graphique et naturel, produisant des compositions où se mêlent textures et transparence, luminosité et scintillement, sensations abstraites et représentations figuratives. Les formes appellent des formes et des sensations dans des créations rigoureuses, où l'harmonie et la finesse font de ces œuvres qui dialoguaient entre elles un témoignage beau, remarquable et intemporel. Des œuvres inédites où l'on célèbre la beauté de l'art et de l'humain à la manière des «Grands». L'exposition s'étalera jusqu'au 15 septembre.