Le coach doit se débarrasser de son conservatisme Cela fait belle lurette que le public «sang et or» n'a pas savouré une vraie victoire. Ses favoris ne font que collectionner les déboires, tant en compétition nationale que continentale. Après le titre 2014, l'EST a sombré pour quitter la Ligue des champions sur la pointe des pieds. Krol était parti et on avait cru qu'avec Desabre l'équipe allait retrouver un tant soit peu ses sensations, mais c'était compter sans cette léthargie qui avait gagné ses rangs et ce déficit de lucidité de ses dirigeants. Ces derniers n'avaient pas su gérer la nouvelle situation pour circonscrire le mal à temps. Et c'est ainsi que le démarrage de l'exercice 2014/2015 fut tout simplement catastrophique avec une défaite dès l'entame du championnat à Radès. Changer d'entraîneur était la solution de facilité à laquelle on a souvent recours. Ben Yahia, en débarquant, a trouvé des joueurs complètement désabusés avec une indiscipline indescriptible dans les rangs de l'équipe. Il lui a fallu du temps pour remettre de l'ordre et engranger quelques points, mais sans pour autant que l'EST donne l'impression de s'être remise en selle. Avec Ben Yahia c'était une marche en dents de scie, on fait bonne figure dans les classiques mais on flanche face aux adversaires aux moyens limités. Une fois de plus, il fallait changer de technicien, selon, bien sûr, la logique des dirigeants qui optèrent pour De Moraïs, un entraîneur qui avait déjà été remercié en 2009. Valse des techniciens Cette valse des techniciens n'a pas apporté la stabilité exigée et a contribué en grande partie à des perturbations au sein de l'équipe. Parmi l'effectif, des joueurs qui n'avaient plus leur place furent à chaque fois repêchés par le nouveau venu qui ne connaissait rien sur leurs réelles aptitudes et capacités. Ces joueurs-là sont en partie derrière le mal que vit l'EST. Ils sont blasés, ils traînent une poisse qui finit par gagner leurs coéquipiers et par rendre toute sortie du tunnel presque impossible. Ils sont là en véritables rentiers et rendent le plus mauvais des services à leurs couleurs. Ces joueurs-là auraient dû partir depuis belle lurette, mais ils sont encore là. Souayeh qui venait de débarquer depuis un mois était bien placé pour le savoir, lui qui lorgnait entraîner l'EST depuis un certain temps et n'attendait qu'un signal du premier dirigeant du club. Sa venue aurait dû s'accompagner de décisions sans compromis. Il aurait dû trancher dans le vif pour éloigner de son effectif ces traine-poisse. Il n'avait aucune excuse pour ne pas le faire. Avant de chercher le résultat, Souayeh aurait dû penser batîr un ensemble solide capable d'assurer ce résultat. Et ce n'est pas avec du vieux qu'on fait du neuf. Point de sentiment ni de ménagement là-dessus, surtout après les derniers recrutements dont la plupart sont de valeur. Des recrues et des jeunes de valeur Souayah dispose d'un effectif des plus riches sur la place, composé de jeunes et moins jeunes, étrangers et locaux. Il n'a qu'à faire le bon choix pour former son groupe pour ensuite repartir du bon pied dans sa quête des titres. Mais force est de constater que le nouvel entraîneur «sang et or» s'est montré lui aussi conservateur et un peu frileux pour ne pas oser prendre les dispositions qui s'imposent. Il n'a fait que commettre les erreurs de ses prédécesseurs, pourtant, on avait bien cru que quelque chose allait changer. Peine perdue, puisqu'on est toujours logé à la même enseigne avec une équipe composée d'éléments complètement hors du coup sur le plan physique et mental. Face à l'ESS, au vu du nombre réduit de joueurs à sa disposition, on ne pouvait lui faire le moindre reproche, mais face à l'ASM la donne était différente et Souayah était appelé à faire preuve d'audace dans ses choix, il ne l'a pas fait, il n'a pas eu peut-être le courage de le faire, espérant réussir l'entame de la compétition avec des joueurs expérimentés. Un pari raté et une énième sortie ponctuée d'une défaite qui n'augure rien de bon pour l'EST qui erre depuis bientôt deux ans dans ses contradictions, sans qu'elle parvienne à retrouver le droit chemin. Souayeh est devant une chance inouïe pour y parvenir. Saura-t-il saisir cette opportunité et s'inscrire en faux par rapport à ses prédécesseurs? C'est là toute la question à laquelle il devra répondre au plus tôt et sur le terrain avec les changements qui s'imposent et qui ne peuvent plus attendre. Sinon, il aura tout perdu de l'aura et des préjugés favorables qui l'avaient précédés. A lui d'oser et de montrer qu'il est l'homme de la situation.