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Un enjeu de taille
Bras de fer Ugtt/Utica
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 10 - 2015

S'il n'est pas bien pris au sérieux et résolu d'une manière radicale, le différend entre les deux protagonistes sociaux pourrait bien prendre de l'envergure et produire un effet boule de neige
On assiste au premier vrai bras de fer entre les deux grandes organisations sociales, l'Ugtt et l'Utica. Chacune des deux parties campe sur ses positions initiales et veut amener l'autre à plier et à faire des concessions. La première menace de décréter une grève générale dans le secteur privé, la seconde refuse de poursuivre le dialogue sous la pression. Et la crise politique et économique vient s'aggraver par une crise sociale qui pointe à l'horizon. Mais, pourquoi se manifeste-t-elle en ce moment précis après qu'on a cru que les difficultés étaient aplanies ? Etait-ce un soulagement réel? Ou bien un optimisme béat ?
Un conflit musclé
Malgré des propos qui se veulent rassurants émanant de part et d'autre, on ne peut s'empêcher de dire que cette fois-ci le torchon brûle entre les deux organisations syndicales, et pour de bon. On croyait que le désamorçage relatif de la crise de la rentrée scolaire, entre le gouvernement et les syndicats de l'enseignement, allait dissiper les nuages qui assombrissaient le ciel social et politique du pays. Malheureusement, cette situation n'a pas beaucoup duré et nous revoilà à nouveau en pleine crise, une crise encore plus aigüe, puisqu'elle oppose les deux plus grands protagonistes de la scène sociale, la centrale syndicale et la centrale patronale. Cette relation hyper tendue entre les deux principaux partenaires sociaux est illustrée par les clashs entre Belgacem Ayari et Wided Bouchamaoui, les stars de la semaine qui étaient les plus sollicités par les médias. Le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale accuse la patronne de l'Utica de ne pas honorer ses engagements et celle-ci lui rend la pareille en le traitant d'irresponsable et de colporter de fausses informations. Le leader syndical a, en effet, accusé certains hommes d'affaires, notamment la famille Bouchammaoui, de jouir de plusieurs avantages et de se dérober aux impôts. Chose qui était catégoriquement démentie par la présidente de l'Utica qui a soutenu que les fraudeurs en matière de fisc appartiennent au secteur informel et que leur organisation ne défend pas les contrevenants. Seulement, son plaidoyer en faveur de sa propre famille, soupçonnée d'évasion fiscale et de tirer illégalement des profits de leur position avantageuse, et qui est tourné au panégyrique, n'était pas convaincant du tout. Le plus simple ne serait-il pas de privilégier la transparence et de proposer que l'on procède à des enquêtes pour couper court aux accusations? Le responsable syndical a, en outre, accusé le patronat de refuser leurs droits aux employés aux secteurs des cafés, du gardiennage, du transport de marchandises et d'hydrocarbures, de la distribution en gros de médicaments, des jardins d'enfants et du cinéma. Pour sa part, Wided Bouchamaoui appelle à prendre en considération les difficultés des entreprises, dont 90% sont petites ou moyennes. Ces difficultés sont à imputer, en partie, aux mouvements de grève incessants et, donc, au manque de la production et de la productivité, selon elle. Autrement dit, elle pose ces deux éléments comme conditions sine qua non pour toute augmentation de salaire. M Ayari refuse totalement ce lien, tout en précisant que la question de la productivité concerne chaque entreprise à part, et qu'il est impossible de l'appliquer indistinctement à toutes les autres,tout en se disant prêt à diffuser davantage cette culture déjà présente parmi les ouvriers, une fois qu'ils auront obtenu leurs droits. D'autre part, chacune des deux unions prétend être le précurseur du dialogue et accuse l'autre de l'avoir saboté. D'ailleurs, la non-participation de l'Utica au forum d'avant-hier autour de « l'initiative nationale pour une loi de base d'une économie sociale et solidaire », organisé par l'Ugtt, ne ferait qu'approfondir encore plus le fossé entre les deux parties et condamnerait ce dialogue à l'étiolement et au dépérissement. L'animosité entre elles est telle que le secrétaire général adjoint, Sami Tahri, a publié sur sa page facebook : « Pour la deuxième fois, je crains pour la vie d'un camarde, c'est celle de Belgacem Ayari».Ces hostilités prennent l'allure d'une compétition enflammée, étant donné que Mme Bouchamaoui puise ses armes dans l'histoire et le poids social, en rappelant qu'une seule année sépare la naissance des deux organisations et que l'Utica ne représente pas seulement les hommes d'affaires, mais également tout titulaire d'une patente. Pourquoi l'avoir rappelé maintenant au plus fort de la crise? N'y a-t-il pas là une intention, de sa part, de dire que l'Ugtt n'est pas la seule grande force du pays et que l'Utica rivalise avec elle sur un pied d'égalité? Donc, on voit très bien que le conflit a tendance à devenir de plus en plus musclé. On tire à boulets rouges de part et d'autre, sans s'épargner le moins du monde. Bien au contraire, chacun essaye de saisir entièrement l'opportunité qui se présente à lui pour asséner des coups décisifs à son vis-à-vis afin qu'il soit mis KO et ne l'importune plus. On n'est plus face aux petites remontrances ordinaires qui jaillissaient, de temps en temps, juste pour sermonner l'autre et poursuivre aussitôt le chemin la main dans la main. Finies les noces du Dialogue national et les affectueuses accolades qui le caractérisaient ; aujourd'hui, on passe à un nouveau palier où on se bouscule pour provoquer la dégringolade de celui qu'on amadouait, il y a quelque temps, en le précipitant de la plus haute marche des escaliers afin que sa chute soit retentissante et ses dégâts incommensurables. Certains observateurs pensent que l'Utica voudrait tirer avantage de la position désavantageuse de l'Ugtt, à cause de la vague de mécontentement provoquée par certaines grèves, qui l'a amenée à reporter unilatéralement celle qui était décidée, la veille de l'Aïd, dans le secteur de transport des marchandises et des hydrocarbures.
Le syndrome de la division
M Moez Sinaoui, porte-parole officiel de la présidence de la République, a affirmé que le président n'épargne pas d'effort pour essayer de rapprocher les points de vue et de réconcilier les deux parties, tout en insistant sur la nécessité de résoudre toutes les difficultés au moyen du consensus, sans oublier de faire allusion, toutefois, au projet de réconciliation économique et financière, puisqu'il en a rappelé le fondement, à savoir l'intégration des hommes d'affaires dans la vie économique. Et c'est justement ce qui constitue le facteur majeur de discorde. Ne serait-ce pas ce point de recoupement entre le pouvoir exécutif, avec ses deux têtes, et le syndicat patronal qui se trouve à l'origine du conflit entre ce dernier et l'Ugtt? Car il ne faut pas oublier que la centrale syndicale compte parmi les farouches opposants à ce projet dans lequel elle verrait une connivence entre les deux premiers. Il est vrai que l'Utica était restée en dehors de la polémique qui s'est animée autour de cette question controversée relative à la réconciliation. Néanmoins, des observateurs estiment qu'elle était contrainte à emprunter cette stratégie de communication, vu qu'elle est la grande bénéficiaire dudit projet. En d'autres termes, elle devait se faire oublier pour ne pas soupçonner un quelconque rôle de sa part dans son élaboration, ce qui aurait exposé le projet à un refus général. Mais, le plan d'action de l'Utica, annoncé, avant-hier, par Mme Bouchammaoui et qui sera présenté dans le cadre d'une conférence de presse au cours du mois en cours, comme elle l'a précisé, ne participe-t-il pas, d'une manière ou d'une autre, à nourrir ces suspicions ? Il est à rappeler, à ce propos, que la présidente de l'Utica a déjà présenté, il y a quelques mois, à l'Arp, un plan de sauvetage économique, comprenant neuf axes, aux niveaux économique, social et sécuritaire. Le syndicat patronal considère que ce programme, qui est finalement signé par vingt-six entreprises, est la résultante de consultations avec les parties gouvernantes. Mais, est-ce qu'un projet d'envergure nationale peut être considéré comme tel s'il n'est pas l'œuvre de toutes les principales forces sociales? En d'autres termes, a-t-il des chances de réussir en l'absence de l'Ugtt? Et que cache-t-elle l'éviction délibérée de celle-ci? Selon les informations ébruitées, les neuf axes du plan de sauvetage se résument en l'amélioration du climat des affaires, à travers l'investissement de l'Etat dans l'infrastructure et la logistique, l'établissement des incitations financières et fiscales en faveur des hommes d'affaires, la sécurité, c'est-à-dire la lutte contre le terrorisme, avec tout ce que cela implique comme interdiction des grèves et des revendications. Le patronat n'en resterait pas là, il demanderait également qu'on le gratifie de mesures simplificatrices, au triple plan procédural, financier et douanier, ainsi que la révision du taux de l'impôt sur les sociétés. Donc, d'après des experts, ce plan de sauvetage ne sauvera rien, et la situation, déjà aggravée par un gouvernement qui navigue à vue et une situation économique et financière désastreuse, illustrée encore une fois par la chute considérable dans le classement de Davos, risque fort de se compliquer davantage, notamment avec ce conflit qui oppose les deux composantes majeures de la société qui risque ainsi d'être sérieusement divisée. Et il est question de la pire des divisions, étant donné qu'elle est beaucoup plus profonde et beaucoup plus sévère que celles qui se basaient sur des considérations régionales ou tribales qui n'ont pas fait long feu et fini toutes par échouer, à cause de leur caractère aussi bien superficiel que fallacieux notoire. Là, on est sur des bases réelles et solides, ce qui veut dire que s'il n'est pas bien pris au sérieux et résolu d'une manière radicale, le différend entre les deux protagonistes sociaux pourrait bien prendre de l'envergure et produire un effet boule de neige. Et si cela se produisait sans que l'on essaye de fondre celle-ci ou, du moins, d'en réduire l'élan, le choc risque d'être retentissant et c'est l'ensemble de l'édifice social qui se trouverait ébranlé. C'est l'enjeu que représente ce bras de fer entre les deux centrales qui, visiblement, chacune d'elles veut faire assumer la responsabilité de la crise actuelle à l'autre et lui en faire supporter le fardeau. Cette épreuve de force est de taille, et il faudrait bien s'en représenter les répercussions néfastes au cas où cette crise ne serait pas enrayée à temps. C'est la tâche ardue qui attend le ministre des Affaires sociales, M Ammar Youmbaii. Il est appelé à statuer sur le dossier relatif aux augmentations salariales dans le secteur privé et à assurer la poursuite des négociations, se rapportant à l'accord-cadre commun entre les deux acteurs sociaux, prévue pour le début de la semaine prochaine. Espérons qu'elle sera celle de l'apaisement...


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