«Les médias doivent accompagner les changements qui s'opèrent dans le pays, et conforter les principes d'ouverture, de tolérance et du droit à la différence» Les médias du secteur public sont sous la loupe. Un colloque est organisé par la haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, Haica, sur le thème «Les médias audiovisuels du service public en Tunisie : quelles mutations ?». L'ouverture officielle s'est tenue hier après-midi dans un hôtel de la banlieue nord, présidée par le chef du gouvernement, M. Habib Essid. La manifestation, elle, voit la participation de plusieurs délégations et professionnels des pays arabes et méditerranéens. Nouri Lajmi, président de la Haica, a adressé le mot de bienvenue, en rappelant dans une allocution concise la mission qui incombait aux médias publics à l'aube de l'indépendance, à savoir divertir et surtout diffuser une culture nationale. Mission qui s'est effritée progressivement. La radio et la télévision nationales, logées à l'époque à l'avenue de la Liberté, sont devenues «des instruments à la solde du parti unique». Après ce détour par l'histoire récente, M. Lajmi a présenté brièvement le rôle de la Haica en tant qu'instance de régulation qui se doit de garantir les principes de liberté, d'indépendance et de pluralisme des médias audiovisuels publics, et à terme de garantir leur adhésion à un projet démocratique national en passe de se concrétiser. Le chef du gouvernement s'est félicité pour sa part de la constitutionnalisation de principes comme celui de la liberté d'expression et de penser. Au fil d'une allocution mesurée, le chef du gouvernement a toutefois glissé des messages à l'adresse de la profession et de tous les intervenants du secteur, en attendant, a-t-il fait remarquer, la mise en place d'une autre structure en charge de réguler la presse écrite. «Garantir l'indépendance et la liberté des médias certes, mais se conformer aux standards de rigueur et de fiabilité», a précisé M. Essid. Il a regretté que faute de crédibilité, de pluralisme et à cause de l'interventionnisme des pouvoirs en place, de publics, les médias sont devenus gouvernementaux. Un piège dont il faut sortir, en précisant au passage qu'il faut du souffle, des moyens, de la bonne gouvernance au niveau de la direction et des structures de financement. Au service de tous les publics Habib Essid a insisté sur le fait que les médias audiovisuels publics doivent accompagner les changements qui s'opèrent dans le pays, et conforter les principes d'ouverture, de tolérance et du droit à la différence. Quelques conseils ont été adressés aux journalistes comme de se maintenir à égale distance avec les partis politiques et les groupes d'influence et se mettre à l'abri de tout penchant régionaliste ou de quelque nature qu'il soit. Pour ajouter fermement et à titre de recommandation, qu'«il n'y a pas de neutralité vis-à-vis du terrorisme». Un document a été distribué avec le dossier de presse et le programme, élaboré par le Conseil de l'Europe, lequel a pour mérite de répondre à nombre de questionnements qui peuvent concerner la restructuration des médias publics dans un pays comme le nôtre, en voie de transition démocratique. Le colloque qui se tient sur trois jours donnera la parole aux professionnels et hauts responsables des médias audiovisuels publics en Tunisie et ailleurs. Ils auront à débattre devant un public averti de thématiques comme «Médias de service public et participation démocratique», «Problématique du passage d'un média gouvernemental à un média public», «La gouvernance d'un média public, des principes à la pratique», ou encore «Pour un service public au service de tous les publics». Nous y reviendrons...