Au-delà de la nette baisse de régime de la seconde mi-temps face au Gabon, c'est surtout le comportement d'une défense qui a pris l'eau qui inquiète. Le constat est cruel: depuis voilà 13 rencontres, l'équipe de Tunisie prend au moins un but à chacune de ses sorties. Une véritable série noire. Avant-hier, elle en a même pris trois d'un seul coup. Ni face à l'Allemagne ni au Brésil. Tout simplement face au Gabon, 65e mondial qui prépare la Coupe d'Afrique des nations qu'il organisera en 2017. En fait, cela n'étonne plus quand on pense que le onze national avait encaissé un but devant le Liberia, et plus grave encore face à... Djibouti à Radès. Depuis sa sortie au Botswana (0-0), le 14 novembre 2014 aux éliminatoires de la CAN 2015, la Tunisie ne sait plus garder sa cage inviolée. Aymen Mathlouthi restait alors sur 360 minutes d'invincibilité. Le contraste est saisissant. Pourtant, la composition de l'arrière-garde n'a pas changé: vendredi soir, elle était formée de Aymen Mathlouthi, Hamza Mathlouthi, Maâloul, Syam Ben Youssef et Jemal qui remplaçait Abdennour, blessé. Juste devant la défense, pourtant, Ragued n'est plus là. Relevé par Yassine Meriah, secondé par Ferjani Sassi à la récupération, le travail de titan du discret pivot sang et or, son abattage, son engagement et son placement ont sans doute beaucoup manqué au team national. Un vrai gregario s'en est allé. On peut certes avancer l'argument des nombreux changements intervenus en seconde période, mais ceux-ci n'ont pas concerné directement la défense, sauf le poste de gardien de but où Mathlouthi a été relevé par un Farouk Ben Mustapha plutôt fébrile sur le 3e but, œuvre de Keylor Kanga. Loin d'être une arrière-garde expérimentale ! «En seconde période, on a laissé l'adversaire jouer librement, facilement», déplore le sélectionneur Henri Kasperczak. La défense a trop subi, manqué de rigueur et d'entente. Elle se révéla au final fébrile: passe en retrait de Ben Youssef qui met en danger son keeper (43'), grossière bourde de Meriah ce dont ne profite pas Evouna (77') . Le déchet technique mettait régulièrement en danger la défense. Y compris sur les balles arrêtées, les nôtres n'étaient pas à la noce, plusieurs corners ayant été repris par une tête gabonaise. Il fallut même un sauvetage sur la ligne de Maâloul (66') pour s'opposer à une tête adverse à la reprise d'une balle arrêtée. Sur le deuxième but gabonais, on se serait même cru à l'entraînement. Figée, manquant de concentration, la défense assista passivement à la triangulation dans la surface Aubameyang — Evouna — Lemina, conclue par le joueur de la Juventus (62'). Quelques instants plus tôt, l'attaquant d'Al Ahly du Caire, Malick Evouna transperça la défense tunisienne, partant de la gauche et passant en revue deux ou trois joueurs avant de servir Aubameyang lequel se trouvait fort heureusement en position de hors jeu. Bref, on a assisté vendredi à une défense-passoire qui remit en selle des Panthères pourtant largement dominés en première période. Ses largesses inquiètent à quelques semaines du deuxième tour éliminatoire de la coupe du monde qui opposera les Aigles les 9 et 17 novembre au vainqueur de la double confrontation Sud-Soudan-Mauritanie (1-1 jeudi dernier à Jouba, au match aller). Sans parler des deux matches du Chan prévus à Tunis devant la Libye (19 octobre) et le Maroc (24 octobre). Pourtant, on était bien loin d'une défense expérimentale puisqu'il s'agit pratiquement de la formule idéale (à l'exception d'Abdennour, absent). Il faudra serrer les boulons et se montrer plus costaud derrière.