Après une première soirée d'ouverture irakienne, voilà que nous partons, pour la seconde, à Azerbaïdjan. C'est la manifestation Mûsîqât qui nous propose pendant toute cette semaine des voyages musicaux vers différentes destinations, pour atterrir à la fin en Tunisie avec le concert de Hédi Habbouba. Mais avant la fin, il y aura des escales en Grèce, au Burkina Faso, en Argentine et en Italie. Découvrir un pays par sa culture musicale est une expérience passionnante et enrichissante ! Et on l'avait vécu lors d'un voyage à des destinations peu probables que seul Mûsîqâ,t puisse nous offrir, à travers la voix et le chant d'Arzu Aliyeva et sa troupe. Ce périple musical et culturel proposé, dimanche 18 octobre, fait partie du programme de la manifestation Mûsîqât qui atteint sa dixième année d'existence. Les invités de la soirée sont venus d'Azerbaïdjan nous faire découvrir leur art poétique et coloré et nous emmener avec eux dans un univers contemplateur, rêveur... Le public était déjà bien installé quand la chanteuse est apparue, accompagnée de sa troupe de musiciens. A côté d'elle, au milieu de la scène il y avait un violoniste, un luthiste et un flûtiste.La cantatrice, quant à elle, munie de son daf, ne perd pas une seconde. On entame aussitôt avec des sons et tonalités traditionnelles et classiques du mugham. En effet, le mugham est un genre musical traditionnel et savant de la musique azérie. Il s'agit d'une suite de mouvements liés à un mode particulier. Il associe le chant à des instruments traditionnels : le târ , le kamânche (vièle à quatre cordes) et le daf ou le doyre (grands tambours sur cadre, appelés aussi qaval). Le mugham azerbaïdjanais partage les caractéristiques artistiques du maqâm arabe, du radif perse et du maqâm turc. Depuis l'indépendance de l'Azerbaïdjan en 1991, on assiste à un renouveau du mugham ainsi qu'une certaine modernisation (enregistrements sonores) qui met en péril son caractère improvisé et le principe de sa transmission orale. . Mais revenons au concert, dans cette même ambiance douce, décontractée, au rythme très long, on a eu droit à des chants qui dépeignent les sentiments les plus ardents ; de l'amour de Dieu, de l'amour de la nature, de l'humanité... une musique et une voix qui s'élèvent jusqu'au mysticisme, jusqu'à la méditation. Et on enchaîne les titres après les titres dans un minutieux brassage d'instruments à vent et à cordes, le tout soutenu par une voix mélodieuse qui éveille nos émotions et nous pousse à partager ces expressions de douleur, de séparation et de déchirure. Une rythmique qui revient en boucle , puisant ses sources des poètes orateurs des siècles révolus, ceux des troubadours et des trouvères, cette musique, aux mélanges modernes et anciens, se développe et nous guide à la fin vers la voie de la sérénité et de la paix intérieure.