Les Tunisiens qui suivent les rebondissements du feuilleton nidaïste et qui commencent à s'en lasser restent sur leur faim On s'attendait à ce que le président Béji Caïd Essebsi, le fondateur de Nida Tounès, reprenne les choses en main et décide de siffler la fin de la récréation entre les deux clans se livrant à une véritable guerre de leadership au sein du parti, guerre qui pourrait aboutir à sa division en deux partis distincts, voire à son éclatement. Et le président de répondre à l'appel qui lui a été lancé, à travers une lettre ouverte, par un groupe de députés nidaistes, pour arbitrer dans le conflit opposant le clan Mohsen Marzouk, S.G. du parti, au clan Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj. Hier, il a invité tous les députés nidaïstes à une réunion au Palais de Carthage afin que chacun dise ce qu'il a sur le cœur et vide son sac, avec pour objectif final de sauver le parti et de parvenir à un compromis (comme ce fut le cas auparavant) qui permettra à Nida Tounès de retrouver sa cohésion perdue et reprendre le rôle qu'il a le devoir de jouer sur la scène nationale en conformité avec son statut de première formation politique ayant remporté les élections législatives du 26 octobre 2014 et conduisant la coalition gouvernementale. Malheureusement, les députés nidaïstes signataires de la lettre ouverte adressée au président de la République se sont rétractés et ont annoncé leur refus de se rendre au Palais de Carthage. «Il n'est pas question qu'on rencontre ceux qui ont usé de violence à Hammamet», soulignent-ils. Sans les nommer expressément, ils font allusion aux députés partisans du clan Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj «qui ont empêché la réunion du bureau exécutif à Hammamet et ont porté atteinte à la liberté d'expression». Une source informée auprès des députés refusant de rallier la réunion du Palais de Carthage, confie à La Presse : «Nous avons envoyé à la présidence de la République un fax dans lequel nous nous excusons de ne pas pouvoir répondre à l'invitation du président de la République. Nous ne refusons pas l'arbitrage de Si El Béji, seulement nous considérons que le Palais de Carthage n'est pas le lieu le plus indiqué pour accueillir une telle rencontre. Nous tenons à respecter la symbolique du Palais de Carthage. Toutefois, nous ne fermons pas la porte au dialogue avec nos collègues. Mais nous préférons que ce dialogue se déroule au sein des structures et attendre que les esprits se calment». Il sont trente-trois députés «à s'excuser» (comme insiste à le souligner notre source) auprès du président de la République et aussi auprès de Mohamed Ennaceur, président du Parlement et président de Nida Tounès par intérim, qui a déployé, hier, d'intenses efforts pour rapprocher les points de vue des deux clans en conflit. Il est à préciser que les trente-trois députés qu'on pourrait qualifier «de frondeurs» menacent, d'après certaines indiscrétions, de démissionner du parti et de créer un autre groupe parlementaire au sein de l'ARP, ce qui aura une incidence directe sur la position du parti, dans la mesure où il perdra automatiquement son statut de parti le plus représenté au sein du palais du Bardo au profit d'Ennahdha, classé en deuxième position lors des législatives de fin octobre 2014. En tout état de cause et même si la rencontre de Carthage a lieu «en présence de ceux qui répondront à l'invitation de Si El Béji quel que soit leur nombre», les Tunisiens qui suivent les rebondissements du feuilleton nidaïste et qui commencent à s'en lasser restent sur leur faim. La principale interrogation qui demeure posée est la suivante: Nida Tounès sortira-t-il indemne de cette énième épreuve de force ?