La majorité des Tunisiens s'accordent à dire que l'état des routes est pitoyable. Crevasses, nids de poule, dos d'âne sauvages — soi-disant des ralentisseurs — et autres obstacles non signalés mettent à mal la circulation routière et représentent un véritable danger, entraînant parfois des accidents graves. Le ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire, conscient du désastre routier, envisage un programme de modernisation de 718 routes classées dont le recalibrage devrait atteindre une largeur de 7,6m conformément aux normes internationales. Les travaux débuteront début 2016. Ce programme comporte 5 routes nationales (105km), 20 routes régionales (320km) et 20 routes locales (294km). Le programme porte également sur le renforcement des chaussées existantes pour répondre aux besoins de la circulation des poids lourds et le renforcement des ouvrages hydrauliques dont la capacité de stockage d'eau s'avère insuffisante. Usagers sceptiques Une bonne nouvelle qui devrait réjouir les conducteurs mais certains d'entre eux restent sceptiques quant à la qualité des travaux et par la suite de l'entretien des routes. «Il suffit d'une pluie pour que les fissures apparaissent et que les routes deviennent impraticables», se désole Saber, chauffeur d'un camion de marchandises. Au niveau des institutions, les uns et les autres se rejettent la responsabilité. Le ministère de l'Equipement reconnaît être responsable de l'infrastructure routière hors des communes. Ces dernières sont, pour leur part, responsables de l'entretien des chaussées et des trottoirs à l'intérieur de leurs communes. C'est le statu quo au niveau des communes qui ne veulent prendre aucune responsabilité et attendent les élections municipales. Dommages collatéraux Entre-temps, le citoyen prend son mal en patience notamment les jours d'intempéries. «Les égouts étant bouchés, cela déborde de partout, ce qui fait que nous devons faire du rodéo pour rejoindre des routes plus accessibles», déplore Belgacem, chauffeur d'un taxi collectif. Une situation qui a plus que perduré et qui donne une image d'un pays dévasté. Même les autoroutes ne sont pas mieux loties. «Lorsque l'autoroute Tunis-Hammamet a été construite, nous avons, mon mari et moi, changé de résidence pour nous établir à Hammamet, qui est à 35 minutes de route de Tunis. Eh bien aujourd'hui, nous le regrettons parce que la chaussée n'est pas bonne ce qui endommage constamment notre voiture et puis nous subissons l'encombrement au péage», se lamente Sonia. D'autre part, les routes parallèles reliant entre elles les différentes localités dans les régions éloignées tardent à être bétonnées, ce qui complique l'accès des véhicules vers ces zones quasi marginalisées. Lenteur, laxisme, attentisme et mauvais choix caractérisent l'administration empêtrée dans une gestion caduque et loin d'être au service du citoyen.