Le Plan Solaire Tunisien s'est fixé comme objectif de porter à 30%, en 2030, le taux de pénétration des énergies renouvelables en termes de production d'électricité, en passant d'une production de 275 mégawatts, en 2015, à 3.815 mégawatts, en 2030 En marge du forum des entreprises (Business Forum) consacré aux pays de la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (Semed) tenu récemment au Maroc, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a annoncé le lancement d'un programme de financement de 250 millions de dollars, consacré aux énergies renouvelables dans les pays de la zone Mena, à savoir le Maroc, l'Egypte, la Tunisie et la Jordanie (selon la classification de la Berd). Cette dernière a annoncé que deux investisseurs internationaux, Clean Technology Funds et des Fonds d'investissement climatiques (FIC), contribueront à l'apport de 35 millions de dollars à ce programme, alors que le Fonds mondial pour l'environnement (FEM) y contribuera à hauteur de 15 millions de dollars. La Berd explique que cette somme servira à construire des unités de production dans ces quatre pays. Et qu'une grande partie de l'énergie produite sera vendue à des clients du secteur privé, «comme les groupes hôteliers». Le premier projet qui sera financé dans ce cadre sera le parc éolien de Khalladi, près de Tanger (Maroc), avec capacité électrique estimée à 120 mégawatts. Un projet qui sera géré par le groupe énergétique saoudien Acwa Power, qui développe, entre autres, le projet de construction des centrales solaires Noor II et Noor III à Ouarzazate dans le sud Marocain. Sachant que la centrale Nour I est en passe d'entrer en service. Le premier projet à bénéficier du soutien financier de la Berd pourrait être la ferme éolienne de Khalladi et le coût du projet de Khalladi est estimé à 163 millions d'euros et la contribution de la Berd pourrait atteindre 56 millions d'euros. La signature d'un accord de financement pour ce projet est prévue prochainement. Solaire, la Tunisie peine! Selon des experts du solaire, notamment des européens, et alors que les besoins de l'Europe en énergie sont grandissants, l'investissement dans le solaire sur la rive sud de la Méditerranée reste sujet à études de rentabilité avant tout, bien évidemment le Maroc fait l'exception. Le développement du marché solaire en Tunisie, principal facteur pour favoriser la transition énergétique vers les énergies renouvelables, est confronté à plusieurs défis liés aux difficultés de promotion de l'investissement dans ce domaine et un marché de produits solaires défaillant. La lenteur des procédures administratives, la bureaucratie et l'absence de contrôle de la qualité des services fournis par les entreprises actives dans ce domaine, sont les défaillances majeures pointées du doigt. Le marché solaire tunisien se caractérise également par des défaillances au niveau de la formation du personnel (installateurs) avec, notamment, une multitude d'acteurs dans ce domaine et l'absence de formation uniforme. La production des ressources énergétiques dans le pays stagnent, voire enregistrent une baisse de 6 % et une augmentation de la demande de plus (+) de 2% par an (pointe 11%). Cette situation devrait conduire le pays à importer 40% de ses besoins en énergie primaire. Les réalisations demeurent ainsi assez limitées en dépit des ressources considérables dont dispose le pays en matière d'énergies renouvelables. L'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme) avait annoncé, le 8 septembre dernier, le lancement officiel du projet des mesures d'atténuation appropriées au niveau national, connu sous le nom de «Nama» pour le Plan solaire tunisien (PST). Les mesures de ce projet sont définies comme étant «toute action entreprise par un pays en développement pour contribuer à la réduction des émissions à effets de serre dues aux changements climatiques», ce qui favorisera les opportunités d'investissement dans des projets d'énergies renouvelables. Le Plan solaire tunisien, qui représente la feuille de route de ce projet, s'est fixé comme objectif de porter à 30%, en 2030, le taux de pénétration des énergies renouvelables en termes de production d'électricité, en passant d'une production de 275 mégawatts, en 2015, à 3.815 mégawatts, en 2030. Le projet d'appui à la Nama-PST, s'étalant sur la période 2015-2019, est financé par le Fonds mondial de l'environnement, à raison de 3,5 millions de dollars. Ce plan de transition énergétique permettra d'économiser des énergies de l'ordre de 16 millions de tep, soit deux années de consommation et des gains cumulés dans la facture énergétique, durant la période 2015-2030, estimés à 13,6 millions d'euros, a-t-il ajouté. Ce projet s'inscrit dans le cadre d'une stratégie nationale, nouvellement adoptée pour réduire l'intensité énergétique de 3% par an durant la période 2015-2030. Dans ce sens, on préconise la mise en place d'une capacité additionnelle pour la production d'électricité à partir des énergies renouvelables d'environ 3,6 GW, totalisant des investissements de plus de 6,3 milliards d'euros. Ces ambitions restent tributaires du fonds de transition énergétique créé en 2014, qui n'est pas encore opérationnel. Aussi, la promulgation de l'ensemble des textes d'application, inhérents à la loi sur la production de l'électricité à partir des énergies renouvelables, est plus que nécessaire pour le décollage de ce secteur.