La réunion de Vienne est marquée d'avance par la « mauvaise humeur» de Moscou vis-à-vis de Washington DAMAS — Le régime syrien a remporté deux importantes victoires en deux jours, les premières depuis le début de l'intervention militaire de la Russie qui a manifesté sa mauvaise humeur vis-à-vis des Etats-Unis avant une nouvelle réunion à Vienne sur le conflit en Syrie. Au Liban voisin, un double attentat suicide dans un fief du Hezbollah libanais, qui combat aux côtés du régime syrien, a fait au moins huit morts devant un centre commercial au sud de Beyrouth, selon la Croix-Rouge libanaise et la police. Après avoir piétiné plus d'un mois, l'armée de Bachar Al-Assad, épaulée par le Hezbollah et des combattants iraniens, s'est emparée, hier, d'Al-Hader, un fief de la rébellion au sud de la ville d'Alep (nord), à 10 km de la route internationale, selon une source militaire. Mardi, dans la même province d'Alep, elle a brisé le siège de l'aéroport militaire de Kweires, imposé depuis deux ans par le groupe Etat islamique (EI), sa première victoire significative face à cette organisation jihadiste, depuis le début, le 30 septembre, de la campagne aérienne de Moscou en appui au régime Assad, son allié. La cité d'Al-Hader, située à 25 km de la ville d'Alep, «est le plus grand QG des forces rebelles, notamment le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et les islamistes, au sud d'Alep. Sa capture permet aux forces du régime de se rapprocher de la route internationale», contrôlée depuis novembre 2012 par les rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). Quant à l'aéroport de Kweires, dans l'est de la province d'Alep, où étaient retranchés plus d'un millier de soldats pendant deux ans, il va servir de base avancée contre l'EI dans la région d'Alep, a affirmé une source militaire. Sa prise a été particulièrement sanglante, car d'après l'Osdh, au moins 60 jihadistes, 20 soldats, 13 combattants iraniens et huit membres du Hezbollah ont péri dans les combats. Opérations en préparation Selon l'agence officielle Sana, des unités de l'armée ont continué, hier, leur avancée en s'emparant de quatre fermes et hameaux dans le sud-ouest de la province d'Alep. «Les combats se poursuivent à l'ouest et au sud-est de l'aéroport», a précisé l'Osdh qui avait fait état lundi de l'appui de l'aviation russe pour la reprise de Kweires. Contrôler cet aéroport marque un réel tournant dans les opérations militaires autour de la ville d'Alep, notamment parce que l'armée se trouve désormais à quelques km de la station électrique alimentant cette deuxième ville du pays, selon une source militaire. «Kweires n'est pas simplement un aéroport mais surtout une base militaire intégrée. Prendre son contrôle total donne aux forces syriennes et russes un poste avancé pour mener d'autres opérations», a-t-elle ajouté. Selon elle, l'armée se trouve désormais à quelques km de Deir Hafer, un bastion de l'EI plus à l'est, et d'Al-Bab, un autre fief de l'organisation jihadiste au nord de l'aéroport. «L'armée se prépare à lancer des opérations militaires dans cette région où il n'y a pas eu de combats depuis trois ans. L'objectif consiste à pénétrer dans des régions sous contrôle (de l'EI) plutôt que d'affronter les rebelles», a dit la source militaire. Négociations à Vienne Ancienne capitale économique, la ville d'Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers tenus par les rebelles et ceux aux mains du régime. Avant la réunion internationale de Vienne demain, deux groupes de travail — celui chargé de définir les «organisations terroristes» et celui qui doit plancher sur la liste d'opposants devant négocier avec le régime —, se sont réunis, selon une source diplomatique. Le troisième, sur l'humanitaire, commence ses travaux aujourd'hui. La Russie et l'Iran ne sont pas d'accord avec les Etats-Unis et leurs alliés européens et arabes sur les groupes devant être qualifiés de «terroristes» et ceux pouvant être considérés comme faisant partie de l'opposition syrienne. Moscou a affiché sa mauvaise humeur à l'égard de Washington. La diplomatie russe a accusé les Etats-Unis d'avoir «organisé à la hâte les réunions des groupes de travail les 12 et 13 novembre à Vienne, sans avoir consulté la Russie». C'est une «tentative de diviser les participants au processus du règlement de la crise». Selon un diplomate européen à Beyrouth, «Moscou a voulu exprimer son mécontentement, car, selon elle, Washington a ajouté de manière unilatérale et, à la dernière minute, des pays comme le Japon, l'Australie, l'Autriche ou la Hollande, sans consulter la Russie».