Plombiers, menuisiers, chauffagistes, réparateurs de frigidaires ou installateurs de paraboles ou encore mécaniciens sont des métiers de plus en plus rares. Qui de nous n'a pas eu de soucis pour trouver un de ces techniciens. Par ailleurs, lorsqu'ils sont disponibles, cette main-d'œuvre affiche des prix exorbitants. Les tarifs d'une consultation à domicile sont de 40 à 50 dinars. De nombreux jeunes au chômage désertent ces métiers qui ont de l'avenir et refusent une formation dans des spécialités demandées sur le marché de l'emploi. La Tunisie compte 136 centres de formation professionnelle dans 200 spécialités disposant d'équipements modernes. Pourtant, malgré le taux d'abandon scolaire élevé, un grand nombre de jeunes refusent de s'orienter vers les centres de formation professionnelle prétextant des équipements inadaptés aux besoins de la formation, un manque d'espaces d'hébergement et de transport et une inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l'emploi. Peu d'engouement des jeunes Malgré une forte demande des entreprises de main-d'œuvre qualifiée, le peu d'engouement des jeunes pour la formation professionnelle s'explique aussi par les préjugés sociaux qui assimilent la formation professionnelle à l'échec scolaire. «Je me suis inscrit dans un centre puis au bout d'un mois, j'ai abandonné parce que c'est mal vu. Mes copains m'ont ri au nez lorsqu'ils ont appris que je m'apprêtais à faire une formation» raconte Marwane, 20 ans, qui tente une émigration clandestine. Outre les préjugés sociaux, il y a un décalage entre la formation dans les centres et les exigences des entreprises. Selon une enquête menée par Sigma Conseil, 80,2% des sociétés tunisiennes déclarent vouloir recruter des diplômés de la formation professionnelle, dont 42,2% sont disposées à les embaucher immédiatement et 26,8% à court terme. Toujours, selon la même source, «les entreprises ont exprimé leur insatisfaction du niveau des compétences issues de cette filière et ne trouvent pas le profil demandé». Formation inadaptée «J'ai fait une formation en textile et équipement dans un centre, mais qui ne m'a pas beaucoup servi dans mon travail. L'équipement est obsolète et l'entreprise a dû me procurer un stage de formation sur son propre équipement adapté aux modèles internationaux de confection» souligne Hiba. Pour sa part, Mohamed Ali a quitté l'école à l'âge de 16 ans et sous la pression de sa famille, il a intégré un centre de formation professionnelle en cuisine et restauration. «En réalité, le centre ne forme pas. Il m'a envoyé dans un restaurant pour apprendre sur le tas. Or, je me suis retrouvé à faire la plonge et à éplucher les pommes de terre» explique Mohamed Ali. Souvent, ces apprenants décrochent prématurément sans avoir obtenu un diplôme de fin de cycle. D'autres appelés «les fantômes» s'arrangent pour obtenir un certificat sans même assister à la formation. Les problèmes d'abandon sont multiples. Certains trouvent un emploi, d'autres pour des raisons financières ne peuvent poursuivre la formation, la spécialité qu'ils ont choisie ne les motive plus,notamment celle liée au secteur de l'artisanat. L'insertion professionnelle dans le marché de l'emploi reste aléatoire et inadaptée aux besoins du marché. Une mise à niveau s'impose à tout le système et à tous les stades : mentalités, développement des filières et rééquipement des centres de formation en moyens techniques performants, etc. pour que les jeunes chômeurs puissent trouver un travail adapté à leur capacité et les entreprises une main-d'œuvre qualifiée et performante.