La Tunisie, toute la Tunisie, s'est réveillée, hier, l'âme en deuil, étant encore sous le choc d'un lâche attentat criminel, survenu au crépuscule d'un mardi « noir » contre un bus transportant des agents de la garde présidentielle. L'auteur de l'attentat s'est fait exploser, au grand jour, sous les yeux de ses victimes, tombées en martyrs sur le champ d'honneur. La chère patrie en vaut le sacrifice. Emus jusqu'aux larmes, leurs compatriotes, leurs familles élargies jusqu'aux quatre coins du pays se sont résignés à en être privés. Certes, la perte est assez considérable, mais le moral est au plus haut. Dans cette guerre menée contre un ennemi aussi invisible qu'imprévisible, l'on n'a d'autre choix que de s'unir et resserrer les rangs face à ces forces obscurantistes occultes et sanguinaires. Et avec la détermination jusqu'à la mort. Juste après ce crime odieux vivement condamné de part et d'autre, la mobilisation des forces vives de l'Etat a été totale. Hier, aux alentours du centre hospitalo-universitaire Charles-Nicolle, le cordon sécuritaire a été poussé jusqu'au point culminant de la Rabta. A l'intérieur de l'hôpital, où sont encore hospitalisés un certain nombre de blessés, le dispositif sécuritaire a été renforcé. Les services médicaux sont en alerte maximale. Tout se déroule sous un rigoureux contrôle policier. Aucune donnée ne filtre sur l'état de santé des vaillants agents. Aucune information n'a été mise à la disposition des journalistes restés sur leur faim. Le surveillant général de l'hôpital concerné ne nous a même pas permis de parler aux blessés ou d'approcher leurs familles attristées. « Instructions sécuritaires », a-t-il dit. Cellule psychologique Pas loin d'ici, la cellule de crise, hébergée au sein du ministère de la Santé, est en pleine activité, assurant la coordination entre toutes les parties concernées. Dr Naoufel Somrani, chef de toutes les opérations stratégiques, depuis 2010, veille sur la gestion de la situation. Depuis son bureau sis au ministère, il est en train de suivre tous les détails du drame. Dernier rapport au terme d'une longue réunion matinale : 13 morts dont un n'est pas encore identifié et 20 blessés répartis sur trois centres hospitaliers de la capitale. Sept d'entre eux sont admis à Charles-Nicolle, sept autres à l'Hôpital militaire et six agents dans celui des forces intérieures de La Marsa. Dr Somrani n'a pas manqué de mettre en exergue l'effort de coordination et d'intercommunication pour se renseigner et suivre l'état d'évolution à ce niveau. D'après lui, les nouvelles sont rassurantes quant à l'état de santé de tous les blessés. De surcroît, il importe de noter que huit personnes légèrement touchées, sous l'effet de l'explosion, ont quitté l'hôpital après avoir reçu les soins nécessaires. Ces personnes étaient aux alentours, au moment de l'attentat terroriste à l'avenue Mohamed-V en plein centre-ville. En complément de soins, la cellule de crise a mis en place une cellule psychologique composée de psychiatres et de spécialistes en la matière, pour assurer l'encadrement moral et psychique des blessés et de leurs familles et leur présenter, si besoin, l'assistance requise. Cette cellule est fonctionnelle jusqu'à demain, de 10h à 17h. Par ailleurs, les dépouilles des martyrs sont sorties, hier vers 13h, de la morgue de Charles-Nicolle dans une ambiance macabre, sous le regard de leurs familles. Elles ont été acheminées au palais de Carthage pour un dernier et vibrant hommage. Ce n'est qu'un combat d'une guerre qui ne fait que commencer.