Le taux de handicap en Tunisie est estimé à 10%, selon des statistiques de l'OMS. Le taux d'emploi de cette population est de trois ou quatre fois inférieur à celui du reste de la population active. Les handicapés ont droit au travail comme tout le monde et ne doivent pas être considérés comme des laissés — pour —compte. Or, depuis la révolution, le marché du travail connaît des difficultés compte tenu des revendications de nombreux chômeurs et particulièrement des jeunes diplômés frappés de plein fouet par la crise économique que vit le pays. 208 mille 465 personnes est le nombre de personnes bénéficiaires de cartes de handicapé inscrites auprès du ministère des Affaires sociales. Quant au taux de handicap en Tunisie, il est estimé à 10%, selon des statistiques de l'OMS. Le taux d'emploi de cette population est de trois à quatre fois inférieur à celui du reste de la population active. Outre l'exiguïté du marché du travail, de nombreuses raisons sont avancées comme la discrimination des employeurs à l'embauche des handicapés, le déficit de postes de travail accessibles à cette population, etc., ce qui conduit souvent certains d'entre eux à accepter des sous-emplois mal rémunérés et sans protection sociale ou à des emplois informels dans des conditions inacceptables. D'autres handicapés se résignent à vivre soit du soutien de leur famille, soit d'aides sociales ou de mécanismes de charité. Cette dépendance économique marque un retour à la pauvreté. Soucis et obstacles «Parfois, je suis contraint de faire la manche faute de travail. Je refuse de sentir que je suis un fardeau pour mes parents qui sont eux aussi nécessiteux», s'indigne Hazem, non-voyant à la recherche de travail depuis 5 ans. Sinda, muette, n'est pas bien mieux lotie bien qu'elle travaille chez une artisane. «Elle est surexploitée et sous-payée. Mais elle s'accroche à son boulot parce que, pour elle, c'est une question de dignité. Elle ne supporte pas de vivre aux dépens de sa famille», explique sa sœur Shiraz. L'insertion professionnelle des handicapés constitue un réel souci pour les pouvoirs publics qui ne sont visiblement pas en mesure d'offrir des opportunités d'emploi aux personnes porteuses de handicap. Les obstacles sont entre autres les difficultés à identifier les besoins sur le marché, l'absence de coordination entre les décideurs de l'orientation des chômeurs, l'inadéquation entre l'offre et la demande en matière de qualification et de compétence, le déficit de formation chez les handicapés. «Nous sommes livrés à nous-mêmes», affirme Malek. Le problème est lié également au marché de l'emploi. «Souvent, la mobilité et le savoir-faire sont les deux conditions requises mais qu'on ne retrouve pas chez les handicapés», souligne Mohamed, entrepreneur en bâtiment. Salem, handicapé moteur, a trouvé la solution. «J'ai sacrifié une chambre du logement familial pour ouvrir une boutique de réparation de chaussure parce qu'avec mon handicap, il m'est difficile d'emprunter des moyens de transport pour aller au boulot». Ignorance ou discrimination? L'intégration des personnes handicapées dans la sphère professionnelle soulève parfois quelques réticences. Pourtant, tout handicap n'est pas forcément pénalisant pour l'entreprise désireuse de recruter un salarié porteur de handicap. Les obligations légales relatives à l'emploi des handicapés ne sont pas prises en compte par les employeurs soit par ignorance, soit par discrimination. Dans le premier cas, comme dans l'autre, seules 32% des entreprises maîtrisent cette donne alors que 78% l'ignorent. Car, en embauchant les personnes porteuses de handicap, les entreprises peuvent bénéficier d'un certain nombre d'avantages comme le stipule l'article 34 de la loi n°2005-83 en date du 18 août 2005 : les entreprises sont exonérées du versement de la moitié, des 2/3 ou de la totalité, selon la carte de handicap, des contributions de l'employeur aux régimes de sécurité sociale. Pour mieux booster l'emploi des handicapés et améliorer leurs conditions de vie, un projet pilote intitulé «Emploi et Handicap» a été mis en place en juin dernier dans les gouvernorats de Ben Arous, Gabès et Gafsa. Ce projet pilote est initié par l'organisation Handicap international, l'Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant (ANETI) et la Fédération des associations tunisiennes œuvrant dans le domaine du handicap (FATH), en collaboration avec les ministères de la Formation professionnelle et de l'emploi et des Affaires sociales. Une enveloppe de 600 mille euros a été allouée à ce projet, cofinancé par l'Union européenne et Handicap international. Ce projet spécifique vise à mieux garantir l'égalité des chances et améliorer l'efficacité des interventions de l'ANETI en faveur de cette catégorie sociale à besoins spécifiques.