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«Handestour»
Opinions : Ignorés dans les projets de Constitution proposés, les personnes handicapées ont droit à un :


Par Imed ABDELJAOUED *
« Le handicap fait partie de la condition humaine. Presque chacun d'entre nous sera définitivement ou temporairement handicapé à un moment de sa vie ! ».
Pauvres personnes handicapées ! Après la surmédiatisation spéculative du couple Ben Ali, voilà que la période postrévolutionnaire leur réserve une indifférence inquiétante !
L'ère de l'instrumentalisation révolue, on pensait que la cause des personnes handicapées allait être adoptée par tous les défenseurs des droits de l'Homme, par une société civile revigorée et même par des opportunistes ou des égocentriques en quête de positionnement, de reconnaissance! Malheureusement rien n'y fut !
Les hommes politiques et les partis ont tout vu, tout prévu, tout théorisé sauf la problématique du handicap ! La société civile a débattu de tout, sans tabous, ne ratant aucun domaine ni personne... Une seule faction manquait à l'appel : les personnes handicapées !
Les bonnes œuvres et les louables initiatives ont donné de belles leçons de solidarité mais ont inconsciemment oublié des personnes ayant un énorme besoin de solidarité : les personnes handicapées ! Les Tunisiens qui prennent goût au travail associatif ont créé ou intégré des associations s'occupant de tous les domaines, sauf celles qui s'occupent des personnes handicapées (sur les 1.600 associations créées depuis le 14 janvier 2011, dont près de 300 à caractère social, 6 seulement d'entre elles concernent les personnes handicapées !!!).
Et Dieu sait si ces personnes ont le plus besoin d'aide, d'attention, de solidarité, bref de dignité. Pourquoi ? Parce que malheureusement handicap rime toujours avec pauvreté !
En effet, plus de 15% de la population mondiale est touchée par une forme ou une autre de handicap, subissant stigmatisation et discrimination. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, note que «le nombre de pauvres et de défavorisés est plus élevé chez les personnes handicapées, qui risquent deux fois plus que les autres d'être privées des soins de santé dont elles ont besoin». Peu de pays disposent de mécanismes adéquats pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Les obstacles incluent, outre la stigmatisation et la discrimination, le manque de soins de santé adéquats et de services de réadaptation, ainsi que des transports, des bâtiments et des technologies de l'information accessibles.
«Les personnes handicapées sont donc en moins bonne santé, ont un niveau d'éducation plus faible, moins d'opportunités économiques et des taux plus élevés de pauvreté que les personnes non handicapées», indique le rapport de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) sur le handicap. Ce triste bilan est partagé par A. Lake, le directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef): «Sujets à la ségrégation et à la discrimination, les enfants handicapés sont trop souvent ignorés».
Et pourtant, la Convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées, adoptée en 2006 et qui constitue le nouveau référentiel en la matière, stipule que ces personnes doivent avoir pleinement accès aux équipements physiques, sociaux, économiques et culturels, à la santé et à l'éducation, ainsi qu'à l'information et à la communication pour jouir pleinement de tous les droits de l'Homme et de toutes les libertés fondamentales.
L'aspect révolutionnaire de cette convention est qu'elle place désormais la personne handicapée dans une logique de droits alors qu'elle était jusque-là confinée dans une optique de tutorat et d'assistance tributaire du volume annuel d'aide alloué aux démunis.
En Tunisie, le nombre officiel de porteurs de carte de handicap est de 210.000 (44% handicapés moteurs, 28% handicapés mentaux, 12% handicapés auditifs, 11% handicapés visuels, et 5% autres types de handicap), mais la réalité est plus lugubre et on estime à près de 500.000 le nombre de personnes handicapées. Quid de la politique du handicap dans notre pays ? Le constat est similaire à celui du modèle de croissance en Tunisie avant le 14 janvier : des prouesses nominales précaires en termes de prise en charge, mais qui cachent une réalité sociale et technique gangrenée ! Côté luisant, un arsenal juridique impressionnant qui rivalise avec ceux des démocraties les plus inclusives des personnes handicapées, la signature et la ratification en 2008 de la Convention internationale des Nations unies pour les droits des personnes handicapées et de son protocole facultatif (La Tunisie, 19e pays signataire dans le monde et premier pays en Afrique et dans le monde arabe), des innovations médico-pédagogiques louables, des recherches, expériences et expertises sur l'inclusion assez intéressantes. Toutes ces réalisations sont le seul apanage de militants increvables (personnes handicapées, parents, médecins, universitaires, mécènes, volontaires, etc.) qui, des années durant, ont milité sans relâche pour promouvoir les droits des personnes handicapées. Ces braves gens n'ont jamais flanché, même lorsque la thématique du handicap avait été détournée pour le compte des Ben Ali qui s'étaient approprié, lâchement et injustement, ces réalisations pour soigner leur image et anoblir leurs actions !
Côté échec, maintenant, la politique du handicap a capoté pour les raisons suivantes :
1) Des ressources allouées aux personnes handicapées largement en deçà des besoins, avec absence d'une stratégie nationale d'intégration. Il s'en est suivi un saupoudrage en fonction de diverses accointances !
2) Des textes de loi jamais appliqués en matière d'accessibilité, de réadaptation et d'employabilité (savez-vous que la loi oblige les entreprises publiques et privées à embaucher au moins 1% de leurs effectifs parmi les personnes handicapées? Que les entreprises qui ne respectent pas la loi payent une indemnité qui servira à promouvoir l'employabilité ? Que les produits des personnes handicapées bénéficient d'une priorité dans les achats d'organismes et d'institutions publics, même si leur prix dépasse de 20% la concurrence (mesure rentrant dans le cadre d'une discrimination positive, etc.)
3) Des barrières comportementales qui nourrissent, le plus souvent, le rejet et la marginalisation de la personne handicapée, ne reconnaissent pas la diversité et font échec à toute politique d'intégration, culturelle, sociale ou scolaire.
4) Un management défaillant (surtout au niveau local) de plusieurs centres et sections des associations de personnes handicapées, qui s'explique par le manque de savoir-faire et la récupération rcdiste : il s'en est suivi un laisser-aller préjudiciable, surtout lorsque, faute de conviction et de combativité des responsables, les centres spécialisés n'offrent même pas des services vitaux à leurs adhérents (kinésithérapie, orthophonie, éducateurs spécialisés, soutien psychologique, etc.).
5) Une société civile et un secteur privé indifférents et jamais affranchis du joug des dons forcés au nom de la solidarité et qui sont devenus tellement blasés et dégoûtés qu'ils ne répondent plus aux appels au secours de cette frange démunie et nécessiteuse !
6) La charge des personnes handicapées a toujours incombé au seul ministère des Affaires sociales alors que l'intégration des personnes handicapées est une responsabilité nationale !
Jusqu'à aujourd'hui, aucun ministre, outre celui des Affaires sociales, n'a compris quoi que ce soit à la problématique des personnes handicapées !!
7) Gouvernement tunisien et opinion publique (pour ne pas dire société civile !) n'avaient jamais répondu aux multiples revendications et appels au secours des associations de personnes handicapées qui réclamaient un traitement égal entre Tunisiens ! Et pourtant, l'équation était simple (elle l'est encore !) : l'Etat garantit à chaque enfant tunisien (non porteur de handicap) des institutions d'enseignement, des enseignants, en nombre suffisant, pour toutes les matières, pour toutes les spécialités et compétences, du personnel, du matériel, des moyens de transport, des activités sportives et de loisirs, du personnel médical et paramédical, des formateurs spécialisés, des psychologues, des encadrements de toutes natures pour réussir l'intégration sociale, etc. Parallèlement, ces droits ne sont pas fournis aux personnes handicapées surtout dans les centres spécialisés qui souffrent d'un manque inquiétant de personnel qualifié et de moyens leur permettant de jouir de services adaptés à leur handicap, à l'instar de leurs concitoyens non porteurs de handicap !
Il est à signaler que sur les 210.000 porteurs de carte de handicapé, 17.000 seulement fréquentent des centres qui sont le plus souvent loin de correspondre aux exigences du cahier des charges conçu pour des centres inclusifs qui se respectent ! Les autres, ils sont où ? Dans quelles conditions ? Surtout lorsque leur handicap est lourd, que leurs familles sont pauvres et qu'ils ont d'énormes problèmes d'accessibilité ?
La révolution de la dignité n'a, malheureusement, pas encore réhabilité les personnes handicapées, qui ne figurent pas dans l'échelle des priorités : celles-ci concernent plutôt les chômeurs, les régions et personnes défavorisées, comme si les personnes handicapées étaient bien nanties et habitaient des régions favorisées ! On oublie que près de 80% des personnes handicapées sont pauvres !
De plus, le nouveau gouvernement n'a pas encore intériorisé l'idée d'une inévitable gestion transversale du handicap par tous les ministères concernés (Education, Santé, Emploi, Jeunesse et Sports, Femme et personnes âgées, Transport, Finances et Affaires sociales). Une démarche aussi simple réglera, rapidement et définitivement, moyennent une réallocation minime des ressources, la majeure partie des problèmes des personnes handicapées !
Celles-ci ont le droit de bénéficier des mesures appropriées qui leur assure l'autonomie et une intégration culturelle sociale et professionnelle. Qu'il s'agisse de politiques, de plans, de programmes ou de mesures, l'objectif est de garantir l'égalisation des chances des personnes handicapées. Il s'agit d'une responsabilité nationale et collective, voire universelle.
R. Zoellick, président de la Banque mondiale, ne disait-il pas récemment : «S'occuper de la santé, de l'éducation, de l'emploi et d'autres besoins des personnes vivant avec un handicap est fondamental pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement».
En Tunisie, et à l'heure ou le consensus est général pour consacrer les droits de l'Homme dans la nouvelle constitution du pays, les projets de constitution proposés ont brillé par deux omissions majeures et regrettables :
1 - Le handicap n'est pas reconnu dans les non-discriminations;
2 - Les droits des personnes handicapées à une égale et pleine participation à la vie en société sont totalement ignorés.
Omettre d'interdire la discrimination pour motif de handicap dans une charte des droits et libertés constitutionnelles interdisant déjà la distinction illicite pour motif de race, de sexe, d'origine nationale ou ethnique ou d'âge, équivaut à rejeter l'humanité fondamentale des personnes en situation de handicap !!!
Ne pas reconnaître et garantir les droits des personnes handicapées qui font pleinement partie des droits de l'Homme, à accéder à tous les domaines de la vie, équivaut à ne pas reconnaître leur diversité et autoriser leur exclusion environnementale !
Et pourtant, l'exclusion des personnes handicapées «représente un coût énorme, non seulement pour les personnes handicapées elles-mêmes mais pour le reste de la société», comme le souligne le rapport de l'OMS sur le handicap.
Nos honorables constituants doivent impérativement remédier à l'omission annoncée des droits des personnes handicapées en les insérant dans la future constitution. Il s'agit d'étoffer l'article communément admis par tous les projets de constitution et qui concerne les non-discriminations : «Est interdite toute discrimination fondée sur le sexe, la race, la religion, les origines ethniques... un handicap…».
Ensuite, il s'agit d'insérer un article garantissant l'intégration des personnes handicapées : «Reconnaître le droit des personnes handicapées de bénéficier de mesures visant à assurer leur autonomie, leur intégration sociale, professionnelle et culturelle et leur participation à la vie en société».
Les lois qui vont découler de cette constitutionnalisation des droits et de la non-discrimination devraient être applicables et contraignantes, mais là c'est une autre paire de manches !!
C'est en protégeant leurs droits inaliénables et en reconnaissant leur diversité que nous favoriserons un développement inclusif et équitable qui cadre parfaitement avec les principes des droits de l'Homme.
Que nos honorables constituants sachent, également, que tous les pays qui ont révisé leur constitution depuis les années 80, qu'ils soient démocratiques, en transition démocratique ou dictatoriaux, avaient consacré les droits des personnes handicapées à une totale intégration !! On peut citer :
Bengladesh (1991), Belarus (1994), Bénin (1990), Costa Rica (1992), Cuba (1976), Egypte (1980), Le Salvador(1983), l'Estonie (1992), l'Ethiopie (1994), Grenade (1973), Guatémala (1985), Guinée (1990), Guinée-Bissau (1991), Guinée-Equatoriale (1991), Haïti (1987). Afrique du Sud (1993), Bolivie (1967), Brésil (1988), Bulgarie (1991), Chine (1982), Colombie (1991), Congo (1992), Croatie (1990), Emirats Arabes Unis (1979), Ghana (1992), Mozambique (1990), Malawi (1987), Ouganda (1995), Pérou (1993), Philippines (1986), Slovaquie (1992), Slovénie (1991), Tadjikistan (1994), Turquie (1982), Niger (1992), etc.
C'est du sort qu'elle réserve aux plus vulnérables de ses membres que l'on doit juger de la qualité d'une société !!!


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