Alkamanjati, une association qui facilite l'accès à la musique aux enfants des territoires occupés, vient de recevoir le prix Takrim de l'excellence culturelle qui est l'équivalent du Prix Nobel, mais qui concerne uniquement le monde arabe. Depuis 2010, la fondation Takreem (ou hommage) met à l'honneur les contributions exceptionnelles d'Arabes, hommes et femmes, dans divers domaines, tant intellectuels qu'humains et sociaux. Sa mission est d'offrir aux jeunes générations arabes des exemples à suivre et de les encourager à viser l'excellence, et ce, dans le respect de l'éthique, l'humilité, la passion et l'autonomisation. Cette fondation cherche aussi à sensibiliser la communauté internationale à la réalité de l'identité arabe, car les événements des deux dernières décennies ont profondément terni l'image du monde arabe. Takreem a désormais comme principal objectif de ranimer la conscience arabe et d'aider à restituer la fierté dans la région, en diffusant une image positive à travers le monde. Rappelons qu'en 2011, une de nos femmes tunisiennes militantes a été honorée. Il s'agit de Souhir Belhassen, élue en avril 2007 à la tête de la Fidh (Fédération internationale des droits de l'homme). Cette dernière a dédié son prix «aux femmes et aux hommes qui ont fait la révolution tunisienne et à toutes les révolutions en cours dans le monde arabe». La cérémonie de Takrim se déroule, chaque année, dans une ville différente. Elle réunit d'importantes figures culturelles, médiatiques et politiques. Pour l'année 2015, le jury composé d'éminentes personnalités, dont des princes et des princesses, des intellectuels et des écrivains célèbres tels que le français Marc Levy, s'est retrouvé le mois dernier à Dubaï, et a décerné le prix de l'excellence culturelle à Alkamanjati, un centre de formation situé à Ramallah et qui fonctionne sous la tutelle d'une association, créée en 2002, qui porte le même nom, et dont le rôle est de soutenir l'éducation des enfants palestiniens, en leur facilitant l'accès à la musique, surtout pour ceux qui vivent dans les camps de réfugiés et les villages dans toute la Palestine et le Liban. 90% des élèves de Ramallah, Jénine, Dir Ghassana, des camps de réfugiés Al Amari, Kalendia, Jalazon, Chatila, Borj Al Barajneh et Rachidia du Liban y étudient la musique gratuitement. Alkamanjati est fondée et dirigée par Ramzi Abou Radouane, altiste, connu pour avoir été cet enfant de 8 ans, qui en 1987, lors de la première Intifadha, jetait des pierres sur des soldats israéliens, près de chez lui, au camp d'Al Amari. L'action de ce centre gagne de plus en plus de terrain. Tant que les décisions politiques et la création effective d'un Etat palestinien se font attendre, Ramzi continue à œuvrer pour la reconstruction de la vie culturelle, autrefois si riche.