La plupart des analystes s'attendent, en effet, à ce que les ministres des 12 pays de l'Opep et de l'Indonésie, qui va faire son retour au sein du club, répètent ainsi leur décision de juin et s'abstiennent de baisser leur quota théorique de production, même si, ce faisant, ils contribueraient à l'excès d'offre pesant sur le marché et à la chute des prix. Mercredi, le cours du WTI, le pétrole échangé à New York, a décliné de 4,56%, à 39,94 dollars, terminant la séance sous les 40 dollars pour la première fois depuis la fin d'août. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a, quant à lui, lâché 1,95 dollar à 42,49 dollars. Les cours du brut, qui sont récemment tombés à proximité de leurs plus bas niveaux depuis six ans et demi, ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis juin 2014, en partie du fait de l'offensive commerciale des membres du cartel eux-mêmes, Arabie saoudite en tête, qui inondent le marché d'or noir pour contrer l'essor des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis. Selon une estimation de l'agence Bloomberg, les membres de l'Opep ont pompé 32,12 millions de barils par jour (mbj) en moyenne en novembre, au-delà de son plafond théorique de 30 mbj. La Russie pompe comme jamais Ryad, qui a longtemps répété qu'il fallait laisser le marché agir, semble néanmoins infléchir quelque peu son discours et se dit prête à coopérer avec les producteurs membres ou non membres du cartel pour stabiliser les prix. A son arrivée à Vienne mardi, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a assuré que la réunion aborderait «tous les sujets» et que son résultat n'était pas arrêté. Le ministre irakien du pétrole, Adil Abdul Mahdi, a reconnu mercredi dans la capitale autrichienne n'être «pas satisfait des prix du pétrole». «Nous allons nous rencontrer et voir. Nous déciderons plus tard», a-t-il ajouté, interrogé sur une possible baisse de production. Reste que, selon des experts, les pays du Golfe n'accepteront de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel s'engagent dans cette voie, d'autant que ces derniers sont les principaux responsables de la récente hausse de la production mondiale, d'après un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La Russie a ainsi pompé de l'or noir comme jamais depuis la chute de l'URSS en octobre et pris la place de première productrice mondiale devant l'Arabie Saoudite, qui reste toutefois la première exportatrice. Offensive iranienne Dans ce contexte, «l'Opep n'a pas l'intention de réduire sa production unilatéralement, sans l'implication des pays hors-Opep, notamment la Russie et la Norvège», préviennent les analystes de Commerzbank. Et ce, malgré les critiques grandissantes que l'Arabie Saoudite essuie de la part d'autres membres du cartel, comme le Venezuela et l'Algérie, dont les finances publiques souffrent de la chute des revenus pétroliers. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, l'a encore rappelé mardi à la radio nationale : le Venezuela souhaiterait «que tous les pays respectent le plafond de production de l'Opep et étudient un projet de réduction de 5% de la production». Mais «si l'Arabie Saoudite veut que la stratégie, dans laquelle elle s'est embarquée il y a un an, fonctionne, il ne serait guère pertinent de faire volte-face au moment où les conséquences des prix bas du pétrole se font sentir sur les investissements des pays non membres de l'Opep et même des membres plus faibles du cartel», commentent Abhishek Deshpande et William Lapworth, experts chez Natixis. De surcroît, le cartel ne devrait pas être incité à céder du terrain avec l'augmentation prévue de la production libyenne et le retour sur le marché de l'Iran, qui prévoit d'augmenter sa production sitôt levées les sanctions internationales en janvier.