Les musiciens mal et non-voyants portent dans leur chant un message d'amour et d'égalité. Pour sa première soirée, le festival international des musiciens mal et non-voyants, «Handy music», s'est invité dans la salle le 4e Art. Dédiée à Cheikh Imam, la première édition du festival se déroule du 3 au 5 décembre dans cette salle, à la maison de la culture Ibn-Rachiq et au club culturel Tahar-Haddad. En présence des invités et des musiciens programmés cette année, venus de Tunisie, de Palestine, du Soudan, du Yémen, d'Irak, d'Egypte, de France, du Maroc, de Libye et d'Iran, la cérémonie a commencé par une présentation de l'événement par son directeur Mohamed Mansouri, également président de l'association «Ibsar» qui l'organise. L'art est le meilleur moyen pour instituer l'égalité entre les êtres humains et rendre effectifs les droits des personnes à besoins spécifiques. C'était le propos pendant cette soirée émouvante grâce aux retrouvailles des artistes entre eux et grâce à la musique. Avant de passer au spectacle, un hommage a été rendu à quelques invités qui ont soutenu la manifestation, et la parole a été donnée à la représentante du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l'homme qui soutient «Handy Music». Cette dernière s'est exprimée contre la charité et la pitié qui priment souvent sur le regard de la société à l'encontre des personnes mal et non-voyantes. Un regard qui doit changer, grâce aux actions sociales et à l'art. Sur ce, place à la musique avec la troupe tunisienne «Musique sans frontières». Ses membres viennent de différentes régions de Tunisie et interprètent des classiques arabes et tunisiens, de différentes influences. Moez au qanûn, Khaled sur l'orgue, Tarek à la darbouka et Sarra au chant ont donné un récital avec leur invité, le Libyen Achref qui a joué du tar. Une intro instrumentale sur le qanûn a été applaudie par le public, avec un samaï et un morceau tunisien sur le mode du bayati. C'est ensuite Sarra qui, au micro, qui a enchanté la salle avec sa belle voix et la justesse de son interprétation. Son choix de chansons a encore sublimé son rendu. De Oum Kalthoum avec «Ya lilet el aid» et «Ahl el hawa», à Cheikh Imam avec «El bahr byedhak», et la chanson patriotique du Libanais Elie Choueiry «Bektob esmek ya bladi», avant de passer au répertoire tunisien avec «Bakhnoug» de Saliha. Une générosité artistique, qui a uni les présents et aboli toutes les différences, a marqué cette première soirée qui s'est achevée sur une lecture poétique du jeune Palestinien non-voyant, Jeriès Thaljia, venu de Beït Lahm pour saluer cette initiative qui se poursuit aujourd'hui. Allez voir les troupes arabes et internationales programmées et applaudissez-les, c'est leur moyen de savoir qu'ils sont appréciés par le public, conseillent les organisateurs.