ON était bien tranquilles avant la décision de rouvrir les frontières le 27 juin dernier. On était loin d'imaginer qu'avec cette réouverture, on avait ouvert les portes de l'enfer. Résultats des courses : enregistrement des premiers cas importés qui se sont rapidement propagés au sein de la population par le biais des transmissions horizontales. Des clusters ont fait leur apparition partout au point de classer toutes les régions du pays comme zones rouges. Selon la dernière mise à jour (18 et 19 septembre), 996 cas et 4 décès ont été enregistrés, portant à 10.732 le nombre de contaminations par le virus et 159 décès depuis mars 2020. Le corps médical est parmi les secteurs contaminés avec plus de 600 cas. Décès du premier médecin et de la première pharmacienne. Un agent de sécurité à l'hôpital des grands brûlés a aussi succombé au coronavirus. Le personnel médical public est en état d'épuisement physique et psychique. Instruction est donnée à tous les hôpitaux d'accueillir les personnes contaminées. Les circuits Covid sont réactivés. Mais l'affluence dépasse les attentes et le personnel ne sait plus à quel saint se vouer. La communication gouvernementale est dissonante, les uns se veulent rassurants et les autres alarmants. Le nombre d'appels au Samu explose de nouveau, provoquant la saturation des lignes. Le parc des ambulances pour la prise en charge des personnes souffrant d'une détresse respiratoire est comme un canard boiteux incapable de subvenir aux besoins. Les lits de réanimation ne sont pas tous occupés mais le nombre de médecins réanimateurs est inférieur à la capacité disponible. Les mises à jour de l'évolution de la pandémie inquiètent les citoyens qui revendiquent le retour au confinement. Nissaf Ben Alaya et les membres du Comité scientifiques sont catégoriques, il faut se résigner à l'idée de vivre avec le virus. Cela se passe à un moment où les premiers signes avant-coureurs de la grippe saisonnière pointent le nez. Conscient de la gravité de la situation, le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a décidé d'intensifier les campagnes de sécurité visant à imposer l'utilisation des moyens de prévention contre le coronavirus. Il s'agit, notamment, du port obligatoire du masque dans les espaces publics, les lieux de rassemblement, les moyens et stations de transport, les alentours des établissements éducatifs et de l'enseignement supérieur et tous les espaces accueillant les citoyens. Priorité sera accordée aux fonctionnaires du ministère de la Santé et de l'institution sécuritaire qui constituent «les soldats en première ligne face à cette pandémie» en termes de dépistage et d'hébergement dans des centres de confinement. Le citoyen lambda, lui, devra encaisser et subir. Lui qui attendait la réactivation de la mesure de la réquisition des laboratoires et des cliniques privées pour venir à la rescousse des structures sanitaires publiques. Mais qui s'en soucie ?