La Banque Centrale de Tunisie met en circulation un nouveau billet de banque de 50 dinars    Espérance de Tunis, Etoile du Sahel, US Monastir et club Bizertin au programme TV du mercredi 24 septembre en championnat    Météo en Tunisie : pluies orageuses attendues dans 7 gouvernorats    DONGFENG passe à la vitesse supérieure en Tunisie et présente sa nouvelle gamme de véhicules à énergie nouvelle    Tourisme : la Tunisie dévoile ses atouts au salon « Top Resa » à Paris    Près de douze milliards de dinars générés par les TRE et le tourisme    Ligue 1 – championnat national (7e journée) – CAB : Rester dans la même dynamique !    Ligue 1 – championnat national (7e journée) – ESS : L'heure de vérité    Ligue 1 – championnat national (7e journée) – ST : Ne rien lâcher    La loi sur les contrats de travail et la sous-traitance publiée dans le journal officiel    Lotfi Riahi : les bouchers s'enrichissent de 34 dinars par kilo de viande rouge !    Des moutons malades destinés à l'abattoir, un élu de Sousse évoque un scandale sanitaire    Santé à Sidi Bouzid : une banque de sang entre en service    Taïwan : Le cyclone Ragasa fait plusieurs victimes    Mohamed Ali Nafti en marge de l'Assemblée Générale de l'ONU : « il faut parvenir à une gestion concernée de la politique migratoire »    Tozeur : la centrale photovoltaïque avance à grands pas    Kasserine : un fonctionnaire déféré et un promoteur placé en garde à vue pour usage de faux    Parlement-Commission de la santé: audit du projet de loi sur le secteur de la santé    Un nouveau front pour la reconnaissance de l'Etat palestinien : de l'ONU au FMI et à la Banque mondiale    Liberta Inaya+ : offrez à vos parents une Omra de rêve, en toute sécurité    Injustice et favoritisme : Fatma Mseddi exige une réforme dans la fonction publique    La flottille vers Gaza ciblée par des bombes sonores (vidéo)    Témoignage du député Mohamed Ali sur l'agression de la flottille Al Soumoud    Météo du Mercredi 24 Septembre 2025 : Journée Instable en Vue !    Migration : Tunis et Bruxelles prônent une approche concertée et solidaire    Mohamed Ali Nafti en marge des travaux des Nations Unies: « Nous devons tenir à nos aspirations originelles et bâtir un avenir radieux »    La plus tunisienne des italiennes Claudia Cardinale a tiré sa révérence    Le gouvernement examine le projet de loi de finances 2026    Claudia Cardinale, icône du cinéma européen, s'est éteinte à 87 ans    Ousmane Dembélé remporte le Ballon d'Or 2025 et rejoint Zidane, Platini et Benzema    Diplômés au chômage longue durée: une proposition de loi qui fixe les conditions de leur intégration    Le grand moment Palestine aux Nations-Unies : Historique ! Et le plan Macron    UGTT : le congrès national fixé aux 25, 26 et 27 mars 2026 à Tunis    Israël accusé d'avoir attaqué la Tunisie : un aveu inédit de Tom Barrack    Riadh Zghal: L'indice de développement régional et la persistance des inégalités    Quasi-collision à Nice : que s'est-il réellement passé entre Nouvelair et EasyJet ?    Théâtre de l'Opéra de tunis: ce vendredi, hommage posthume à l'artiste Fadhel Jaziri    De la « fin de l'histoire » à la « fin de la mémoire»    Dr Mustapha Ben Jaafar - La reconnaissance de l'Etat de Palestine, étape décisive vers la paix au Moyen Orient    Séisme de magnitude 3,2 dans le gouvernorat de Gafsa    105 000 visas Schengen délivrés aux Tunisiens en 2024 avec un taux d'acceptation de 60 %    Ballon d'Or 2025 : à quelle heure et sur quelle chaîne voir la cérémonie    Clôture du festival du film de Bagdad: Le film tunisien « Soudan Ya Ghali » remporte le prix du meilleur documentaire    Saint-Tropez sourit à Moez Echargui : titre en poche pour le Tunisien    Incident sur le terrain : Gaith Elferni transporté à l'hôpital après un choc à la tête    Sfax célèbre l'humour à l'hôtel ibis avec ibis Comedy Club    La Bibliothèque nationale de Tunisie accueille des fonds de personnalités Tunisiennes marquantes    Fadhel Jaziri: L'audace et la norme    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Pénurie des médicaments | Kamel IDDIR, Expert auprès de l'OMS : La refonte du secteur ne peut plus attendre
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 09 - 2020

Le problème de la pénurie des médicaments a éclaté au grand jour en 2018, lorsque médecins et pharmaciens ont tiré la sonnette d'alarme sur la rupture des stocks dans les officines et les hôpitaux publics. Pour débloquer la situation, le gouvernement a recouru, à l'époque, à l'injection de 500 millions de dinars au profit de la Pharmacie centrale qui n'était plus en mesure d'honorer ses engagements envers ses fournisseurs, notamment étrangers. Deux ans plus tard, on est toujours à la case départ. Radioscopie d'une crise chronique avec l'ancien directeur général de la DPM, Kamel Iddir.
Si les ruptures des stocks des médicaments deviennent de plus en plus fréquentes ces dernières années, la crise des médicaments est, en effet, une crise tentaculaire et latente dont les prémices seraient apparues bien avant 2017. "Le manque de médicaments et la rupture de la chaîne de distribution prend une autre tournure. Il y a eu des alertes depuis plusieurs années et en 2018, l'Etat est intervenu en injectant 500 millions de dinars. Mais le problème revient presque tous les ans avec un peu plus de complication", a souligné l'ancien directeur général de la DPM au sein du ministère de la Santé et expert auprès de l'OMS, Kamel Iddir, dans une déclaration accordée à La Presse.
Et d'ajouter " Je pense que le problème est devenu structurel et qu'une révision profonde des systèmes d'assurance sociale en l'occurrence la Cnrps, la Cnss et notamment la Cnam, s'impose, surtout que tout citoyen occupé paie une cotisation d'assurance maladie à hauteur de 6,75% pour accéder à une prise en charge médicale".
Un manque à gagner qu'on aurait pu éviter
Pour l'expert auprès de l'OMS, la Pharmacie centrale est "au cœur de la tourmente". Cet organisme qui est sous la tutelle du ministère de la Santé et qui détient le monopole de l'importation des médicaments est dans une situation financière difficile. En effet, les dettes de la Pharmacie centrale auprès de ses fournisseurs ont grimpé, ces deux dernières années, pour atteindre 800 millions de dinars, alors qu'elles étaient de 500 millions de dinars, en 2018. "Même si l'Etat a injecté à l'époque 500 millions de dinars, ça ne résout plus les problèmes. Aujourd'hui, le non-paiement des entreprises publiques et privées auprès de la Pharmacie centrale lui coûte une somme de 1,1 milliard de dinars alors que ces dus s'établissaient à 880 millions de dinars en 2018. S'y ajoute la compensation engagée par la Pharmacie centrale et la non-révision régulière des prix des médicaments, dont le coût total a atteint 253 millions de dinars en 2019, contre 60 millions de dinars en 2017. Tous ces chiffres reflètent la situation financière extrêmement difficile de la Pharmacie centrale qui ne peut plus honorer ses engagements", a expliqué Iddir. Il a ajouté, à ce propos, que les sommes faramineuses allouées à la compensation auraient été allégées si l'on sait que parmi les 253 millions dinars, on compte 60 millions de dinars qui sont compensés pour des médicaments ayant des similaires fabriqués localement et 70 millions de dinars pour des médicaments ayant déposé leurs dossiers d'Autorisation de mise sur le marché auprès du ministère de la Santé publique, depuis plusieurs années. Au total, il s'agit d'un manque à gagner de l'ordre de 130 millions de dinars que la Pharmacie centrale aurait pu éviter.
Des velléités de casser le monopole de la PCT
A vrai dire, cela fait des années que la Pharmacie centrale est piégée dans le cercle vicieux de l'endettement. Le simple fait d'injecter de l'argent ne peut plus constituer une solution radicale à ce problème chronique, causé essentiellement par l'hémorragie financière des caisses sociales. Selon l'ancien directeur général au sein du ministère de la Santé, cette situation suscite la convoitise de certaines parties qui ne cachent pas leurs velléités de casser le monopole détenu par la Pharmacie centrale afin de se tailler leurs parts de ce marché. "Aujourd'hui, si on ne révise pas les structures de l'assurance maladie, si on ne permet pas à la Cnam de payer ses dus et ses factures, la Pharmacie centrale sera dans l'impossibilité d'honorer ses engagements auprès de ses fournisseurs étrangers et même nationaux, et l'impact sera terrible sur la santé du Tunisien. Il faut savoir que certaines parties souhaitent la disparition de la Pharmacie centrale pour récupérer le monopole qu'elle détient. Il serait grave de ne pas pérenniser la PCT car la centralisation des achats des médicaments nous permet une force de négociation et une meilleure rentabilité des commandes", a-t-il précisé à ce sujet.
Le secteur des médicaments subit, également, de plein fouet, les effets destructeurs du détournement, notamment avec le vol des médicaments au niveau des structures publiques qui représente plus de 30% des stocks disponibles, a fait savoir Iddir. Il ajoute, dans le même sillage: "le 30e rapport de la cours des comptes révèle des détournements de médicaments de plus de 6 millions de dinars. L'exportation illégale des médicaments à partir de la Tunisie vers les pays voisins, la corruption annoncée par l'Instance nationale de lutte contre la corruption dans le traitement de certains médicaments, le gaspillage, la surconsommation, le surstockage sont d'autres problèmes qui sont venus gripper la bonne marche et la dispensation des médicaments en Tunisie".
Les remèdes à cette crise
Aussi, pour surmonter cette crise chronique, il faut des remèdes structurels à cette pénurie qui ne cesse de revenir. Parmi ces solutions, l'expert auprès de l'OMS cite : "réformer les systèmes de financement des hôpitaux et des structures publiques en améliorant leurs gouvernances afin de limiter leurs déficits et améliorer la qualité des services fournis. Il s'agit, aussi, d'améliorer la gouvernance de la Pharmacie centrale par la mise en place d'une cellule de veille et d'une plateforme numérique sécurisée à l'échelle nationale qui permet l'interconnexion entre la Pharmacie centrale, les fabricants locaux et les structures hospitalières, et dont la mission est d'améliorer la traçabilité de la consommation des médicaments dans les secteurs public et privé.
Faut-il aussi sécuriser la dispensation des médicaments au niveau des structures publiques par la mise en place et le renforcement de la Distribution Journalière Individuelle Nominative (DJIN) et de renforcer les prérogatives de l'Observatoire national des médicaments, afin qu'il puisse mieux suivre la consommation des médicaments et anticiper toute perturbation du marché en fixant des stocks stratégiques minimum.
L'expert énumère également l'accélération de la mise en place du décret d'application pour permettre la substitution et l'interchangeabilité des produits princeps par des génériques pour réduire considérablement les dépenses des ménages et la lutte contre la corruption et les conflits d'intérêts à chaque étape dans la chaîne du médicament depuis les essais cliniques, passant par l'enregistrement, le contrôle, la commande, la commercialisation, la distribution, la prescription jusqu'à la dispensation.
Ces mesures qui sont déjà prises dans la plus grande majorité des pays développés tardent à se mettre en place dans notre pays. « Je pense qu'il faudrait aussi établir des schémas thérapeutiques pour les pathologies courantes afin de mieux maîtriser les dépenses du médicament et harmoniser la prescription médicale en élaborant des protocoles thérapeutiques pour le remboursement.
Mettre en place un comité unique de prix comprenant les différents intervenants, en l'occurrence le ministère de la Santé, le ministère du Commerce et le département de l'Industrie afin d'avoir une meilleure capacité de fixation, de révision et de remboursement des prix en séparant l'avis scientifique pour l'octroi de l'autorisation de mise sur le marché, et l'aspect économique du produit: ceci nous évitera de vendre des médicaments dont le prix reste figé durant des années et qui se vendent aujourd'hui à des prix supérieurs à ceux de Suisse ou de France".Pénurie des médicaments


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.