Hier, le monde a rendu un vibrant hommage à la société civile tunisienne, qui s'est imposée comme «un modèle international pour la paix» La ville d'Oslo, la capitale de la Norvège, a vécu hier au rythme de la Tunisie à l'occasion de la remise du prix Nobel de la paix 2015 au Quartette du Dialogue national. Devant l'Hôtel de Ville où Houcine Abassi, Wided Bouchamaoui, Abdessattar Ben Moussa et Mohamed Fadhel Mahfoudh devaient recevoir l'hommage du monde entier, à travers la fondation Nobel, pour la réussite du Dialogue national à faire de la révolution tunisienne l'exception parmi les autres révolutions ayant traversé le monde arabe, les Tunisiens, plus particulièrement les syndicalistes de l'Ugtt qui ont afflué vers la capitale norvégienne en grand nombre ainsi que plusieurs de nos compatriotes établis en Europe, ont tenu à faire de la journée du jeudi 10 décembre 2015 une journée typiquement tunisienne. Ainsi, bien avant que la cérémonie officielle ne démarre et que les récipiendaires du prix Nobel ne reçoivent leurs médailles, la fête battait son plein devant l'Hôtel de Ville et les Norvégiens ont eu l'occasion de découvrir que la flamme et l'esprit qui ont accompagné la révolution du 17 décembre-14 janvier sont toujours vivants et que les difficultés que connaît actuellement notre pays ne feront que renforcer notre détermination à gagner la bataille de la démocratie et à éradiquer le cancer terroriste. Ceux qui scandaient à plusieurs reprises l'hymne national, l'hymne de la vie et de l'espoir, qui hissaient fièrement le drapeau national accouplé au drapeau palestinien et qui arboraient les portraits des martyrs de la démocratie Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avaient un message à porter au monde et ils l'ont admirablement transmis par le biais des télévisions qui retransmettaient en direct et la cérémonie officielle et l'ambiance festive qui ont imprimé à la ville d'Oslo les couleurs de la Tunisie et la joie de son peuple de voir sa révolution reconnue de nouveau et son processus de transition démocratique salué à sa juste valeur. Des moments d'émotion qui resteront gravés dans la mémoire des Tunisiens rivés à leur petit écran pour voir, suivre et apprécier comment le monde allait récompenser les parrains du Dialogue national et à travers eux la société civile, avec ses militants et surtout ses militantes, qui ont refusé et ont tout fait pour que leur révolution, celle qui a consacré leur dignité, leur liberté et leur droit de décider librement et souverainement de l'avenir de leur pays ne soit pas confisquée ou, pour dire les choses crûment, volée par les forces de l'inertie, de l'obscurantisme et de l'extrémisme. Et les Tunisiens et les Tunisiennes n'oublieront jamais les menaces qui pesaient sur le pays, n'eût été le sursaut citoyen canalisé et mené à bon port par les parrains du Dialogue national, en dépit des embûches, des obstacles et des manœuvres surnoises qui se dressaient sur leur chemin. Hier, les Tunisiens ayant accouru à Oslo en bravant le coût élevé du voyage et en lançant un défi édifiant aux semeurs de mort qui continuent à vouloir anéantir les aspirations de tout un peuple à la liberté, à la modernité et à l'épanouissement ont dit clairement leur attachement à la culture de la vie, de l'édification, de la création. Et au-delà des allocutions prononcées par les lauréats du prestigieux prix qui sont revenus sur la genèse du Dialogue national «qui n'a pas été toujours facile», c'est bien l'idée du dialogue et du consensus (les malheureux événements secouant le monde ces dernières semaines de Paris à Bruxelles, en passant par le Liban et le Mali, montrent que le choix du dialogue et de l'écoute de l'autre est bien la seule issue pour que le monde extirpe la haine et la violence menaçant l'humanité dans son ensemble) qu'il importe de valoriser en cette période d'incompréhension, d'amalgame et de déni de l'autre, tout simplement parce qu'il est différent. D'ailleurs, le discours de la présidente du Comité Nobel norvégien, Kaci Kullmann Five, est édifiant quant à l'hommage qu'elle a rendu à la Tunisie révolutionnaire «qui a prouvé au monde entier que le dialogue est possible entre courants islamistes et laïques pour trouver des solutions dans l'intérêt général du pays». Et les membres du Quartette d'insister, pour leur part, sur le fait que «le monde a besoin aujourd'hui d'un dialogue entre les civilisations, d'une coexistence pacifique diversifiée et plurielle et d'une vision commune de lutte contre toutes les formes d'obscurantisme idéologique». Hier, la culture de la concorde et du dialogue qui ont fait «de la société civile tunisienne un modèle international pour la paix dans le monde» a été plébiscitée méritoirement par ceux qui sont encore convaincus que la paix est toujours possible, que les différences et les spécificités sont un facteur d'enrichissement continu de la civilisation humaine et que la marche de l'histoire se poursuivra, mais à condition de faire du dialogue son emblème et sa devise.