Depuis le mois de juillet, l'Etat a mis en place un système de confinement obligatoire en hôtel pour les touristes et ressortissants tunisiens venant de pays « à risques » classés « zone rouge ». Or, comme le rappelle l'hôtelier Karim Ben Smail, la liste officielle des établissements censés accueillir ces clients en ces temps de coronavirus est une référence essentielle pour tous ceux qui veulent venir en Tunisie. Mais elle n'existe que sur un média privé. Il s'interroge : « Pourquoi n'est-elle pas publiée par un organisme public ? » Ces hôtels, préalablement agréés par le ministère de la Santé, font l'objet d'un répertoire officiel, comportant notamment les précautions sanitaires, les modalités de services et les prix proposés pour le « package confinement ». Les voyageurs sont tenus de réserver leur séjour dans un de ces hôtels agréés, et de présenter leur réservation et leur preuve de paiement à l'embarquement de l'avion. La liste de ces hôtels est en principe envoyée par le ministère des Affaires étrangères à toutes les ambassades, qui elles-mêmes la transmettent aux aéroports et compagnies aériennes desservant la Tunisie. Karim Ben Smail, le dirigeant de l'Hôtel Carlton, au centre-ville de Tunis, témoigne : « A notre connaissance, et malgré plusieurs demandes aux ministères du Tourisme et de la Santé, les hôteliers concernés par ce créneau n'ont pas été informés officiellement de leur inclusion ou de leur exclusion dans la liste des hôtels agréés à recevoir des clients confinés ; malgré les efforts et frais occasionnés par l'organisation et la mise en conformité de leurs unités pour accueillir en toute sécurité ces clients confinés ». Des hôteliers vont plus loin : « La liste officielle des hôtels agréés n'existe nulle part. A notre connaissance, seul un site privé, Destination Tunisie, la publie régulièrement et fait désormais référence, même au sein des ministères ! Malgré la qualité reconnue de ce média, cela reste une source privée, secondaire, qui ne peut être mise en avant en cas de problèmes aux frontières. Il est urgent que le ministère de la Santé, du Tourisme et celui des Affaires étrangères publient et mettent à jour une liste officielle, qui fasse référence ». Selon K. Ben Smail, cela fait des mois que les professionnels font cette demande… et que les responsables de la santé les renvoient vers ceux du tourisme, et inversement. « Notre hôtel a été intégré à cette liste, puis enlevé, sans que nous en soyons informés autrement que par des clients qui se sont trouvés piégés dans des aéroports. La semaine dernière, les aéroports de Dubai et Rabat n'avaient pas de liste mise à jour. Notre vis-à-vis au ministère de la Santé vient de nous confirmer que nous y sommes de nouveau, tant mieux, mais à la question de savoir où est la liste de référence, la réponse est toujours la même : voyez avec le Tourisme ! »,insiste-t-il. K. Ben Smail revient à la charge avec une pointe d'exaspération : « Pour résumer : aujourd'hui les citoyens tunisiens et les étrangers venant des pays classés "rouges" sont obligés de réserver et payer à l'avance leur séjour dans des hôtels agréés, sinon ils sont refoulés à l'aéroport. Cependant, cette liste, du moins sous sa forme officielle, n'existe nulle part ! Nous avons cherché partout : Santé, Ontt, Tourisme, présidence, aviation civile... Nulle part. Les voyageurs sont dans le flou et doivent se fier à des sources privées, qui se trouvent en fait investies du pouvoir "étatique" d'informer le public! La communication officielle de l'Etat est déficiente sur un sujet éminemment actuel et brûlant : le rapatriement de nos concitoyens en période de crise Covid, et le maintien du mince filet de clients qui garde à flot quelques hôtels durement éprouvés par ailleurs. » Et cela dure depuis plus de trois mois. L'information existe et les décisions sont prises, mais personne ne semble se soucier d'informer le public et les professionnels concernés. Il s'agit de service public, de préservation d'emplois, de devises pour l'Etat... Jusqu'à quand ?