L'accord politique interlibyen signé dimanche en Tunisie redonnera-t-il espoir à l'imposante colonie tunisienne basée dans ce pays ? Tout dépendra de Fajr Libya, de Daech, mais aussi d'Al Qaïda L'accord politique signé dimanche dernier à Tunis par les représentants des deux parlements libyens établis à Tripoli et à Tobrouk, en vue de mettre fin à la guerre ravageant leur pays, atteindra-t-il son objectif tant souhaité ? Nous fera-t-il oublier les deux accords similaires entérinés au début de l'année et qui sont restés, malheureusement, lettre morte ? Faut-il répondre par optimisme ou par scepticisme ? Une certitude, tout de même, à savoir que la mise à exécution de «l'accord de Tunis» dépendra inéluctablement de l'approbation des différentes milices islamistes rivales qui font toujours la loi dans un pays où l'Etat, déchiré par les dissensions et le chaos, tarde à asseoir son autorité. Or, ces milices, on le sait, ne veulent rien entendre. Elles font comme bon leur semble n'en déplaise aux politiciens, et, pour elles, faire capoter un accord est plus facile, surtout s'il n'arrange pas leurs affaires. De surcroît, la Libye compte aujourd'hui pas moins de trois organisations terroristes de poids : Fajr Libya, Al Qaïda et l'inévitable Daech. Soit trois groupes aux ambitions et convictions diamétralement opposées et qui sont pléthoriques en hommes et redoutablement armés. Tous ont donc des visées expansionnistes dans ce pays, et tous veulent s'emparer de la grosse part du «gâteau» ! Et si l'un est satisfait, l'autre ne l'est pas forcément, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent. Et comme cela ne suffisait pas à la peine de la Libye, le retour en force amorcé dernièrement par Al Qaïda dans ce pays et matérialisé par des attentats spectaculaires, a jeté de l'huile sur le feu, en rendant la situation sécuritaire plus confuse, donc plus dangereuse. Dès lors, que peut faire un politicien en cravate face à des barbus sauvages? Rien, ou presque, même s'il est choisi par eux-mêmes. Autre détail non moins important : Daech et Al Qaïda ont boycotté les dernières négociations interlibyennes de Gammarth, un signe qui ne trompe pas sur leur refus de toute solution de paix. Tout cela pour dire que la Libye est loin d'avoir entrevu le bout du tunnel et qu'elle est même condamnée à d'autres années d'incertitudes et d'instabilité. Au grand dam de ses voisins dont la Tunisie qui en souffrira doublement. D'abord à la frontière où elle a et aura encore à contrecarrer les flux de réfugiés et de déplacés, et les infiltrations des terroristes. Ensuite, en ce qui concerne l'imposante colonie tunisienne basée en Libye, il s'agit là d'un vrai casse-tête, dans la mesure où personne ne peut prévoir le sort qui attend cette colonie estimée à plusieurs dizaines de milliers d'âmes. La question devient autrement plus cruciale et alarmante, au cas où la coalition internationale exécuterait sa menace d'intervenir militairement dans ce pays. Calvaire au quotidien En attendant, nos ressortissants en Libye ne sont pas, en ce moment, dans une situation meilleure. En effet, il s'est encore avéré qu'ils y vivent un calvaire de tous les jours, voire de tous les instants : exactions, descentes punitives, subtilisation de passeports, saisie d'économies...! Dans ce même tableau, on ne compte plus les otages tunisiens disparus dans l'immense territoire libyen, et dont on n'a toujours plus de nouvelles. RAJ JEDIR : Reprise du trafic entre la Tunisie et la Libye Le poste frontalier Ras Jedir(gouvernorat de Médenine) a été rouvert jeudi à minuit, et le trafic a repris dans les deux directions sans enregistrer une grande affluence de passagers. Des commerçants tunisiens se sont dirigés vers la Libye pour reprendre leur activité commerciale et des Libyens ont franchi le territoire tunisien pour bénéficier notamment des prestations sanitaires, ont confié certains passagers à la correspondante de la TAP dans la région. Un renfort sécuritaire a été déployé au niveau des frontières avec la Libye et le contrôle des passagers et des marchandises a été renforcé. Le passage frontalier Ras Jedir a été fermé durant 15 jours après une décision du conseil supérieur de la sûreté nationale dans le cadre des mesures sécuritaires prises après l'attaque terroriste perpétrée contre un bus de la garde présidentielle à Tunis.