Une chose est presque certaine, Habib Essid devrait succéder à Habib Essid à la tête du gouvernement. Non pas que son bilan ait été particulièrement, voire globalement positif, loin s'en faut. A l'aune de l'efficience, c'est un gouvernement au-dessous de la moyenne Le remaniement touchera, selon toute vraisemblance, les ministères régaliens, dits de souveraineté, sinon tous, du moins leur écrasante majorité Les dés sont jetés. Le remaniement ministériel est une question de quelques jours. M. Habib Essid, chef du gouvernement, l'a bien annoncé fin novembre au Parlement. Le remaniement ministériel interviendra après l'adoption de la loi de finances. Elle a été adoptée il y a quelques jours. Le compte à rebours a déjà commencé. Reste à savoir : quelle est la vraie teneur de ce remaniement ? Serait-ce le grand chamboulement ou le changement dans la continuité ? Les conjectures battent leur plein, réitérant, encore une fois, la remanite aiguë que les Tunisiens affectionnent particulièrement. Et va pour les pronostics, les lectures savantissimes et les déchiffrages alambiqués. Une chose est presque certaine, Habib Essid devrait succéder à Habib Essid à la tête du gouvernement. Non pas que son bilan ait été particulièrement, voire globalement positif, loin s'en faut. A l'aune de l'efficience, c'est un gouvernement au-dessous de la moyenne. En près de onze mois d'exercice, il n'a guère brillé par ses réformes économiques et sociales. Tout au plus se gave-t-il de déclarations d'intentions plus généreuses les unes que les autres. Le président de la République, M. Béji Caïd Essebsi, l'avait bien reconnu dans une récente interview télévisée : «Nous escomptions un gouvernement de réformes, il ne s'agit que d'un gouvernement de gestion des affaires courantes», avait-il concédé. Mais M. Habib Essid bénéficie de deux atouts majeurs. En premier lieu, il a les faveurs des deux principaux partis de la majorité, le mouvement Nida Tounès et le mouvement Ennahdha. Il s'est attiré les faveurs des deux partis en s'ingénient à ménager la chèvre et le choux. Il a esquivé adroitement les questions qui fâchent à l'endroit d'Ennahdha tout en campant un profil bas vis-à-vis du principal clan de Nida, le clan présidentiel. En second lieu, Habib Essid a prêté le flanc aux manœuvres présidentielles instituant de fait un régime présidentialiste, alors que la Constitution prévoit un régime parlementaire mitigé et érige le chef du gouvernement en personnalité la plus puissante du régime. Ce faisant, Habib Essid fait sien le fameux mot d'ordre du Premier ministre, M. Mohamed Mzali, au temps de la déliquescence du régime du président Habib Bourguiba et de la lutte au couteau pour sa succession, au début des années 80. Il disait tout simplement : «Il faut savoir durer». Ce qui ne l'avait pas empêché de connaître une fin de carrière politique en queue de poisson. Par ailleurs, il est certain aussi que le remaniement touchera les ministères régaliens, dits de souveraineté, sinon tous, du moins leur écrasante majorité. Le ministère de la Justice est sans ministre depuis le limogeage manu militari de M. Mohamed Salah Ben Aissa le 20 octobre dernier. Le ministère de la Défense devra impérativement revenir à un haut gradé de l'armée, en temps de guerre ouverte contre le terrorisme, de régime d'exception et de couvre-feu dans le Grand Tunis. Le ministère des Affaires étrangères n'est guère en reste, s'étant distingué jusqu'ici par son apathie et sa sclérose diplomatique. Quant au ministère de l'Intérieur, il semble bien qu'il soit temps d'y faire le grand ménage. Son locataire actuel a échappé aux mailles du remaniement partiel malgré l'incurie profonde des services de sécurité face aux attentats ravageurs et répétitifs de Sousse, de juin à octobre, et de Tunis le 24 novembre dernier. S'il persiste dans ses fonctions, le ministère devrait au moins connaître des changements substantiels dans ses directions et services. Reste les autres ministères. Eux aussi, dans une très large proportion, ne brillent pas particulièrement. Si certains ministres arrivent à tirer leur épingle du jeu, l'écrasante majorité d'entre eux se contentent de végéter ou d'entreprendre des semblants d'actions pour le moins contreproductives (nous y reviendrons dans de prochains articles).