Un avocat célèbre poursuivi pour blanchiment d'argent et corruption    Tebboune : la Tunisie est dans une situation économique un peu difficile, mais elle est capable d'en sortir    « La ministre de l'Industrie doit partir » : la députée Mseddi dénonce l'incompétence du gouvernement    Giessen : plusieurs blessés lors d'une fusillade dans une zone commerciale    STIP : baisse du bilan, recul des capitaux propres et pertes record en 2024    Tunisie : ciel partiellement nuageux et pluies éparses attendus cette nuit    Retour du train du matin sur la ligne Sousse–Tunis dès lundi prochain    Tunisie : lancement d'un projet ambitieux de modernisation du Colisée d'El Jem    Tunisie : Cinéma Jet poursuit son aventure à Nefta    Hend Chaouch : 30 ans de passion et d'audace au cœur du désert tunisien    Gabès : le conseil local et les habitants réclament l'arrêt des activités polluantes du GCT    Foot-Olympique de Béja: séparation à l'amiable avec l'entraîneur Skander Kasri    Investissements extérieurs : l'Espagne, quatrième partenaire de la Tunisie    CONDOLEANCES : ZOUHEIR BESBES    Cancers, asphyxies, maladies chroniques : un médecin dresse un sombre tableau de Gabès    Ligue 2 – 4e journée : Favorable à l'US Tataouine    La BERD et l'Union européenne lancent un mécanisme de financement vert en Tunisie    Il y a sept ans, la Tunisie adoptait la loi contre la discrimination raciale : de l'espoir à la régression    La Tunisie vieillit plus vite que prévu...    Tunisie sous le signe des pluies : alertes pour le nord et le Sahel dès ce week-end    La Chine impose aux navires américains de nouveaux droits portuaires    Après le « shutdown » du gouvernement : licenciement massif des fonctionnaires de l'administration    Abattage de moutons malades à l'abattoir de Sousse : trois ans de prison contre quatre personnes, dont un vétérinaire    La Tunisie lauréate du ''One Health Award 2025''    En dépit du cessez-le-feu, l'occupation sioniste maintien la fermeture de l'entrée à Sinjil, au nord de Ramallah    Le ministère de l'Energie et le Cluster Mecatronic Tunisie accélèrent la transition vers la mobilité électrique    Macron mise sur la continuité en reconduisant Lecornu à Matignon    Eliminatoires coupe du monde 2026 – groupe H – Tunisie-Sao Tome-Et-Principe (6-0) : Sans le moindre souci...    Jamila Boulakbeche explose les records tunisien et arabe à Martigues    Intoxications à Gabès, Lassad Yakoubi... Les 5 infos de la journée    Tozeur : restauration du décor du film Star Wars à Ong Jmel    Nobel de la paix : la colère de la Maison Blanche après le rejet de Donald Trump    Le Syndicat des pharmaciens appelle à inscrire les dettes de la Pharmacie centrale dans la prochaine loi de finances    Gabès : suffocation d'élèves à Chott Essalem, les habitants en colère bloquent la route    Tunisie vs São Tomé-et-Principe : guide complet pour regarder la rencontre    Météo en Tunisie : pluies éparses et temporairement orageuses sur le Nord-Ouest et le Centre    La BCT mobilise le secteur bancaire pour assurer le financement de la campagne oléicole    Limogeage du PDG de la Pharmacie centrale de Tunisie    Al Sissi à Trump : vous méritez le prix Nobel de la paix !    Rotary Club Ariana La Rose et l'artiste Olfa Dabbabi proposent l'exposition "Etoiles de dignité"    Envirofest 2025 débarque à Ain Drahem : cinéma, éco-village et mobilisation citoyenne à Dar Fatma    Ya Hasra, «Le Battement des années», de Tahar Bekri    Radio Tataouine : la Tunisie règle ses dettes avant la fin du monde !    Goethe-Institut Tunis invite le public à vivre un voyage sensoriel avec Paul Klee à travers 'KleeXperience'    Une radio web féministe "Radio Houriya" lancée par les étudiantes de l'école féministe Aswat Nissa    Cette image de Ronaldo avec un keffieh et le drapeau palestinien est générée par IA    ARP : nouvelle session et appui au développement agricole    Mondiaux para-athlétisme : Raoua Tlili médaillée d'or au lancer du disque F41    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Parc du Belvédère : Le charançon rouge attaque de nouveau les palmiers
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 12 - 2020

Le charançon rouge est un fléau qui poursuit ses ravages dans le Grand-Tunis notamment. La situation inquiète aujourd'hui la société civile et les experts. Tout cet écosystème risque de disparaître si on ne prend pas les dispositions d'urgence nécessaires.
Samedi matin. Il est 9h00 au Parc du Belvédère, considéré autrefois comme le poumon vert et premier lieu d'attraction du centre-ville de Tunis. Aujourd'hui, le joyau de la nature et de la verdure est devenu un cimetière à ciel ouvert où des palmiers sont rongés par le charançon rouge depuis de longues années. Jadis, le Belvédère était un grand espace de promenades et de détente, ouvert au grand public, aux amoureux de la nature, aux chercheurs et aux jeunes et moins jeunes, mais maintenant, il a perdu de sa superbe et de son lustre d'antan.
On n'y voit désormais que de drôles d'énergumènes et des clochards dans l'abandon sillonnant le parc de jour comme de nuit. Le parc zoologique de la Ville de Tunis, qui s'étend sur 13 ha, situé au cœur même du Belvédère, agonise. Cet espace, qui abrite plus de 160 espèces d'animaux, est inondé de palmiers creux, sans relief et sans vie.
L'insecte attaque les washingtonians
Dans ce contexte, nous avons interrogé Mohamed Ikbal Souissi, président de la Chambre nationale de l'agriculture biologique et du tourisme vert, chargé du bureau national du Synagri, il nous a révélé «qu'en 2017, un séminaire international a été organisé à Tunis en partenariat avec l'ambassade des Etats-Unis sur le thème du charançon rouge (insecte) et son éradication».
Les plus grands chercheurs dans le monde ont confirmé que cet insecte ravageur a des préférences pour certaines variétés de palmiers, à l'instar du canariensis. Mais dans le cas où il ne trouve pas cette variété, l'insecte attaque les washingtoniens (palmiers d'ornement), les palmiers dattiers... D'après certains observateurs, s'il arrive à détruire tous les palmiers d'une zone, il a la capacité d'attaquer d'autres types d'arbres. Et d'ajouter : «Si le charançon rouge arrive au Sud, la sécurité alimentaire, économique et nationale sera remise en jeu. L'unique région du globe qui est arrivée à éradiquer cet insecte est la Californie (Etats-Unis). Elle est parvenue à atteindre cet objectif grâce à la collaboration de la société civile et des habitants. Les responsables et dirigeants californiens, en concertation avec la société civile, sont arrivés à établir un plan de communication efficace qui leur a permis de mener une guerre sans merci contre cet ennemi des palmiers. Cette réussite est presque exceptionnelle. La situation est très grave dans notre pays. Nous devons mettre en place un plan de communication exceptionnel et faire de tous les citoyens tunisiens des acteurs de lutte. C'est par une décision politique qu'on peut concrétiser ces recommandations».
Vers une véritable mobilisation nationale
Dans la droite lignée de l'action volontariste de M. Souissi, un autre acteur-clé du dossier de lutte contre le charançon rouge est intervenu. Chokri Klouz, paysagiste et président de l'Association des amis du Belvédère, précise que depuis plus de 8 ans (présence signalée fin 2011), le charançon rouge du palmier (CRP) sévit dans le Grand-Tunis et les gouvernorats limitrophes et constitue un véritable danger pour les oasis. Et d'ajouter : «Nous avons recensé en 2019 plus de 7.000 palmiers d'ornements (palmiers des Canaries, Phoenix canariensis) qui sont infectés, soit pratiquement 20% des palmiers d'ornement recensés dans le "Grand-Tunis". La situation est dramatique aussi bien pour le paysage urbain que pour l'image touristique de la Tunisie. Nous ne pouvons regarder cette catastrophe sans réagir».
Par ailleurs, l'Association des amis du Belvédère a agi avec d'autres associations et organismes en créant une Coalition citoyenne contre le charançon rouge du palmier (4C). Après avoir été mise en place, ladite association a engagé un processus de mobilisation nationale qui a été couronné par une grande marche, qui s'est tenue le 15 juin 2019, à Tunis. Le principal objectif de cette coalition étant de porter la voix des différentes parties prenantes pour que les autorités nationales et locales engagent une véritable action nationale de lutte participative et intégrée pour la gestion du charançon rouge des palmiers. Un appel en 12 points a été lancé, suite à la marche, et a été adressé à la Présidence du gouvernement qui n'a pas réagi depuis cette date», a-t-il précisé.
Le risque est grand...
Pour sa part, Boubaker Houman, vice-président de l'Association des amis de Belvédère, a expliqué que la situation est grave. Le risque de l'effondrement de l'écosystème est grand. Le tueur du palmier rôde encore dans les rues et les artères du Grand-Tunis. Et notre interlocuteur se pose des questions sur un ton énervé : «Où sont les responsables politiques ? Où est la coordination institutionnelle entre les ministères ? Où sont nos chercheurs d'agronomie ? Où sont nos urbanistes ? De quelle stratégie parlent les responsables politiques depuis 2012 ? Où sont les fonds affectés à la lutte contre le charançon rouge ? Comment expliquer l'absence d'une volonté politique ferme, alors que nos oasis risquent d'être contaminées?». M.Houman rappelle que ses membres se sont penchés sur ce dossier brûlant qui concerne l'invasion des insectes qui ont infecté plusieurs palmiers en faisant preuve de beaucoup de patience et de vigilance.
«Nous attendons une réponse du gouvernement face à cette autre "pandémie" du charançon rouge du palmier dattier. Un sursaut national s'impose. Nous devons dépasser la constitution de commissions peu efficaces et l'élaboration de stratégies "boiteuses et infructueuses", ainsi que les déclarations politiques sans suite», rajoute notre interlocuteur.
Des milliers de palmiers canariens ornementaux sont visiblement infectés par le charançon rouge, notamment dans le Grand-Tunis. Certains des plus beaux spécimens sont désormais perdus à jamais. Le fléau continue à se propager vers le Nord (Bizerte) et le Sud (Nabeul et Bouficha). Et il n'échappe à personne que la situation est dramatique. Les traitements appliqués, les techniques adoptées et la stratégie mis en place se sont manifestement révélés inefficaces sans parler des dangers qui guettent les palmiers dattiers et les graves conséquences environnementales et sociologiques qui les accompagnent.
Et notre spécialiste écologique de relever que : «Nous avons décidé de déposer une plainte contre X pour non-conformité à l'arrêté relatif à la lutte contre le charançon et pour la mise en danger du patrimoine végétal et paysager. Notre objectif n'étant pas d'obtenir un dédommagement, mais de nous faire entendre pour que les autorités engagent une véritable lutte participative et intégrée à même de nous débarrasser de ce fléau. L'éradication de ce fléau n'est malheureusement plus à l'ordre du jour de l'administration tunisienne».
Les risques qui guettent nos oasis
Un chargé de mission international médical apporte ses connaissances et donne plus de poids à la lutte contre l'éradication de toutes les variétés de palmiers. Selon Dr Noureddine Nasr, expert international des Nations unies, coordinateur et membre fondateur de Coalition citoyenne pour la lutte contre le charançon rouge du palmier (4C), «La contamination des palmiers d'ornement dans le Grand-Tunis devient grave et même très grave. Il est clair pour tout le monde et notamment pour les spécialistes du charançon rouge du palmier que la stratégie de lutte contre ce ravageur se limite actuellement à écimer les palmiers qui ont atteint le dernier stade de la maladie. Sans l'engagement des actions concrètes sur les oasis, la contamination risque de se développer davantage. Les insectes peuvent se déplacer au Sud et vers le Grand-Tunis dans des camions chargés de dattes. Le risque est que ces moyens de transport circulent et se rendent jusqu'aux oasis avec des charançons rouges du palmier qui sont attirés par l'odeur des dattes.
«Vu l'importance des infections dans le Grand-Tunis et l'absence d'une coordination forte et permanente entre les différentes parties prenantes pour lutter contre le charançon rouge du palmier, je pense que l'on doit adopter et d'urgence (pendant cette saison des dattes) un plan d'action pour empêcher l'arrivée du ravageur dans les oasis et en même temps préparer les oasiens à une éventuelle introduction du charançon dans les oasis», a-t-il souligné. Dans ce sens, la lutte contre le charançon rouge du palmier n'est pas l'affaire du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche uniquement; plusieurs autres ministères ainsi que la société civile et le secteur privé sont aussi concernés.
D'où l'urgence du transfert de ce dossier au chef du gouvernement et même à la Présidence de la République car il s'agit vraiment de la sécurité nationale qui est mise en jeu si jamais les oasis sont totalement contaminées. Il faut définir les rôles et les responsabilités au niveau national et régional et commencer par la création de comités régionaux de lutte contre le charançon rouge du palmier au niveau de chaque gouvernorat oasien et même des comités au niveau de chaque oasis. Il est urgent, aussi, de préparer une cartographie des zones à haut risque de transfert de cet insecte du Grand-Tunis vers les zones oasiennes.
Préparer un plan de contingence
Ces zones doivent tout de suite être complètement nettoyées du charançon rouge du palmier. A titre d'exemple, parmi les zones rouges à surveiller de très près, nous citons le marché de gros de Bir El Kassaâ, les usines de dattes, les hôpitaux et les cliniques, les facultés et les écoles, les ministères, les ateliers où les transporteurs font l'entretien de leurs véhicules dans le Grand-Tunis après la livraison des dattes. Il est nécessaire d'assurer le lavage et le nettoyage des véhicules sur les lieux de livraison pour enlever les restes des dattes et leur odeur, et ce, dans le but d'éviter l'attraction des charançons rouges du palmier lors du stationnement dans le Grand-Tunis, surtout dans les zones infectées où le contrôle s'impose quotidiennement. Il est obligatoire, de même, de mettre dans les oasis des panneaux, des affiches tout en diffusant des spots et des programmes sur le charançon rouge du palmier. «Une application pour androïde doit être conçue et largement diffusée pour l'information, la communication, l'intervention, le suivi et l'évaluation du programme de lutte contre le charançon rouge. Les îles Canaries ont bien éradiqué le charançon en s'appuyant sur une application androïde accompagnée d'une intervention rapide. Pourquoi nous ne le ferions pas nous aussi en Tunisie ?», conclut M. Nasr.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.