Naissance d'un projet tuniso-italien : «Les voyages de la connaissance» qui mettent en valeur le patrimoine matériel et immatériel de deux régions Lundi dernier, un point de presse a eu lieu au musée de Kerkouane, concernant «Les voyages de la connaissance», un projet initié par la coopération transfrontalière Italie-Tunisie et l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), en présence de Ridha Kacem, directeur général de l'agence, Hichem Ksouri, coordinateur du projet et Tahar Ayachi, notre collègue connu pour sa fameuse rubrique «Vadrouille» et surnommé «L'atlas géographique du pays». Au fait, la coopération transfrontalière Italie-Tunisie est un programme qui s'inscrit dans le cadre de l'Instrument européen de voisinage et de Partenariat (Ievp), et qui concerne cinq provinces de la Sicile (Agrigente, Caltanissetta, Raguse, Syracuse, Trapani) et six régions côtières de Tunisie (gouvernorats de l'Ariana, Béja, Ben Arous, Bizerte, Jendouba, Nabeul). L'objectif principal de ce programme est la promotion de l'intégration économique, sociale, institutionnelle et culturelle entre les régions tunisiennes et siciliennes par un processus de développement conjoint et durable, sur la base d'un centre de coopération transfrontalière. Quant à l' Amvppc, il s'agit d'un établissement public à caractère non administratif, doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière, et soumis à la législation commerciale, placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. L'agence a pour mission d'exécuter la politique de l'Etat dans les divers domaines culturels, notamment la mise en valeur du patrimoine archéologique et historique et à sa gestion, et de promouvoir la créativité intellectuelle, littéraire et artistique. L'agence contribue également au développement du tourisme culturel, tout en œuvrant à la promotion de la production culturelle nationale sous toutes ses formes et des investissements dans le domaine des industries culturelles. Les deux partenaires ont donc réfléchi à ce projet de voyages de la connaissance dans l'objectif de mettre en place des circuits touristiques communs, destinés à faire connaître les traditions et richesses du patrimoine et immatériel des territoires impliqués. En avant-goût de ce circuit touristique et culturel, les organisateurs du point de presse nous ont montré un très bel olivier millénaire situé en face d'un marabout, qui a résisté à toutes les intempéries et aux mains assassines qui ont voulu le brûler au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011. Cette petite virée a déclenché, dans notre tête, une série de questions : que fait-on pour préserver notre patrimoine matériel et immatériel ? Le premier est en péril et le deuxième est en voie de disparition. Comment peut-on offrir aux regards ce qu'il en reste ? Pourquoi s'acharner à réanimer le tourisme hôtelier, déjà mort, alors que le tourisme alternatif est encore possible ? Des solutions pour le tourisme national et international existent, pourquoi est-ce que la décision politique ne suit toujours pas ? Qu'est-ce qui fait que même quand les institutions publiques se mettent à rêver, leurs rêves sont souvent avortés ? «Les voyages de la connaissance», voilà un beau projet. Que fait-on pour le réaliser ? Nous croyons comprendre que le côté tunisien compte sur la coopération italienne. En attendant, l'Amvppc et son partenaire ont élaboré un guide en deux parties intitulé «Sicile, Cap bon, une destinée commune» et ont produit un film documentaire en trois versions : une longue de la durée de 32 mn, et deux courtes de 13 et 7mn. Une projection de la première version a eu lieu en ce matin du lundi, dans une des salles du musée implanté à l'entrée du site archéologique punique de Kerkouane. Le documentaire, qui va être diffusé sur le site internet du projet, en plus du guide, sont censés attirer les touristes. Mais comment va-t-on transporter ces derniers et où va-t-on les accueillir? L'hydro-glisseur de Kélibia ne fonctionne toujours pas, et nos hôtels, dont les services laissent à désirer depuis belle lurette, s'enfoncent dans la décrépitude et l'arnaque. Et puis, pour ce circuit culturel et touristique ne faut-il pas toute une logistique ? Wahid Ibrahim, ancien directeur général de l'Ontt (Office national du tourisme tunisien) et fondateur de l'association du développement touristique d'El Haouaria, qui a bien voulu participer au débat, a évoqué deux autres grands piliers qui manquent : les agences spécialisées dans ce genre de circuits, et les médiateurs ou guides qui ont une très grande connaissance du territoire et de ses richesses matérielles et immatérielles. Bref, le projet est là. Mais il reste des réponses à trouver. A bon entendeur, salut.