Nos clubs savent-ils vendre et acheter ? Savent-ils prévoir des sorties à leurs joueurs ? Les traditions du mercato ne sont pas encore ancrées L'affaire Lamjed Chehoudi, qui a opposé le CAB à l'ESS, vient de connaître un épilogue «heureux» avec un compromis trouvé entre les deux protagonistes. Les Etoilés vont payer une somme plus élevée que celle prévue comme clause de résiliation. Entre-temps, et pendant trois semaines, les responsables des deux clubs ont tout fait pour ne pas résoudre le problème : des accusations croisées, des lectures personnifiées des règlements et une procédure déclenchée auprès de la FTF et de la commission d'appel. Le plus beau est que Chehoudi a joué deux matches officiels sous les couleurs de l'Etoile ! Fallait-il tout ce temps perdu pour arriver à un «arrangement financier» ? Entre les clauses floues du contrat et l'intransigeance des deux parties au début, on voit bien que cette affaire Chehoudi est une énième preuve de la fragilité du mercato tunisien. Sept ans après la mise en place d'un marché de transferts où il y a libre circulation des joueurs en fin de contrat, nous sommes encore (et presque) au même constat: les clubs tunisiens n'ont pas acquis les talents du savoir-acheter et du savoir- vendre. Nous sommes encore obligés de dénoncer des transactions hâtives, personnifiées, qui n'ont rien à voir avec l'intérêt des clubs et des joueurs eux-mêmes. Même les grands clubs (les mieux lotis) tombent souvent dans la facilité et optent pour des joueurs étrangers et tunisiens dont ils n'ont pas vraiment besoin. Mais que faire pour contenter un public qui aime les recrutements, et que faire pour alimenter les caisses vides et pour payer les dettes du club? Nous revenons à cette affaire Chehoudi pour relever cette nuance dans le contrat du joueur: une clause de résiliation pas très claire qui a ouvert la porte à un litige fracassant. Et si le CAB, l'ESS et Chehoudi se mettaient à table pour trouver une solution satisfaisante pour tout le monde ? On a encore l'affaire concernant Essifi, lequel a résilié son contrat avec l'USM, puis s'est trouvé au milieu d'une double affaire : la première face à son ancien club, et la seconde face à son nouveau club qui doute d'une ancienne blessure. Résultat, le joueur est encore en «stand -by» (le transfert a été bloqué temporairement), alors qu'il était présenté dans le point de presse du président du CA ! Mal conseillés La déferlante des intermédiaires n'aura pas permis d'assainir le marché des transferts. Nous voyons encore des transactions ratées, des joueurs qui atterrissent n'importe comment dans des clubs qui finissent par leur refuser les émoluments. Ce qui est remarquable encore, c'est que les dirigeants sont mal conseillés. Au lieu de cibler des transactions utiles et de détecter les joueurs dont ils ont vraiment besoin, ils préfèrent aller dans tous les sens. Des acquisitions qui exigent des moyens financiers élevés, c'est le scénario habituel. L'inflation dans les transferts est le fait marquant. On aime attiser les surenchères, on aime acheter au prix fort, quitte à s'endetter. Nous avons encore beaucoup à faire pour faciliter les transferts et surtout pour mettre fin à toutes ces fausses polémiques.