Entre l'immédiat et le court terme, le sélectionneur devrait défricher plus loin et peut-être bien assurer une "banque de données" plus large pour sortir, sait-on jamais, les bons joueurs au bon moment et au bon endroit... Quelles que soient les périodes et quelles que soient les exigences, on a toujours vu de bons, comme de mauvais matches. Sauf qu'à un moment donné, l'équipe de Tunisie, telle qu'elle tient aujourd'hui à se revendiquer, aurait besoin de plus d'engagement, d'esprit de jeu et de créativité. De tout temps, la confiance et la sérénité sont fondamentales pour toute équipe qui tient à s'imposer au-delà de ce qui lui est permis et indépendamment des contextes et des obligations. Il y a des scénarios devant lesquels il serait difficile de faire face. Mais prévoir serait mieux que guérir. La sélection peut des fois vaciller, douter comme, du reste, toute équipe de football dont les repères de jeu ne peuvent être éternels, mais elle se devait malgré tout de rester debout et ne pas sombrer dans un élan de manquement, comme ça été le cas devant le Botswana au premier match des éliminatoires de la CAN 2012. Au cours de ce match, elle donnait justement l'impression de ne pas pouvoir favoriser l'état d'esprit, le comportement et le rendement auxquels elle aspire réellement. Une défaillance qui ne semblait pas pour autant reproduire les priorités d'un ensemble qui, dans sa version actuelle, se construit à travers une nouvelle vocation. Celle qui correspond notamment aux dispositions d'une génération aux qualités certaines. La victoire au Tchad était essentiellement destinée à effacer la débâcle du Botswana. Il est cependant nécessaire que l'équipe parvienne enfin à installer son autorité fondée sur l'affirmation d'un tempérament et sur un capital confiance. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd'hui. Ce n'est pas d'ailleurs au niveau de la stratégie seulement qu'elle peut s'imposer. C'est aussi et surtout dans le domaine de l'improvisation, de la créativité et de l'imagination. C'est-à-dire dans le développement d'un football originel…C'est-à-dire pour offrir un jeu spectaculaire. Pour ce faire, le changement doit passer d'abord par les joueurs et par davantage de responsabilisation et d'engagement de leur part à l'égard de leurs performances et de leur devoir. Car l'avenir de l'équipe, c'est un jeu offensif fait de surprises, de risques et de sacrifices. Pour une fois et à quelques rares exceptions, les meilleurs joueurs de l'équipe actuelle ne viennent pas de l'étranger. Si nos clubs ne peuvent attirer de grandes stars, et ce n'est pas demain que la tendance va s'inverser, cela ne les empêche pas de révéler de jeunes talents, des joueurs capables à la fois de bien défendre, de bien relancer et de bien ressortir le ballon, mais aussi des joueurs décisifs qui font basculer les matches. Ce qui serait cependant aussi intéressant est que l'ossature de l'équipe soit composée de joueurs à profil offensif. Avant, la sélection, c'était souvent un condensé de défenseurs. Cela devrait donner des idées à Marchand. C'est en jouant que l'équipe pourrait aspirer à une bonne place africaine ; et c'est par le jeu qu'elle serait en mesure de se réhabiliter. Attention toutefois à ce que le souci légitime de jouer n'entraîne pas précipitation, maladresses et déséquilibre. Car tout cela n'a rien à voir avec le comportement "pied au plancher". Le jeu est dans l'intensité, dans la conclusion, dans l'accélération, dans le geste, dans la capacité de réaction, dans la vision globale. A quoi servirait-il de posséder la balle si on n'en a pas la maîtrise ? Pourquoi foncer si l'on ne sait pas dans quelle direction aller, ni même comment? Entre l'immédiat et le court terme, le sélectionneur devrait défricher plus loin et peut-être bien assurer une "banque de données" plus large pour sortir, sait-on jamais, les bons joueurs au bon moment et au bon endroit ...