Rares sont les propriétaires de véhicules dans le Grand-Tunis qui n'ont pas eu maille avec les sabots et les grues de remorquage. Les fourgons de la police municipale sillonnent la ville de 8h00 à 20h00 à la recherche d'une voiture mal garée ou ayant dépassé le délai de stationnement. Face au surbooking dans les parkings, les automobilistes sont contraints de stationner dans une zone interdite, mais à leur grande surprise, ils découvrent que leur voiture a disparu ou qu'une de ses roues porte le fameux sabot jaune. Pour récupérer leur caisse, ils doivent régler une contravention dont les tarifs ont augmenté depuis le début du mois de janvier 2016. Depuis le 2 janvier, la municipalité de Tunis a procédé à l'augmentation des tarifs. Désormais, les usagers doivent payer 0,6 DT pour le stationnement dans les parkings du quartier Lafayette, de la rue Abderrazek Chraibi et de la rue Mokhtar Attiya. 1,5 DT pour le stationnement dans les parkings municipaux et 0,7 DT, pour le stationnement dans les zones bleues. Par ailleurs, les tarifs du remorquage par grue et du sabot pour les voitures en stationnement interdit ont également changé. Désormais, les conducteurs en infraction paieront 15 DT pour le sabot et 35 DT pour la grue. Des tarifs injustifiés Les augmentations des tarifs de stationnement ainsi que des contraventions n'ont pas été évidemment appréciées par les usagers ce qui a fait réagir l'Organisation de défense du consommateur qui a appelé à la suppression de ces augmentations injustifiées selon elle ; d'autant plus qu'elles ne sont pas accompagnées de solutions notables, notamment la création de nouveaux parkings pouvant décongestionner les zones urbaines à forte concentration humaine. Face à la détérioration du transport public et privé, de nombreux Tunisiens recourent à leur voiture personnelle, comme solution, pour aller au travail, emmener les enfants à l'école et faire des courses, mais l'encombrement des centres urbains et le manque de parkings de stationnement rendent encore plus difficile l'utilisation de la voiture personnelle. Environ 30 mille véhicules par an s'ajoutent au parc existant ce qui est loin d'être compatible avec le nombre de parkings qui est de l'ordre de 19 dont le taux d'accueil ne dépasse pas les 10 mille places. Les zones bleues ne sont pas toujours disponibles ce qui contraint certains usagers à stationner dans des endroits interdits. Les services municipaux sont aux aguets et interceptent tous les automobilistes en infraction. La hausse des tarifs des sabots et des grues est une forme de pression pour dissuader les gens à garer n'importe où. Or, avec la détérioration du pouvoir d'achat, les citoyens estiment que ces augmentations sont excessives voire injustes. «Je suis furieux contre ces augmentations. Je n'ai pas encore payé le crédit d'achat de la voiture», rouspète Hatem. Des projets en veilleuse Cinq nouveaux projets de parkings n'ont pas vu le jour en raison du manque d'argent dû entre autres à la suspension en 2010 des sabots bloquant les roues des véhicules en stationnement interdit. Selon un des promoteurs de ces projets, l'abandon des sabots a diminué les recettes provenant de cette pratique ce qui a entravé entre autres la construction de nouveaux espaces de stationnement. «La construction d'un parking revient cher et n'est pas beaucoup rentable comme on a souvent tendance à le croire. Seuls les parkings intégrés dans un centre commercial comme celui de Lafayette peuvent prétendre à des entrées d'argent conséquentes», affirme notre interlocuteur. Il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande. La Ville de Tunis ne peut aller au-delà de 30 mille places de stationnement alors que le nombre de véhicules circulant dans le Grand-Tunis est de 60 mille par jour soit 50% seulement peuvent trouver une place de stationnement. Les nouveaux projets de parkings auront un taux d'accueil de 3.500 véhicules, ce qui pourrait désencombrer le stationnement en ville mais ne résout pas le problème de manière radicale puisque le nombre de véhicules augmente tous les ans.