Hier, dimanche, la situation générale du pays s'orientait vers l'accalmie après deux nuits mouvementées marquées par des centaines d'arrestations, qui pour des actes de pillage et de violence, qui pour non-respect du couvre-feu décrété vendredi dernier C'est le chargé de l'information au ministère de l'intérieur, Walid Louguini, qui a assuré hier que le pays s'oriente enfin vers la stabilité. Le bilan dont il fait acte est éloquent : environ 538 individus impliqués dans des actes de violence, de vandalisme et de pillage ont été interpellés dans différentes régions du pays et 300 autres pour infraction des dispositions du couvre-feu. Selon Louguini, le nombre de blessés parmi les sécuritaires s'élève à 113 depuis le déclenchement des mouvements de protestation. Manifestants infiltrés Rappelons que plusieurs régions ont connu ces derniers jours une vague de protestations sociales dont l'étincelle a été donnée à Kasserine suite au décès par électrocution d'un jeune chômeur, Ridha Yahyaoui, au cours d'une manifestation de contestation contre une liste portant les noms de 80 nouvelles recrues dans le ministère de l'Eduation. Ridha Yahyaoui et sept autres chômeurs de la région avaient été retirés de la liste dont l'élaboration a été supervisée par l'Union des diplômés du supérieur au chômage. Toutefois, ces manifestations régionales légitimes, de l'avis des pouvoirs publics, des partis politiques et des organisations de la société civile, ont vite tourné au cauchemar avec l'entrée en ligne des réseaux terroristes et mafieux qui ont tenté de mettre le pays à feu et à sang en s'attaquant aux forces de l'ordre qui ont perdu un des leurs à Fériana et en pillant et saccageant des établissements publics dont des postes de police et de la garde nationale ainsi que des biens privés, notamment commerciaux. Pour contenir la vague de violence qui commençait à prendre dangereusement de l'ampleur et après que des informations se soient confirmées quant à l'implication des ces réseaux mafieux et terroristes, les autorités ont décrété le couvre-feu, vendredi dernier, de 20 heures à 5 heures du matin. Non-respect du couvre-feu Les forces de l'ordre qui ont fait preuve de retenue et de maîtrise de la situation sécuritaire malgré la violence des accrochages avec certains des manifestations, ont continué à faire face à des récalcitrants et des malfrats malintentionnés au cours des deux premières nuits du couvre-feu. Vendredi soir, alors que les Tunisiens s'empressaient de rejoindre leurs foyers avant 20 heures, c'est surtout à la cité Ettadhamen, dans le Grand-Tunis, que les forces sécuritaires ont eu à affronter des tentatives de pillage et le blocage de certaines rues par des pneus en feu. Le même scénario s'est répété samedi soir, notamment à Médenine où les unités relevant du district de la sécurité nationale ont arrêté, au cours de la période du couvre-feu, 15 personnes dont 7 d'entre elles ont essayé de voler, saccager des propriétés publiques et privées. Les huit autres personnes ont enfreint le couvre-feu. Ainsi, 20 personnes ont été arrêtées depuis l'instauration du couvre-feu. La même nuit de samedi dernier, dans le gouvernorat de Zaghouan, les forces sécuritaires ont arrêté six individus à El Fahs qui ont coupé l'électricité alimentant toute la ville avant de mener des actes de vandalisme et de pillage. «Les forces sécuritaires déployées dans les différentes zones du gouvernorat de Zaghouan ont réussi, après plus d'une heure d'affrontement, en coordination avec les forces militaires, à mettre en échec cette tentative», a indiqué une source sécuritaire au correspondant de la TAP dans la région. Appel aux familles Même topo du côté de Gabès où la situation sécuritaire a été tout de même plus facilement maîtrisable, selon une source au district de la sûreté nationale qui n'a pas manqué de rappeler, au correspondant de la TAP, le devoir des familles de surveiller leurs enfants et de les dissuader d'enfreindre le couvre-feu. A Gabès, les forces sécuritaires ont été mobilisées dans différentes zones dont la cité El Manar, Tebelbou à Gabès-Sud, et Chenini pour disperser des groupes de jeunes qui ont mis le feu à des pneus au niveau des artères de la ville. Quatorze jeunes ont été mis en garde à vue durant cette nuit de samedi à dimanche», selon une source sécuritaire. Les forces de la garde nationale à la nouvelle Matmata ont, quant à elles, arrêté 10 jeunes pour infraction au couvre-feu en plus de deux contrebandiers. Aujourd'hui, le chef du gouvernement entame une nouvelle série de réunions avec les chefs des partis politiques y compris de l'opposition représentés dans l'ARP et les représentants des organisations nationales afin d'identifier les solutions adéquates au problème du chômage et du développement régional. Un signal pour les centaines de milliers de chômeurs qui sont appelés à faire preuve encore de patience jusqu'à la fin de ces négociations de la dernière chance.